Des corticoïdes pour traiter le mal de gorge
Picotements, douleurs en avalant… Bien que bénins, les symptômes du mal de gorge, bien connus des Français, n’en restent pas moins très désagréables. Les douleurs sont généralement soulagées par du paracétamol ou encore des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (par exemple l’ibuprofène). Et si, les corticoïdes venaient s’ajouter à l’arsenal thérapeutique ?
Mal de gorge et corticoïdes ?
Le mal de gorge fait partie des plaintes les plus fréquentes lors des consultations de ville comme aux urgences. On estime qu’il représente 5% des visites médicales pour les enfants et environ 2% pour les adultes. La cause la plus fréquente de mal de gorge est la pharyngite d’origine virale.
Actuellement, pour soulager les douleurs, le traitement repose essentiellement sur la prise de paracétamol ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Cependant, selon divers essais cliniques, d’autres molécules pourraient être utilisées : les corticoïdes (par exemple le prednisolone). Ils représentent bel et bien une option thérapeutique supplémentaire pour soulager les maux de gorge. En effet, plusieurs études suggèrent que l’utilisation de ces molécules à faible dose, voire modérée, serait bénéfique aux patients douloureux. Malgré les nombreux résultats en faveur de l’utilisation des corticoïdes, les médecins ont encore du mal à les inclure dans leurs prescriptions. Et pour cause, les guidelines ne recommandent pas leur prescription. La raison évoquée : les essais cliniques qui ont été menés pour démontrer leur efficacité se sont déroulés dans des services d’urgence alors que beaucoup de patients étaient sous antibiotiques.
Afin de vérifier les fondements de cette méfiance des professionnels de santé vis-à-vis de l’utilisation des corticoïdes pour le mal de gorge, une méta-analyse (regroupement des résultats de plusieurs études) a été récemment réalisée. Elle s’est portée sur 10 essais cliniques. 1 426 patients consultant pour une pharyngite, une amygdalite ou d’autres maux de gorge ont été répertoriés et étudiés. Les essais retenus recrutaient les patients aussi bien dans les services d’urgence que lors de consultations chez les médecins généralistes.
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Corticoïdes : une efficacité démontrée
Les résultats de la méta-analyse confirment l’efficacité des corticoïdes. La prescription de 1 à 2 doses de corticoïdes semble améliorer de façon significative les douleurs après 24 heures.
En comparaison avec un traitement placebo, la douleur des patients est soulagée en moyenne 4,8 heures plus tôt avec les corticoïdes. Elle disparaît (en totalité) également plus tôt : 11,1 heures avant celle du groupe placebo.
Avec le traitement corticoïde, on observe 18% de patients en plus soulagés en 48 heures par rapport au placebo. Finalement, l’effet du corticoïde semble être le même quelle que soit l’intensité de la douleur. A noter, tout de même que les douleurs les moins importantes semblent tirer un bénéfice moins prononcé du traitement.
Parmi les 10 essais cliniques étudiés, 6 ne rapportent aucun effet indésirable. Les effets secondaires signalés par les 3 autres essais cliniques sont essentiellement des symptômes de l’infection survenant à part égale dans les deux groupes (placebo et corticoïde).
Enfin, les conclusions de la méta-analyse sont les mêmes pour les patients pris en charge dans les services d’urgence que pour ceux pris en charge par leur médecin généraliste.
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Charline D., Pharmacien
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