L’Anses lève le voile sur les purificateurs d’air !

Par |Publié le : 5 novembre 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|5 min de lecture|

Sujet d’actualité préoccupant, la pollution de l’air s’invite dans nos intérieurs bien plus encrassés qu’on ne le croit. Dans ce contexte, l’utilisation d’un purificateur d’air intérieur se démocratise de plus en plus. Mais sont-ils vraiment efficaces, et surtout sans risque pour la santé ? La vigilance semble de rigueur selon le dernier rapport de l’Anses.

Purificateurs d'air

Qu’est-ce qu’un purificateur d’air ?

Le purificateur d’air, également appelé épurateur d’air, désigne un appareil d’intérieur chargé de filtrer l’air domestique. Son objectif est triple :

  • Supprimer la pollution ;
  • Améliorer la qualité de l’air ;
  • Purifier l’air intérieur.

Cet appareil vise avant tout à limiter la propagation de substances nocives ou allergisantes. Il prévient donc la survenue de pathologies telles que l’asthme ou d’allergies liées à la qualité de l’air chez les personnes à risque (enfants, personnes âgées, personnes sensibles…).

A savoir ! Le purificateur d’air peut également être utilisé en prévention chez des personnes ne présentant pas de sensibilité particulière afin de protéger leur santé et leur entourage.

La pollution de l’air intérieur, un sujet de santé publique

Sujet d’actualité de plus en plus préoccupant, la pollution de l’air s’invite dans nos intérieurs citadins. L’environnement intérieur expose à de nombreux agents physiques et contaminants chimiques ou microbiologiques. Les conséquences sur la santé sont variables selon la nature des polluants, les caractéristiques des expositions, etc…

Le marché des purificateurs d’air s’est ainsi considérablement développé ces dernières années. Il propose des solutions diverses sous forme d’appareils autonomes voire carrément de matériaux de construction ou de décoration à l’action dépolluante. Destinées à l’ensemble de la population, ces solutions peuvent cibler particulièrement les sujets sensibles ou allergiques.

Dans ce contexte, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a souhaité évalué l’efficacité et l’innocuité de ces produits qui n’ont jusqu’à présent fait l’objet d’aucune investigation. Une vaste étude a été menée afin d’évaluer l’impact de l’utilisation de ces dispositifs sur la qualité de l’air. L’objectif affiché était double :

  • Analyser les polluants effectivement traités
  • Identifier les polluants potentiellement émis par ces dispositifs

Plus de 500 dispositifs employant des techniques d’épuration multiples ont ainsi été passés au peigne fin. Il s’agit majoritairement d’épurateurs d’air autonomes (64 %) et de sprays assainissant naturels ou de synthèse qui dominent les parts de marché.

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Une efficacité et une innocuité non démontrées

Au terme de cette étude, l’Anses conclut que les données scientifiques récoltées ne permettent pas de démontrer l’efficacité et l’innocuité des purificateurs d’air intérieur en conditions réelles d’utilisation.

L’Anses attire notamment l’attention sur les sprays aux propriétés biocides. En effet, ils émettent des  composés organiques volatils (COV), naturels ou de synthèse, dont certains peuvent avoir « potentiellement des effets nocifs sur la santé ».

Le rapport d’étude insiste sur le fait que la population doit être informée des risques potentiels d’une dégradation de la qualité de l’air intérieur lors de l’utilisation de certains dispositifs d’épuration. La dégradation de composés odorants peut effectivement générer la formation de sous-produits non-odorants, parfois plus nocifs que les composés initiaux.

Par ailleurs, plusieurs questions restent en suspens. Notamment, l’émission de nanoparticules dont les données scientifiques sont aujourd’hui insuffisantes. Egalement, l’impact sanitaire lié à l’utilisation d’huiles essentielles retrouvées dans divers produits de consommation courante.

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Des recommandations de vigilance

L’Anses insiste sur la mise en garde des sujets asthmatiques car l’utilisation de tels dispositifs peut entraîner une possible aggravation de leur pathologie. Sont concernés en premier lieu les dispositifs utilisant des huiles essentielles et les dispositifs pouvant générer de l’ozone.

Le rapport conclut sur la nécessité de mettre en place une procédure de certification ainsi qu’une meilleure communication auprès du grand public. La priorité étant de l’informer sur l’importance de respecter les instructions d’entretien des dispositifs d’épuration, dans le but de limiter les risques d’émission de sous-produits.

Prochaine étape : évaluer en conditions réelles l’impact de l’utilisation des purificateurs d’air sur la qualité de l’air intérieur pour s’assurer de leur innocuité sur la santé des utilisateurs, en particulier les sujets allergiques et/ou asthmatiques.

D’ici là, on ne saurait que trop rappeler qu’une bonne qualité d’air intérieur passe avant tout par une ventilation et une aération correctes des pièces ainsi que par la chasse à toutes les sources de pollution potentielles. A vos chiffons !

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Purificateurs d’air : les doutes de l’Anses sur leur innocuité. M. Ammouche. Egora. Le 21 octobre 2017.  
– Identification et analyse des différentes techniques d’épuration d’air intérieur émergentes. Rapport d’expertise collective Anses. Septembre 2017.

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Deborah L.
Pharmacienne. Spécialisée dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la cosmétologie. Passionnée par l'écriture, elle sait allier la rigueur scientifique à la beauté de notre langue. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.