Arythmie cardiaque et risque de démence

Par |Publié le : 27 septembre 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

Quand le fonctionnement du cœur va mal, notre cerveau peut aussi être mis à rude épreuve. Afin de montrer ce lien, des chercheurs ont analysé des données médicales de volontaires britanniques suivis pendant 30 ans. Retour sur une étude porteuse d’espoir pour prévenir le déclin cognitif et la démence.

arythmie et démence

La fibrillation auriculaire : qu’est-ce que c’est ?

Lorsqu’une personne souffre de fibrillation auriculaire, la forme d’arythmie cardiaque la plus courante, ses oreillettes cardiaques ont perdu la capacité de se contracter de manière synchronisée. Des palpitations, des sensations d’angoisse, d’oppression, de fatigue et d’essoufflement sont les principaux symptômes rencontrés.

Son traitement précoce est d’ailleurs rendu très difficile par le fait que dans 15 à 35% des cas, le patient ne présente pas de symptômes pendant plusieurs années.

Le ventricule cardiaque compense momentanément ce déficit contractile mais, sur le long terme c’est une insuffisance cardiaque qui se met progressivement en place.

La fibrillation auriculaire est donc qualifiée comme étant une maladie progressive, touchant 10 à 20% des personnes de plus de 80 ans en France et entraînant des attaques cérébrales et des insuffisances cardiaques.

Les causes de sa survenue sont multiples, dont :

  • La présence d’une maladie cardiaque préexistante ;
  • L’hypertension artérielle ;
  • L’alcoolisme ;
  • Une maladie thyroïdienne.

La principale conséquence de la fibrillation auriculaire est la multiplication par cinq du risque d’attaque cérébrale.

En effet, en favorisant la formation de caillots, la fibrillation auriculaire favorise l’accident vasculaire cérébral (AVC) graves avec un taux de récidive supérieur aux autres causes provoquant des attaques cérébrales.

Cependant, avant la survenue d’un AVC, dans quelles mesures cette arythmie cardiaque entraîne-t-elle un dysfonctionnement cognitif ?

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Une étude porteuse d’espoir pour prévenir le déclin cognitif

Pour mener à bien cette étude, une équipe de chercheurs franco-britannique de l’hôpital Paul Brousse de Villejuif et de l’université College London ont utilisé les données médicales de 7 428 participants, dont 414 souffraient de fibrillation auriculaire.

A savoir ! L’ensemble de ces données est issu d’une étude épidémiologique, nommée WhiteHall II, qui comprend 10 308 fonctionnaires britanniques de la région de Londres suivis entre 1985 et 2013.  Les participants, dont 67% sont des hommes âgés de 45 à 70 ans sont suivis par des examens cliniques (électrocardiogramme, tension artérielle, dosage sanguin, tests psychomoteurs etc.) programmés tous les 4 ans.  Ce suivi a pour but d’étudier les déterminants du vieillissement. 

En 1997, date des premiers tests cognitifs, les 7 428 patients étaient âgés de 45 à 69 ans.

Jusqu’en 2013, ces volontaires ont réalisé à 4 reprises des tests cognitifs permettant d’évaluer :

  • La mémoire ;
  • Le raisonnement spatial ;
  • La fluidité de leur expression verbale.

Après l’analyse des données, quelles sont les observations les plus intéressantes ?

Comparativement aux participants n’ayant pas d’arythmie cardiaque, ceux souffrant de fibrillation auriculaire depuis 5, 10 ou 15 ans, présentent un déclin cognitif plus rapide.

La même association est retrouvée pour le risque de survenue d’une démence. Indépendamment de l’âge, les personnes souffrant de fibrillation auriculaire, ont un risque de démence multiplié par deux.

Autres résultats intéressants : plus le temps vécu avec l’arythmie cardiaque est long, plus le risque d’accélérer le déclin cognitif ou de développer une démence est important.

Pour les chercheurs, c’est le faible approvisionnement en oxygène des cellules cérébrales sur une longue période qui explique ce lien de cause à effet.

« Savoir que la fibrillation auriculaire est un facteur de risque de démence montre l’importance de son traitement pour la prévention du déclin cognitif et de la démence », souligne, dans un communiqué de presse de l’INSERM, Archana Singh-Manoux, auteur de l’étude et chercheuse à l’université Paris-Saclay.

Prochaine étape ? Montrer le lien éventuel entre la fibrillation auriculaire et l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

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Julie, P

Sources
– Atrial fibrillation as a risk factor for cognitive decline and dementia. academic.oup.com.
– La fibrillation auriculaire. swissheart.ch.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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