Cancer du sein : la goséréline contre la ménopause post-chimiothérapie
Parmi les conséquences physiques et physiologiques du cancer du sein et de son traitement, la ménopause induite par la chimiothérapie est particulièrement difficile à vivre pour les femmes encore jeunes au moment du diagnostic de leur cancer. Dans une récente étude, des chercheurs ont mis en évidence qu’un médicament, la goséréline, pourrait permettre de préserver la fertilité des femmes atteintes d’un cancer du sein avant la ménopause.
Cancer du sein et goséréline
Même si l’âge moyen des femmes diagnostiquées pour un cancer du sein dépasse les 60 ans, une certaine proportion de femmes sont touchées par la maladie avant l’âge physiologique de la ménopause.
Pour les femmes en âge en procréer et confrontées à un cancer du sein, la chimiothérapie anticancéreuse est associée à une ménopause induite, c’est-à-dire que le traitement médicamenteux nuit profondément à la fertilité de la femme et conduit à une ménopause précoce.
Dans ce contexte, un médicament hormonal suscite l’intérêt des spécialistes. En effet, la goséréline est un analogue de l’hormone provoquant la libération des gonadotrophines (hormones hypophysaires contrôlant le fonctionnement des ovaires et la production des hormones féminines, principalement les œstrogènes et la progestérone). La goséréline est indiquée actuellement dans deux contextes cliniques :
- Le cancer de la prostate ;
- Le cancer du sein.
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La goséréline contre la ménopause chimio-induite
Afin d’évaluer l’efficacité de la goséréline sur la prévention de la ménopause chimio-induite après un cancer du sein, des chercheurs australiens et néo-zélandais ont mené un essai clinique sur 218 patientes traitées par le cyclophosphamide (un médicament de chimiothérapie), avec ou sans traitement associé par la goséréline. La goséréline était administrée à la dose de 3,6 mg par injection sous-cutanée toutes les 4 semaines, pendant toute la durée de la chimiothérapie.
Cinq ans après la chimiothérapie anticancéreuse, 23,1 % des femmes traitées par une association chimiothérapie – goséréline avaient débuté au moins une grossesse, contre seulement 12,2 % des femmes traitées uniquement par chimiothérapie.
De plus, l’ajout de goséréline au traitement anticancéreux était associé à :
- Une prolongation non significative de la survie sans maladie ;
- Une prolongation non significative de la survie globale.
La survie globale à 5 ans était ainsi de 91,7 % pour les femmes traitées par chimiothérapie et goséréline, contre 83,1 % pour les femmes traitées uniquement par chimiothérapie.
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Une fertilité préservée après la guérison
Un précédent essai contrôlé randomisé avait mis en évidence que la goséréline associée à la chimiothérapie était capable de réduire le taux d’insuffisance ovarienne, donc de ménopause précoce chimio-induite.
Ces nouveaux résultats confirment l’intérêt de la goséréline, avec une augmentation du nombre de grossesses dans les cinq années qui suivent le traitement anticancéreux. L’ajout de cet analogue hormonal permettrait ainsi de préserver la fertilité des femmes en âge de procréer et touchées par un cancer du sein, sans nuire à leur état de santé, ni à leur survie. Un tel traitement n’est cependant envisageable que pour les femmes atteintes d’un cancer du sein précoce, à récepteur des œstrogènes négatif et à récepteur de la progestérone négatif.
Sans impacter sur le succès de la chimiothérapie ou le pronostic de la maladie, la goséréline offre aux femmes en âge de procréer une réelle chance de tomber enceinte, une fois guéries de leur cancer du sein !
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
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