La chloroquine, quels sont les premiers résultats des essais ?
Depuis le début de l’épidémie de COVID-19 en Europe, parmi les traitements étudiés, la chloroquine et ses dérivés suscitent un vif débat. Après des annonces prometteuses mais largement controversées, les premiers résultats des essais cliniques engagés viennent d’être révélés et se montrent plutôt décevants.
COVID-19 et chloroquine
Face au COVID-19, la chloroquine et ses dérivés font partie des options thérapeutiques étudiées dans plusieurs essais cliniques à travers le monde. Plusieurs de ces essais cliniques ont abouti aux premiers résultats sur l’efficacité et la tolérance de la chloroquine.
Une étude clinique randomisée brésilienne a comparé l’efficacité de deux doses (une faible, une forte) de chloroquine chez des patients présentant des formes sévères de COVID-19. Après avoir inclus 81 patients, cette étude a dû être stoppée, en raison du taux important de décès dans le groupe de patients ayant reçu de la chloroquine à forte dose (près de 40 %). Selon les données analysées, même si la chloroquine révèle une certaine efficacité contre le COVID-19, son utilisation peut s’avérer dangereuse, en particulier chez certains patients et en cas d’associations avec d’autres médicaments (antibiotiques ou antiviraux).
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Une mauvaise sécurité d’emploi liée à sa toxicité cardiaque
Un autre essai clinique, mené sur 1 300 patients français, atteints de formes non sévères de COVID-19, et hospitalisés dans 36 établissements répartis sur le territoire, suggère que l’hydroxychloroquine, un dérivé de la chloroquine, est inefficace quand le patient souffre d’une forme sévère de la maladie. En revanche, le médicament pourrait être utile en prévention de l’aggravation clinique de l’infection.
Par ailleurs, les chercheurs ont observé des effets secondaires pouvant aller jusqu’à la toxicité cardiaque et entraînant :
- Des douleurs thoraciques ;
- Des troubles du rythme cardiaque ;
- Des infarctus du myocarde.
A l’issue de cet essai, baptisé Hycovid, les chercheurs concluent que l’hydroxychloroquine ne peut être retenue comme un traitement potentiel du COVID-19.
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Une efficacité limitée
En Europe, l’un des plus grands essais cliniques mené est l’essai Discovery. Au 7 mai 2020, l’essai a déjà inclus 742 patients, majoritairement des patients français. Parmi les traitements testés, figurent l’hydroxychloroquine. Les premiers résultats de cet essai devraient être connus dans le courant de la semaine et révéleront si la chloroquine est ou non écartée des pistes prometteuses.
Depuis le début de l’épidémie de COVID-19 en Europe et les premières révélations sur l’intérêt potentiel de la chloroquine, ce médicament fait l’objet de nombreuses interrogations sur son efficacité et sa sécurité d’emploi en prévention et chez les patients infectés par le SARS-CoV-2. A la lumière des premiers résultats issus d’essais cliniques reconnus par la communauté scientifique internationale, il semblerait que cette piste ne soit pas aussi prometteuse que les premières données ne le laissaient penser.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Point d’étape sur l’essai Discovery promu par l’Inserm. INSERM. Consulté le 8 mai 2020.
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