Des algues au menu : bonne ou mauvaise idée santé ?

Par |Publié le : 16 octobre 2018|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

Si les Asiatiques consomment quotidiennement des algues depuis la nuit des temps, manger des algues restait jusque-là marginal dans les pays occidentaux. Faisant facilement figure d’aliment santé, ces végétaux originaux s’introduisent peu à peu dans les menus d’un nombre croissant de Français. Cette nouvelle habitude alimentaire est-elle sans danger pour la santé ? Cette question vient d’être abordée dans une récente étude publiée dans la revue scientifique Food Control.

Des algues

Des antioxydants … mais aussi des métaux lourds

Manger des algues devient une habitude pour de plus en plus d’occidentaux. Pauvres en calories et en lipides, riches en fibres et en protéines, elles sont dotées d’un profil nutritionnel intéressant. De plus, elles renferment en quantité notable des vitamines, des sels minéraux, mais aussi des substances anti-oxydantes, comme des polyphénols.

Avec de telles caractéristiques, elles sont de bonnes candidates pour une alimentation saine et équilibrée. Mais en consommer tous les jours est-il sans risques pour la santé ? En effet, qu’elles soient prélevées dans le milieu naturel ou qu’elles soient cultivées dans des fermes marines, sont capables d’accumuler les métaux lourds présents dans l’eau de mer. Or, les métaux lourds peuvent être toxiques pour l’Homme au-delà de certaines concentrations.

Les algues alimentaires représentent-elles un risque pour la santé, en raison de leur teneur en métaux lourds ? Des équipes de recherche françaises et norvégiennes se sont penchées sur cette question.

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Algue brune, rouge ou verte ?

Dans une récente étude, ces chercheurs ont analysé en 2015 et 2016 la composition de trois espèces d’algues alimentaires, récoltées dans différents sites naturels et lieux de culture du Nord-Est de l’Océan Atlantique :

  • Saccharina latissima, une espèce de laminaire (algue brune) ;
  • Alaria esculenta, une autre algue brune ;
  • Palmaria palmata, une algue rouge connue également sous le nom de Dulse.

Les métaux lourds recherchés étaient l’arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure. Les valeurs obtenues ont ensuite été comparées avec les valeurs seuils tolérées dans les recommandations des autorités sanitaires françaises.

Les teneurs en polyphénols (substances reconnues pour leurs propriétés anti-oxydantes) étaient les plus élevées pour l’algue brune Alaria esculenta, récoltée en automne et en hiver. Pour les métaux lourds, l’algue rouge Palmaria palmata présentait la concentration la plus faible en arsenic, tandis que l’algue brune Alaria esculenta était la plus concentrée en plomb et en cadmium. Le mercure était présent en quantités équivalentes dans les trois algues.

Par ailleurs, les concentrations en métaux lourds dépendaient du site de collecte des algues, mais pas de la saison. Globalement, les concentrations observées se situaient :

  • Pour l’arsenic, entre 12 et 40 % des valeurs seuils tolérées ;
  • Pour le mercure, entre 33 et 63 % ;
  • Pour le plomb, entre 3 et 5 % ;
  • Pour le cadmium, entre 120 et 315 %.

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Attention au cadmium et à l’iode contenus dans les algues

Ces résultats montrent qu’elles contiennent des quantités de métaux lourds inférieures aux valeurs seuils tolérées par les autorités sanitaires, hormis dans le cas du cadmium. En supposant une consommation quotidienne d’algues de 5,2 g d’algue sèche – soit la quantité mangée chaque jour par les Chinois -, la quantité totale de métaux lourds ne représenterait pas un risque pour la santé.

Les algues, dont la composition nutritionnelle et la quantité en polyphénols sont intéressantes, peuvent ainsi être consommées sans danger, même quotidiennement. Toutefois, en dehors de leurs teneurs en métaux lourds, les algues peuvent être associées à d’autres risques pour la santé :

  • Un risque infectieux, si elles ne sont pas prélevées ou cultivées dans des eaux propres. Il est préférable de consommer des algues cultivées par des professionnels dans des fermes marines, dont la qualité des eaux est contrôlée régulièrement.
  • Un excès d’apport en iode, car elles sont très riches en iode. La consommation d’algues, en particulier d’algues brunes comme les laminaires, doit rester modérée et ponctuelle. Les personnes présentant des troubles thyroïdiens ne doivent pas en consommer.

Quelques algues peuvent ainsi donner une touche iodée d’originalité au menu, avec un apport intéressant en antioxydants naturels. Une bonne idée santé, à condition de respecter quelques précautions et de les consommer avec modération !

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Variations in polyphenol and heavy metal contents of wild-harvested andcultivated seaweed bulk biomass: Health risk assessment and implication forfood applications. Roleda MY and al. 2019. Food Control 95:121-134.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.