Lorsqu’une légère commotion cérébrale altère l’odorat …
Selon les estimations, chaque année en France, environ 120 000 traumatismes crâniens surviendraient, dont 10 % seraient sévères. Même en cas de commotion cérébrale légère, les troubles peuvent être importants et durer plusieurs semaines ou mois. Parmi ces troubles, figurent notamment des troubles olfactifs et une anxiété. Explications.
Traumatismes crâniens et troubles sensoriels
Parmi les traumatismes crâniens, les commotions cérébrales sont fréquentes et le plus souvent d’intensité légère. Néanmoins, leurs conséquences peuvent être importantes, avec :
- Des troubles neurologiques ;
- Des maux de tête ;
- Une fatigue ;
- Des troubles sensitifs et sensoriels ;
- Des troubles émotionnels.
Récemment, des chercheurs se sont plus particulièrement intéressés à l’impact d’une commotion cérébrale sur les capacités olfactives. Ils viennent de publier leurs résultats dans la revue scientifique Brain Injury.
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Une baisse de l’olfaction même après un traumatisme léger
Généralement, les spécialistes considèrent que les troubles sensoriels ne s’observent que pour les formes modérées ou sévères de traumatismes crâniens. Dans cette étude, les chercheurs ont évalué l’olfaction chez deux types de patients :
- 20 patients ayant subi une première lésion légère traumatique du cerveau ;
- 22 patients ayant eu une lésion orthopédique (fracture d’un membre) (groupe contrôle).
Les capacités olfactives ont été évaluées 24 heures après l’inclusion des patients dans l’étude, puis une année après le traumatisme.
Au début de l’étude, c’est-à-dire juste après le traumatisme cérébral ou orthopédique, les patients atteints d’une commotion cérébrale légère présentaient une diminution significative de leur olfaction, par rapport aux patients du groupe contrôle. Ainsi, 55 % des patients avec une commotion cérébrale présentaient une hyposmie (diminution de l’olfaction), contre seulement 4,5 % des patients du groupe contrôle.
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Des troubles olfactifs à l’origine d’une anxiété prolongée
A la fin du suivi, soit une année après le traumatisme, les patients des deux groupes présentaient une olfaction équivalente. Cependant, les patients ayant présenté une hyposmie montraient un niveau d’anxiété supérieur, par rapport aux patients atteints de commotion cérébrale, mais sans atteinte olfactive. De plus, ces patients présentaient davantage de séquelles post-traumatiques.
Une commotion cérébrale, même légère, pourrait donc altérer les capacités olfactives. Cette dégradation de l’olfaction pourrait provoquer des troubles anxieux, qui perdurent un an après le traumatisme, même une fois que l’olfaction est redevenue normale.
Ces résultats suggèrent l’importance de dépister les éventuels troubles olfactifs après toute commotion cérébrale, et ce dès les premières heures de la prise en charge. Ainsi, il serait possible de mieux prévenir l’anxiété prolongée, touchant certains patients après un traumatisme crânien. Des recherches complémentaires sont désormais nécessaires pour évaluer l’intérêt d’un tel dépistage.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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