Caries dentaires : la faute à la génétique ?

Par |Publié le : 11 septembre 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|6 min de lecture|

On ne le répétera jamais assez, la consommation excessive de sucres et une mauvaise hygiène bucco-dentaire sont les principales causes d’apparition des caries dentaires. Mais force est de constater que nous ne sommes pas tous égaux face à cette maladie infectieuse qui touche plus d’un milliard de personnes dans le monde. En effet, certains ne développent pas de caries malgré des habitudes hygiéno-diététiques clairement défaillantes quand d’autres à l’hygiène buccale irréprochable se voient contraints de consulter en urgence. Dès lors, existerait-il un autre facteur favorisant le développement de cette pathologie dentaire ? C’est ce que démontre une nouvelle étude dont les résultats ont été publiés dans le journal PloS One.

Caries dues à la génétique

La carie dentaire et sa prise en charge

Qu’est-ce qu’une carie dentaire ?

La carie dentaire correspond à une pathologie infectieuse d’origine bactérienne. Elle se développe lorsque les bactéries présentes sur la plaque dentaire transforment les résidus alimentaires en substances acides qui attaquent l’émail des dents puis la dentine, entraînant la formation de cavités dentaires avant de détruire progressivement la dent.

Troisième pathologie la plus répandue au monde, la carie dentaire est une affection très courante qui peut survenir à tout âge et touche indifféremment tous les types de dents (canines, incisives, molaires).

La carie dentaire est principalement causée par une alimentation riche en sucre et une mauvaise hygiène bucco-dentaire favorisant la formation de plaque dentaire.

Quelle prise en charge ?

Le traitement d’une carie dentaire nécessite obligatoirement l’intervention d’un dentiste qui réalise alors un plombage : sous anesthésie locale, il enlève la partie de la dent malade, nettoie la cavité puis utilise un produit inerte (qui ne réagit pas avec l’organisme) pour la reboucher.

Le dentiste est parfois contraint de dévitaliser la dent, c’est-à-dire d’enlever la pulpe, dans le cas où la carie est trop profonde.

Quelle prévention ?

La meilleure des préventions consiste à adopter une bonne hygiène bucco-dentaire et se brosser les dents avec un dentifrice fluoré pour empêcher le développement de la plaque dentaire.

A savoir ! La nuit, la production de salive diminue et le processus d’auto-nettoyage de la bouche est inexistant. C’est donc le brossage du soir qui est le plus important pour retirer la plaque dentaire avant d’aller se coucher.

L’utilisation de fil dentaire peut également être utile pour retirer les débris alimentaires coincés dans les espaces inter-dentaires.

Il sera bon de limiter sa consommation en aliments cariogènes en dehors des repas et de consulter son chirurgien-dentiste de façon régulière.

Cependant, en dépit de tous ces gestes de prévention, certains individus développent des caries quand d’autres n’en souffrent jamais malgré une hygiène orale à revoir. Forte de ce constat, une équipe de chercheurs a réalisé une étude visant à démontrer l’impact de la génétique sur le développement des caries dentaires.

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Impact du gène AMELX sur la cariosusceptibilité des dents

Afin de mener à bien leurs recherches, les scientifiques ont mesuré l’impact du gène AMELX sur la cariosusceptibilité des dents.

A savoir ! La cariosusceptibilité est l’un des facteurs de survenue de caries dentaires. Elle peut elle-même résulter de différentes causes, qui ne sont pas encore toutes bien identifiées (teneur de fluor dans l’email des dents, anomalies de minéralisation, facteurs génétiques héréditaires etc..). Il est possible de définir son risque et son degré de cariosusceptibilité pour mettre en place les moyens visant à stabiliser et diminuer ce risque de carie au maximum.

Pour cela, ils se sont intéressés au taux d’amélogénine synthétisée grâce à ce gène.

A savoir ! L’amélogénine est une protéine essentielle au développement des dents et à la formation de l’émail. Elle est synthétisée via le gène AMELX. La mutation du gène AMELX entraîne l’apparition d’anomalies de l’émail qui peut devenir hypoplasique (défaut quantitatif) ou hypominéralisé (défaut qualitatif).

Afin de déterminer si une faible concentration d’amélogénine pendant la formation des dents pouvait être responsable de la formation d’un émail dentaire plus fragile et donc d’une cariosusceptibilité plus importante, les chercheurs ont mis à contribution des populations de souris.

Pour cela, ils ont eu recours à des techniques de mutation génique du gène AMELX pour générer en laboratoire 12 souches de souris présentant différents niveaux de synthèse d’amélogénine.

Les scientifiques ont ensuite extrait les dents de ces souris pour les comparer entre elles à travers différents tests de résistance :

  1. Test de résistance mécanique ;
  2. Test de résistance aux attaques acides.

Les différents tests ont donné les résultats suivants :plus le taux d’amélogénine synthétisée est important (par surexpression du gène AMELX), plus l’émail dentaire formé est résistant aux attaques acides et sera donc moins sujet aux caries dentaires. Une faible expression du gène AMELX fragilisera l’émail d’un patient qui sera dès lors prédisposé aux caries dentaires.

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La génétique comme facteur cariogène

Cette nouvelle étude confirme ainsi le rôle de la génétique dans le développement de caries dentaires. Des variations du gène AMELX peuvent ainsi entraîner des anomalies de formation de l’émail et donc un risque accru de formation de caries dentaires.

Il serait donc judicieux de mettre en place des techniques de prévention chez les patients présentant un profil génétique « à risque » dans un objectif global de santé publique et de réduction des dépenses liées aux soins dentaires. Dans ce contexte, l’application professionnelle de fluor ou encore le scellement des sillons dentaires (sealants) au moyen de minces couches de résine protégeant la surface de mastication des dents, peuvent être envisagés.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

– Caries dentaires : le sucre, le défaut d’hygiène et… la génétique. JIM. Dr Béatrice Ruiz. Le 28 août 2017.
– La maladie carieuse. UFSBD : Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire. – Consulté le 03 septembre 2017.

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Deborah L.
Pharmacienne. Spécialisée dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la cosmétologie. Passionnée par l'écriture, elle sait allier la rigueur scientifique à la beauté de notre langue. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.