Allaitement : où en est-on en France ?
Les campagnes de promotion de l’ allaitement maternel ne cessent de vanter les mérites de ce mode d’alimentation, bénéfique à la fois pour la santé des femmes et de leurs bébés. Les premiers résultats de l’étude ELFE montrent une augmentation de l’ allaitement en France, même si des progrès restent à faire pour atteindre les objectifs fixés par les autorités de santé.
L’étude ELFE et l’ allaitement
En 2011, l’Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE) a été lancée pour suivre un échantillon représentatif de la population tout au long de son existence. Pas moins de 18 000 enfants, nés dans 320 maternités, constituent cet échantillon et sont suivis depuis leur naissance. En mars 2017, les premiers résultats de cette vaste étude ont été publiés et portent entre autres sur l’ allaitement et l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants.
Le lait maternel est l’aliment idéal des bébés, puisqu’il couvre intégralement et en permanence les besoins nutritionnels spécifiques de chaque nourrisson pendant les six premiers mois de sa vie. Sa composition s’adapte ainsi au cours de la tétée et évolue au fil des mois.
L’ allaitement maternel est bénéfique pour la santé à la fois de la mère et de l’enfant :
- Pour la mère, il favorise les contractions utérines facilitant ainsi la récupération de l’appareil génital féminin après l’accouchement, il diminue les risques de certains cancers (sein, ovaire) et il pourrait également réduire le risque d’ostéoporose.
- Pour l’enfant, il facilite la digestion, limitant parallèlement les problèmes de coliques du nourrisson, il protège des infections grâce aux anticorps maternels, il protège contre les allergies et il prévient le risque d’obésité durant l’enfance et l’adolescence.
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Vers 6 mois d’ allaitement exclusif ?
Les résultats de l’étude indiquent que 70 % des bébés ont été nourris au sein au moment de leur naissance (59 % de manière exclusive et 11 % avec un complément au biberon), contre 37 % en 1972 et 53 % en 1998. Ce résultat témoigne de l’efficacité des campagnes de promotion de l’ allaitement maternel. Mais le taux d’ allaitement chute très rapidement après la sortie de la maternité : 38 % des nourrissons sont encore allaités à quatre mois, 19 % à six mois et 5,3 % à un an. La durée moyenne d’allaitement en France est ainsi de 17 semaines (7 semaines en exclusif), contre 8 à 13 semaines dans les années 90. Un net progrès, mais la France reste loin des objectifs fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé, qui recommande 6 mois d’ allaitement exclusif (environ 26 semaines).
A savoir ! L’ allaitement exclusif concerne les nourrissons qui sont nourris uniquement par du lait maternel, sans aucune autre boisson (même l’eau) ou aliment. L’ allaitement mixte est une alimentation basée sur du lait maternel complété par des biberons de lait infantile.
Quels sont les facteurs qui conditionnent l’ allaitement maternel ? Les femmes reconnaissent en moyenne qu’elles arrêtent d’allaiter 8 semaines avant la reprise du travail. Mais d’autres situations entrent en ligne de compte et favorisent ce mode d’alimentation des nourrissons :
- Un âge maternel supérieur à 30 ans ;
- Les femmes de corpulence normale ;
- Le fait d’être mariés ;
- Des catégories socio-professionnelles plus élevées ;
- Les femmes nées à l’étranger ;
- Le fait d’assister aux séances de préparation à la naissance ;
- L’implication paternelle ;
- La possibilité de prendre un congé parental.
Pour améliorer les chiffres de l’ allaitement, les chercheurs proposent d’impliquer davantage les pères et d’inciter plus de femmes à participer aux séances de préparation à la naissance, qui sont intégralement prises en charge par l’Assurance Maladie. En 2011, seules 30 % des femmes ouvrières y ont assisté, contre 73 % chez les cadres. Ces séances constituent une occasion privilégiée d’expliquer l’ allaitement maternel et ses bienfaits, à la fois pour la mère et pour l’enfant.
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Et la diversification alimentaire ?
Parallèlement à l’ allaitement, les chercheurs se sont intéressés au début de l’alimentation solide des nourrissons. Le Programme National Nutrition Santé recommande un début de la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Un objectif respecté puisqu’en moyenne, l’alimentation solide est introduite en France à 5,2 mois. Il faut cependant noter que 26 % des nourrissons consomment des aliments autres que du lait avant l’âge de 4 mois et que 2 % boivent du lait de vache ou des laits végétaux avant l’âge de 1 an. Ces comportements sont généralement observés chez les parents jeunes et chez les femmes fumeuses. Les chercheurs soulignent que ces aliments ne sont pas du tout adaptés à l’alimentation des nourrissons.
D’autres résultats de l’étude ELFE ont été présentés et d’autres sont à venir. Ils portent en particulier sur la participation des parents à l’éducation de l’enfant, sur l’exposition des nourrissons et des jeunes enfants aux polluants de toutes origines, ou encore sur la manière dont les parents se préparent à la naissance de leur enfant, en demandant ou non à connaître son sexe.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
Sources :
Le guide de l’allaitement maternel. INPES. Octobre 2009.
Durée de l’allaitement en France selon les caractéristiques des parents et de la naissance. Résultats de l’étude ELFE 2011. Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°29. 22 septembre 2015.
Premiers résultats. Etude ELFE. Consulté le 15 mars 2017.
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