La cigarette électronique permet-elle le sevrage ?
L’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique peine à être démontrée. Les débats sur le sujet sont nombreux, tant au niveau de la communauté scientifique qu’entre les politiques des différents pays. Une récente étude américaine a comparé les taux d’arrêt du tabac entre 2010, date d’apparition de la cigarette électronique, et 2015.
La cigarette électronique fait débat
Les politiques réglementaires actuelles sur la cigarette électronique peuvent varier considérablement d’un pays à un autre. Par exemple, le Royaume-Uni l’autorise en tant que substitut nicotinique pour délivrer de la nicotine en remplacement de la cigarette à condition qu’elle respecte certaines normes de sécurité en vigueur. L’Australie en revanche, interdit la vente de telles cigarettes lorsqu’elles contiennent de la nicotine. Aux Etats-Unis, les avis sont un peu plus mitigés. La e-cigarette, dont la réglementation dépend du «Tabacco Product Center » de la FDA (Food and Drug Administration), n’est pas considérée comme une aide au sevrage tabagique, mais plutôt comme un produit récréatif.
Il ne faut pas compter non plus sur la communauté scientifique pour trancher sur la question de l’utilisation des cigarettes électroniques comme aide au sevrage tabagique. En effet, les diverses données disponibles sont tout aussi divergentes.
Une récente étude Cochrane suggère que la e-cigarette a un effet similaire à celui des thérapies de substitution de la nicotine chez le fumeur. Ainsi, la cigarette électronique pourrait avoir un impact positif sur le taux d’arrêt du tabac si elle était utilisée comme une aide au sevrage et si la proportion de fumeur l’utilisant dans cette optique augmentait.
D’autres, au contraire, affirment que l’impact sur la population serait négatif pour la simple et bonne raison que bien souvent les fumeurs de cigarettes électroniques continuent en parallèle leur consommation de tabac. Une telle utilisation retarderait, selon les auteurs, le processus d’arrêt du tabac. Ainsi, l’impact positif sur certaines personnes serait masqué par l’impact négatif global.
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Une nouvelle étude montre l’efficacité de la e-cigarette
Seul un essai clinique à l’échelle de la population pourrait résoudre ce débat. En raison de la difficulté à mettre en place un tel essai, une équipe de chercheurs américains a choisi de réaliser un autre type d’étude pour répondre à la question. Ils se sont lancés dans l’exploitation des données de près de 160 000 participants, leur permettant de mesurer l’utilisation de la cigarette électronique depuis 2010.
Premier constat, le nombre d’utilisateurs de e-cigarette a considérablement augmenté. Ils représentaient 1,4% des fumeurs en 2010 contre 15 à 30% en 2014. Les scientifiques ont donc cherché à savoir si le taux de sevrage au tabac était plus important chez les utilisateurs de e-cigarette par rapport aux non-utilisateurs. Une comparaison du taux d’arrêt du tabac de 2010 et de celui de 2014-2015 a également été effectuée.
Finalement, les résultats montrent qu’en 2014-2015, les utilisateurs de e-cigarettes ont plus souvent tenté d’arrêter de fumer : 65% contre 40,1% chez les non-utilisateurs avec un taux de succès également plus important chez les utilisateurs (8,2% contre 4,8%).
Par ailleurs, les scientifiques ont pu constater une augmentation du taux d’arrêt du tabac dans la population générale : 4,5% en 2010-2011 contre 5,6% en 2014-2015, soit 350 000 sevrages au tabac en plus.
Les auteurs ajoutent, qu’un tel taux d’arrêt n’a jamais été atteint avec les substituts nicotiniques habituels et que depuis 15 ans, c’est la première augmentation significative du sevrage tabagique.
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Charline D., Pharmacien
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