La croissance de l’enfant sous l’effet du stress prénatal
Si la grande majorité des femmes enceintes savent que le tabac, l’alcool ou certains médicaments entraînent des risques pour le fœtus, rares sont celles qui connaissent les effets néfastes du stress au cours de la grossesse. Parmi les effets du stress sur l’enfant à naître, une nouvelle étude semble indiquer des conséquences variables sur la croissance de l’enfant.
Stress et grossesse
Le stress maternel prénatal regroupe tous les types de stress susceptibles d’être vécus par une femme au cours de la grossesse : un stress aigu ou chronique, un stress subjectif ou objectif. Or ce stress particulier n’est pas sans conséquences sur le fœtus. En effet, tout stress provoque une libération de cortisol dans l’organisme maternel, hormone qui passe la barrière placentaire et parvient dans la circulation sanguine du fœtus.
Les études révèlent que le fœtus est plus sensible au stress maternel au cours des deux premiers trimestres de la grossesse et particulièrement à deux étapes clés :
- La 10ème semaine de grossesse au moment de la neurogenèse (le cerveau produit alors environ 250 000 neurones par minute) ;
- Entre les 24ème et 30ème semaines de grossesse, lorsque les connexions entre les neurones se multiplient.
Les effets du stress sur le fœtus ont fait l’objet de multiples études et ont déjà révélé différentes conséquences négatives sur :
- Le développement cognitif ;
- Le comportement, avec des troubles de l’attention et des comportements agressifs ;
- Le développement physique, avec une augmentation du risque des complications obstétricales, d’un faible poids de naissance ou d’un retard de développement physique ;
- La santé mentale, avec un risque accru d’autisme, de schizophrénie et de dépression de l’enfant.
Lire aussi – Téléphone portable et grossesse : le danger est-il bien réel ?
Un effet sur la croissance de l’enfant
Dans ce contexte, une nouvelle étude suggère que le stress maternel prénatal pourrait avoir un impact sur la croissance du bébé et de l’enfant. Les chercheurs ont testé cette hypothèse en analysant les résultats de 719 études, réalisées sur 21 espèces de Mammifères, dont l’Homme.
L’impact du stress sur la croissance serait étroitement lié à la période de la grossesse à laquelle le stress intervient :
- En fin de grossesse, il n’aurait qu’un effet transitoire durant les premières années de vie, le taux de croissance de l’enfant redevenant normal grâce à l’acquisition de l’autonomie. Cet effet serait lié au fait qu’une femme stressée consacrerait moins d’énergie à son fœtus puis à son enfant qu’une femme non stressée.
- En début de grossesse, il impacterait durablement la croissance de l’enfant jusqu’à l’âge adulte, mais aussi son développement physique (par exemple l’arrivée de la puberté).
Tous les types de stress auraient le même effet sur la croissance.
Selon les auteurs de l’étude, cet effet physique du stress pourrait en partie expliquer les grandes variabilités de croissance observées chez l’Homme, mais aussi chez une vingtaine d’autres Mammifères.
Lire aussi – Café et grossesse : attention aux troubles comportementaux chez l’enfant
La gestion du stress pendant la grossesse
Face à de tels risques, prévenir et réduire le stress au cours de la grossesse apparaît un enjeu important pour la santé des femmes, mais aussi de leurs enfants. Il est ainsi crucial de limiter autant que possible les sources de stress chez les femmes enceintes.
Différentes mesures de santé publique ont d’ores et déjà prouvé leur effet bénéfique dans la lutte contre le stress en situation de crise :
- La prévention et la promotion de la santé mentale ;
- Une prise en charge complète et personnalisée de la femme enceinte ;
- Les aides et réseaux au sein de la communauté ;
- La création de services adaptés aux différences culturelles.
De plus, certains effets du stress prénatal semblent réversibles après la naissance, ce qui montre l’importance de la double prise en charge des nourrissons et de leur mère.
Le stress est donc un facteur de risque au cours de la grossesse, au même titre que le tabac, l’alcool ou les drogues. Alors dans le mesure du possible, zéro stress pendant la grossesse !
Lire aussi – Grossesse et paracétamol : foetus en danger !
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
– Prenatal stress accelerates offspring growth to compensate for reduced maternal investment across mammals. Berghänel, Andreas and al. 2017. Proceedings of the National Academy of Sciences; 201707152. DOI: 10.1073/pnas.1707152114.
Cet article vous a-t-il été utile ?