Les patients cancéreux ont un risque accru de zona
Près de 400 000 nouveaux cas de cancers sont recensés chaque année en France, toutes tumeurs confondues. Parmi les pathologies qui peuvent être associées aux cancers, figure le zona, la réactivation dans l’organisme du virus de la varicelle. Des chercheurs australiens se sont récemment penchés sur les circonstances qui exposent le plus les patients cancéreux au risque de développer cette infection.
De la varicelle au zona
Le zona correspond à la réactivation du virus de la varicelle, qui survient généralement de nombreuses années après l’épisode de varicelle. En effet, une fois la varicelle guérie, le virus responsable n’est pas totalement éliminé de l’organisme. Il reste présent dans un état de dormance au niveau des racines nerveuses des ganglions nerveux.
Tous les adultes, ayant eu enfant la varicelle, peuvent présenter un zona au cours de leur vie. L’infection survient le plus souvent après l’âge de 50 ans. Mais certains contextes peuvent favoriser le déclenchement d’un zona, en particulier :
- Une altération temporaire des défenses immunitaires, associée à une fatigue ou à un stress importants ;
- Un déficit immunitaire, chez les personnes infectées par le VIH, atteintes d’un cancer ou d’une pathologie infectieuse grave ou suivant un traitement immunosuppresseur.
Lire aussi – Infections bactériennes : quel rôle dans la survenue du cancer ?
Un risque multiplié par 3 en cas de cancer hématologique
Les patients cancéreux figurent ainsi parmi les personnes les plus à risque de développer un zona. Mais quelles sont les circonstances qui sont les plus à risque ? Pour répondre à cette question, des chercheurs australiens ont mené une vaste étude, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique The Journal of Infectious Diseases. Leurs travaux ont porté sur 241 497 patients adultes, entre 2006 et 2015. Les chercheurs se sont intéressés au risque de zona, avant et après un diagnostic de cancer.
Les résultats de l’étude ont tout d’abord révélé que les patients atteints de cancers avaient un risque accru de développer un zona, par rapport aux personnes indemnes de toute tumeur. Ce risque était :
- Multiplié par 3,7 dans le cas des cancers hématologiques, comme les leucémies, les lymphomes ou les myélomes ;
- Majoré de 30% pour les tumeurs solides.
Par ailleurs, les données obtenues ont montré que le risque de zona était également important dans les deux années qui précédaient le diagnostic d’un cancer hématologique (risque doublé par rapport à une personne qui ne développe pas de cancer). En revanche, un tel résultat n’a pas été retrouvé dans le cas des tumeurs solides.
Lire aussi – Existe-t-il un sur-risque de cancer près des centrales nucléaires ?
Cancer et zona : cibler les patients à vacciner en priorité
Les résultats de l’étude australienne mettent également en évidence que le risque de développer un zona peut être lié aux thérapies anticancéreuses utilisées. Ainsi, dans le cas des cancers solides, le risque était augmenté de 83 % chez les patients traités par chimiothérapie, par rapport aux personnes sans cancer, et de seulement 16 % chez les patients sans antécédents de chimiothérapie.
Si le lien entre cancer et risque de zona était connu, cette nouvelle étude apporte des informations importantes sur les circonstances qui exposent le plus les patients cancéreux au risque de développer cette pathologie infectieuse :
- Un récent diagnostic de cancer ;
- Un cancer hématologique ;
- Un traitement par chimiothérapie.
Ce nouvel éclairage pourrait permettre d’améliorer les stratégies de prévention du zona et des complications associées à cette pathologie (douleurs post-zostériennes chroniques, surinfection bactériennes, atteinte visuelle). Les résultats pourraient notamment permettre de cibler les patients atteints de cancer, à vacciner en priorité avec les nouveaux vaccins inactivés contre le zona.
Lire aussi – Maladies infantiles : et les adultes alors ?
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– Risk of Herpes Zoster Prior to and Following Cancer Diagnosis and Treatment: A Population-Based Prospective Cohort Study. Qian, J. 2018. J Infect Dis. Consulté le 16 janvier 2019.
Cet article vous a-t-il été utile ?