Brûlures d’estomac : médicaments et risques rénaux

Par |Publié le : 8 mars 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

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Maux d’estomac, difficulté à avaler, nausées, sont les symptômes caractéristiques des brûlures d’estomac. Différents facteurs peuvent être associés à leur développement, notamment une surproduction de sucs gastriques, une pression exercée sur l’estomac trop importante due à un excès de poids, la consommation de certains aliments ou de tabac, etc. Des solutions existent pour contrer ces symptômes. Parmi elles, sont largement utilisés : les inhibiteurs de pompe à protons et les antihistaminiques deuxième génération, mais, quels sont les risques ?

Médicaments contre les brûlures d’estomac : vraiment efficaces ?

Deux études scientifiques, présentées dans le cadre de la semaine des pathologies rénales de 2016, à Chicago, ont démontré que certains médicaments largement utilisés dans le traitement des brûlures d’estomac, pouvaient avoir des effets néfastes pour les reins.

Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ainsi que les antihistaminiques 2 (anti-H2), sont deux classes thérapeutiques communément utilisés dans la réduction de l’acidité gastrique. Afin de déterminer si ces substances auraient un impact dans le développement de calculs rénaux (cristaux se formant au niveau des reins), une équipe de chercheurs a étudié les informations issues de 187 330 participants. Ces derniers ne présentant, initialement, aucuns calculs rénaux.

A savoir ! La pompe à protons est un transporteur situé au niveau de la membrane de l’estomac,  permettant la régulation de l’acidité (pH) de l’estomac. Les inhibiteurs de la pompe à protons bloquent ce transporteur afin de stopper l’entrée des ions H+ responsables de l’acidité. L’action des antihistaminiques 2 (anti-H2) est simple. Elle repose sur le fait que ces médicaments vont aller se fixer sur les récepteurs H2 à la place de la substance d’origine. Ainsi, l’action de cette substance est stoppée, et remplacée par celle du médicament. Celui-ci n’ayant aucune action particulière mis à part occuper le récepteur pour que la substance active ne puisse s’y loger, l’acidité gastrique diminue. 

Le suivi des participants s’est effectué sur 12 ans pour les inhibiteurs de pompe à protons et sur 26 ans pour les antihistaminique 2. En tout, 3 245 individus ont développé des calculs rénaux. Des facteurs individuels et environnementaux ont cependant été pris en compte, dont : l’âge, le sexe, l’indice de masse corporel (IMC), l’activité physique, la prise d’autres médicaments, etc.

Résultat : le risque de développer des calculs rénaux s’élève à 12 % suite à la prise d’inhibiteur de pompe à protons et 13 % suite à une prescription d’antihistaminiques 2. Ce pourcentage s’ajoute alors aux 3 millions de patients présentant des calculs rénaux, en France.

De plus, certains patients développant des calculs rénaux, causés par la prise d’inhibiteurs de la pompe à protons, présentaient dans leurs urines, certains oligo-éléments, tels que le calcium, l’oxalate, le citrate et le magnésium, caractéristiques d’une anomalie rénale.

A savoir ! Le calcium, l’oxalate, le citrate et le magnésium sont des oligo-éléments (éléments en petite quantité), présents dans l’organisme et apportés par l’alimentation.

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Quels risques ?

Une autre étude, s’est penchée sur le lien entre la prescription d’inhibiteurs de pompe à protons et d’antihistaminiques 2, et le développement de maladie rénales chroniques (pathologie se développant sur plus de 3 mois). L’analyse s’est effectuée sur un échantillon de 152 157 individus, utilisant ces mêmes substances médicamenteuses. Le risque de développer des pathologies rénales chroniques se voyait augmenter, par la prise d’inhibiteurs de pompe à protons et d’antihistaminiques 2, de 30 % et de 50 %, respectivement.

En conclusion de ces études, les patients soignés par des inhibiteurs de pompe à protons ainsi que par des antihistaminiques 2, dans le cadre de brûlures d’estomac, se verraient exposés à un risque accru de développer de pathologies rénales (calculs rénaux et maladies chroniques rénales). Il serait alors intéressant, pour les scientifiques, de se pencher sur la recherche de nouvelles solutions thérapeutiques, permettant de calmer les brûlures d’estomac, tout en limitant les effets adverses.

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Delphine W., Ergonome spécialisé en Santé au Travail


Sources :
Reflux and ulcer medications linked to kidney stones and chronic kidney disease. American society of néphrologie. Eurekalert. Publié le 18 novembre 2016.

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Delphine W.
Étudiante ergonome spécialisée en santé au travail. Spécialiste dans la santé, le bien-être et l’adaptation de l’environnement de travail à l’Homme. Passionnée par le sport, intéressée par la cuisine et captivée par l’écriture. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.