Nouvel antidouleur : le venin de serpent corail bleu
Bien que venimeux et mortel, le serpent corail bleu pourrait contribuer à l’élaboration d’un nouvel antidouleur. C’est en tout cas ce que suggère une étude récente réalisée sur son venin. Des chercheurs australiens sont en effet parvenus à isoler une toxine qui pourrait agir sur la transmission de la douleur. Explications sur cette découverte étonnante.
Le serpent corail bleu, reptile redouté pour un antidouleur redoutable ?
Peu étudié jusqu’à ce jour, le serpent corail bleu (Calliophis bivirgata) n’est pas n’importe quel serpent. Il est présenté comme l’un des plus beaux spécimens au monde mais aussi comme l’un des reptiles les plus dangereux. Originaire d’Asie du Sud-Est, il est reconnaissable par sa couleur bleue électrique, ainsi que par sa tête et sa queue au rouge flamboyant. Malgré son bel apparat, ce serpent nocturne est un prédateur redoutable en raison de son venin toxique aux propriétés bien particulières. C’est précisément ce venin qui a intéressé le professeur Bryan Fry et son équipe de chercheurs de l’Université de Queensland en Australie. Les résultats de leurs travaux sont pour le moins surprenants : ce venin pourrait avoir des applications thérapeutiques chez l’Homme.
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L’explication ? Un venin aux effets insoupçonnés
Si le serpent corail bleu est redouté chez l’Homme, il est également surnommé le « tueur des tueurs » car il se nourrit d’autres espèces de serpents venimeux comme le cobra. Il doit sa force à son venin qui est sécrété par des glandes couvrant plus de 25% de son corps. « Le serpent corail bleu a les glandes de venin les plus grandes au monde » précise le professeur Bryan Fry lors d’une interview pour l’Université de Queensland. Le chercheur ajoute ensuite : « Ce venin ne tue pas immédiatement. Au lieu de cela, il agit sur tous les nerfs de la proie ». C’est pourquoi le venin du serpent corail bleu est très différent des autres venins de serpents qui agissent comme un sédatif. En entraînant une contraction des muscles, ce venin s’apparente plutôt aux venins des scorpions ou des anémones de mer. En d’autres termes, cela signifie que le venin de serpent corail bleu ne provoque pas une paralysie flasque comme la plupart des serpents venimeux, mais induit plutôt une paralysie spastique.
À savoir ! Contrairement à une paralysie flasque, une paralysie spastique est caractérisée par l’apparition de spasmes et une contraction de l’ensemble des muscles. Ce type de paralysie est dû à un choc au niveau du système nerveux.
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La calliotoxine, une piste pour l’élaboration d’un nouvel antidouleur
Dans leurs conclusions parues dans la revue Toxins, les chercheurs australiens se sont intéressés à la composition du venin du serpent corail bleu. D’après leurs recherches, la paralysie spastique serait provoquée par une toxine : la calliotoxine. Celle-ci agirait sur le système nerveux en interférant sur l’activité des canaux sodiques voltage-dépendants, aussi connus comme les canaux sodium qui sont de petits pores au sein des membranes cellulaires permettant le transport des ions. En suractivant ces derniers, la calliotoxine présente dans le venin provoque une paralysie généralisée de l’organisme avec la contraction forcée des muscles.
Grâce à la découverte de la calliotoxine, les chercheurs pourraient avoir trouvé une piste intéressante pour limiter ou supprimer la douleur. Le professeur Bryan Fry conclut en effet que « ce venin cible un type particulier de canal sodium qui est important pour le traitement de la douleur chez les humains ». Si plusieurs types de canaux sodium existent, ces derniers sont connus pour leur rôle dans la conduction des messages nerveux et la transmission de la douleur.
L’étude approfondie de la calliotoxine pourrait ainsi permettre de mieux comprendre les mécanismes de la douleur et conduire à l’élaboration de nouveaux traitements contre la douleur.
À savoir ! Parmi les traitements actuels contre la douleur, on distingue les antalgiques et les analgésiquesqui sont souvent confondus. Si les antalgiques sont destinés à limiter la douleur, les analgésiques sont quant à eux prescrits pour supprimer la douleur lorsque celle-ci est très intense.
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Pierre M., Journaliste scientifique
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