Chirurgien ou chirurgienne, quelle différence ?
Alors que la médecine s’est largement ouverte aux femmes, la chirurgie reste une spécialité médicale encore majoritairement masculine. Mais existe-t-il une différence entre une intervention réalisée par un homme ou par une femme ? Le sexe du chirurgien impacte-t-il la qualité de l’acte chirurgical ? Des questions auxquelles ont tenté de répondre des chercheurs nord-américains dans une récente étude publiée dans la revue médicale British Medical Journal.
Chirurgien ou chirurgienne ?
En France, en 2015, les chirurgiennes représentaient pour la plupart des spécialités chirurgicales moins d’un praticien sur 5. Les chiffres ne s’approchent de la parité que pour certaines spécialités, comme la chirurgie infantile (41,7 % de femmes), la chirurgie ophtalmologique (44,2 % de femmes) et la chirurgie gynécologique et obstétrique (45,6 % de femmes). La chirurgie reste ainsi une discipline médicale encore largement masculine, alors que la médecine générale est désormais presque paritaire, avec 43,5 % de femmes.
Certaines études antérieures ont suggéré que les hommes et les femmes ne pratiqueraient pas la médecine de la même manière. Les femmes adopteraient ainsi une approche plus centrée sur le patient et se conformeraient plus souvent aux recommandations des autorités de santé que les hommes.
Selon les spécialistes, la réussite d’une intervention chirurgicale se baserait sur quatre composantes essentielles :
- Les connaissances théoriques ;
- Les capacités de communication ;
- Le jugement ;
- Les compétences techniques et pratiques.
Ces composantes dépendent-elles du sexe du chirurgien ?
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Pas de différence notable selon le sexe du chirurgien
En chirurgie, la composante déterminante est celle des compétences techniques, une composante qui pourrait partiellement gommer les différences de pratiques médicales entre les hommes et les femmes. Pour mieux comprendre l’impact du sexe du chirurgien sur la qualité de l’acte chirurgical, des chercheurs ont réalisé une étude sur 104 630 patients, opérés en Ontario (Canada) entre 2007 et 2015.
Ces interventions chirurgicales ont été réalisées par 3 314 chirurgiens, dont 774 femmes et 2 540 hommes. Les résultats de l’étude indiquent que le nombre de décès, de complications post-opératoires ou de ré-hospitalisations dans les 30 jours suivant l’opération était plus faible chez les patients opérés par des femmes que chez ceux opérés par des hommes (11,1 % contre 11,6 %).
La mortalité à 30 jours s’avère significativement inférieure chez les patients opérés par une femme, alors qu’aucune différence significative n’est observée entre les chirurgiennes et les chirurgiens au niveau des ré-hospitalisations ou des complications post-opératoires.
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Inutile de choisir un chirurgien selon son sexe
D’une manière générale, les résultats de cette étude n’ont pas conduit à mettre en évidence un effet significatif de l’effet du sexe du chirurgien sur les suites de l’intervention chirurgicale. Aucun argument ne semble donc plaider en faveur d’un choix préférentiel d’un chirurgien en fonction de son sexe. De plus, la sévérité de la maladie et la complexité de l’intervention chirurgicale n’ont pas été prises en cos cette étude.
Cette étude pourrait marquer le début d’une série d’investigations sur les différences de pratiques médicales entre les hommes et les femmes, et leurs conséquences positives respectives sur le devenir des patients. Dans tous les cas, ces résultats pourraient contribuer à combattre certaines idées reçues et stéréotypes, qui perdurent dans une profession encore largement dominée par les hommes.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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