Le décollement de la rétine : c’est la faute au fer ?
Le décollement de rétine est une affection grave qui peut entrainer la perte de la vision. Il touche 1 à 2 personnes sur 100 000 en France. Des chercheurs de l’Inserm ont découvert que plusieurs maladies rétiniennes sont associées à une accumulation excessive de fer dans l’œil et que la transferrine, une protéine de transport du fer dans l’organisme, compense cet effet. Les résultats sont publiés dans la revue Science Advances et constituent un grand espoir dans l’utilisation de la transferrine dans le traitement des maladies rétiniennes.
Le décollement de la rétine : une intervention chirurgicale ne permet pas une récupération visuelle totale
Les maladies de la rétine sont les premières causes de malvoyance et de cécité. Dans le cas d’un décollement de la rétine, la perte de vison est due à une séparation de la rétine de la couche externe pigmentée. L’espace créé se remplit de liquide dit sous-rétinien (SRF). Plus le liquide s’infiltre et plus le décollement se poursuit. Le décollement de rétine touche surtout les personnes âgées de 45 à 60 ans. Cette maladie est plus fréquente en cas de forte myopie, de traumatisme et elle est aussi liée à d’autres maladies comme la cataracte et le diabète.
La chirurgie est l’unique recours. Malgré une chirurgie de plus en plus efficace, le fait que la rétine soit anatomiquement recollée ne signifie pas une récupération fonctionnelle totale et impacte fortement la qualité de vie. L’amélioration de la vision après une chirurgie du décollement de la rétine est un réel défi.
Les chercheurs de l’INSERM ont découvert que les patients qui récupéraient le moins bien après une chirurgie avaient dans l’œil une concentration en fer plus élevée que les autres.
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Quel rôle joue le fer dans le décollement de la rétine ?
Le fer est essentiel au bon fonctionnement des cellules de l’organisme. Cependant quand il est trop abondant, les protéines qui transportent le fer (transferrine) ne sont plus assez nombreuses pour le piéger.
Or le fer à l’état libre est toxique pour les cellules. Il favorise un stress oxydatif qui entraîne la mort cellulaire. C’est ainsi que la mort des cellules rétiniennes causée par le fer est soupçonnée de se produire lors de diverses formes de dégénérescence de la rétine
À savoir ! Un stress oxydatif correspond à l’agression des constituants cellulaires par les espèces réactives oxygénées (ions oxygénés, radicaux libres, peroxydes), impliquées notamment en cas de cancer et de maladies cardio-vasculaires.
Des chercheurs de l’Inserm ont récemment défini la présence de fer dans l’œil comme marqueur prédictif du décollement de la rétine et comme une nouvelles cible thérapeutique de la maladie.
Ils ont mesuré sa présence dans la rétine et dans le liquide sous-rétinien des patients. Les chercheurs ont constaté un lien entre l’augmentation de la quantité en fer et une mauvaise récupération visuelle. En effet, le fer induit une nécrose immédiate et une mort cellulaire (apoptose) des neurones in vitro et in vivo.
Des études antécédentes sur des modèles animaux ont montré que le traitement par la transferrine exerçait des effets protecteurs sur les neurones de la rétine. Dans ce travail, les chercheurs démontrent que la transferrine est capable de diminuer à la fois l’apoptose et la nécrose induites par le décollement de la rétine tout en identifiant les voies moléculaires impliquées.
À savoir ! La nécrose correspond à la mort anormale et non programmée d’une cellule ou d’un tissu. Elle s’oppose donc à l’apoptose.
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La transferrine, un traitement complémentaire à la chirurgie ?
Les chercheurs espèrent développer un traitement complémentaire à la chirurgie, susceptible de s’appliquer à toutes les maladies rétiniennes dégénératives. Ils ont observé qu’une injection oculaire locale de transferrine exerçait des effets protecteurs sur la rétine à la fois sur des cellules de rétine humaine en culture et in vivo sur des modèles animaux. Même administrée tardivement après détection de la maladie, la transferrine peut prévenir d’autres altérations rétiniennes ainsi que la mort cellulaire.
« Ces résultats sont très prometteurs, toutes les maladies dégénératives de la rétine sont associées à une accumulation de fer. Cela implique que la transferrine pourrait constituer un nouveau traitement pour ces maladies qui sont fréquemment cumulées et invalidantes. », déclare Emilie Picard, chercheuse Inserm en charge de l’étude
Les chercheurs travaillent avec une start-up appelé Eyevensis pour lancer des essais cliniques sur ce sujet. La start-up souhaite utiliser une technologie en phase clinique pour mener des essais de thérapie génique afin de produire de la transferrine de manière contrôlée.
À savoir ! La thérapie génique consiste à introduire des acides nucléiques (ADN ou ARN) dans des cellules pour soigner une maladie.
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– Maladies de la rétine : la transferrine préserve la vision. Inserm. Consulté le 15 janvier 2019.
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