Contre l’allergie à l’arachide, des cacahuètes au menu de bébé ?!

Par |Publié le : 27 janvier 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|5 min de lecture|

Cacahuète allergie arachide

L’allergie à l’arachide est l’une des plus dangereuses et touche de plus en plus d’enfants et d’adultes à travers le monde. Retarder l’introduction de la cacahuète constituait la recommandation phare, jusqu’à récemment. Les autorités de santé américaines préconisent désormais d’inclure l’arachide dans l’alimentation dès le début de la diversification alimentaire.

L’allergie à l’ arachide

En dehors des cacahuètes grillées ou non, l’arachide est présente dans de nombreux produits alimentaires, salés ou sucrés, sous différentes formes :

  • Huile d’arachide ;
  • Beurre de cacahuète, très consommé dans les pays anglo-saxons ;
  • Additif alimentaire (l’arachide est pressée, désaromatisée puis aromatisée pour ressembler à d’autres noix).

L’allergie à l’arachide est provoquée par certaines de ses protéines. Même une très faible dose est susceptible de déclencher une réaction allergique (de l’ordre de 100 µg). De plus, des allergies croisées entre la cacahuète et d’autres aliments sont fréquentes (amandes, noix de cajou, pistaches, noix du Brésil, noisettes, légumes secs). L’arachide est ainsi l’un des allergènes les plus dangereux, car les symptômes provoqués sont généralement graves, avec des chocs anaphylactiques et des œdèmes de Quincke fréquents.

A savoir ! Le choc anaphylactique est une réaction allergique exacerbée et généralisée à l’ensemble du corps. Il s’agit d’une urgence vitale absolue, car le pronostic vital est engagé. L’œdème de Quincke est une réaction allergique qui se manifeste par un gonflement rapide de la peau et des muqueuses, principalement de la tête et du cou. Il entraîne des difficultés respiratoires, qui nécessitent une intervention médicale en urgence.

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Un problème majeur de santé publique

L’allergie à l’arachide est en constante augmentation depuis plusieurs décennies et touche les enfants de plus en plus tôt. Plusieurs hypothèses circulent pour expliquer ce phénomène : l’enfant serait sensibilisé in utero en cas de consommation de cacahuètes au cours de la grossesse ou lors de l’utilisation de crèmes anti-crevasses à base d’arachide pendant l’allaitement. L’exposition à cet allergène serait également fréquente et importante, à travers les produits de l’industrie agroalimentaire. La présence de traces de cacahuètes n’est pas systématiquement mentionnée sur les étiquettes, même si la réglementation progresse actuellement en ce sens.

Pour les personnes allergiques, le seul traitement possible est d’éliminer tout aliment contenant même des doses infimes d’arachide. En pratique, ces personnes sont généralement contraintes de supprimer de leur alimentation tout produit alimentaire d’origine industrielle, car la plupart sont susceptibles de contenir des traces de cacahuètes. Face à l’augmentation de ce problème de santé publique, les autorités de santé recommandaient aux femmes enceintes de ne pas consommer d’aliments à base d’arachide durant la grossesse et aux parents de retarder au maximum l’exposition des enfants à cet allergène. De nouvelles études viennent cependant remettre en cause ces recommandations.

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De nouvelles recommandations des autorités américaines

Plusieurs études menées par les autorités sanitaires américaines sur 600 enfants ont conduit à la formulation de nouvelles recommandations concernant l’arachide. Chez les enfants à risque élevé d’allergie, l’introduction de la cacahuète entre l’âge de 4 mois et 5 ans réduirait le taux d’allergie de 81 % par rapport à ceux n’en ayant jamais consommé.

Les autorités américaines ont émis trois recommandations en fonction du niveau de risque de développer une allergie à la cacahuète :

  • Pour les enfants à risque élevé (présentant un eczéma sévère et/ou une allergie à l’œuf), une introduction de la cacahuète entre 4 et 6 mois. Des tests d’allergie peuvent être effectués au préalable.
  • Pour les enfants à risque modéré (eczéma léger ou modéré), une introduction de l’arachide vers l’âge de 6 mois.
  • Pour les enfants à risque faible (sans allergie connue, ni eczéma), une introduction à n’importe quel âge.

L’introduction d’aliments contenants de la cacahuète doit dans tous les cas intervenir après le début de la diversification alimentaire (début d’une alimentation solide).

Attention ! Il ne faut pas donner de cacahuètes aux enfants de moins de 6 ans, en raison d’un risque important et grave de fausse route. L’introduction de l’arachide avant cet âge repose sur la consommation d’aliments en contenant sous forme d’huile, d’additif alimentaire ou de beurre de cacahuète.

Les experts américains espèrent, grâce à ces nouvelles recommandations réduire la fréquence de l’allergie à l’arachide dans les années qui viennent. A ce jour, les autorités françaises et européennes n’ont pas encore pris position par rapport à ces nouvelles préconisations.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources : 

National Institute of Allergy and Infectious Diseases.  NIH Sponsored Expert Panel Issues Clinical Guidelines to Prevent Peanut Allergy. 5 janvier 2017.

Togias, A. et al. Addendum guidelines for the prevention of peanut allergy in the United States: Report of the National Institute of Allergy and Infectious Diseases sponsored expert panel. 2017. Journal of Allergy and Clinical Immunology DOI: 10.1016/j.jaci.2016.10.010.

Programme National Nutrition Santé. Allergies alimentaires : Connaissances, clinique et prévention. Janvier 2004.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.