Le dépistage du cancer colorectal doit-il être universel ou ciblé ?
Près de 45 000 nouveaux cas de cancer colorectal sont recensés chaque année en France, un cancer parmi les plus meurtriers avec 17 684 décès au cours de la seule année 2017. Face à ce cancer, la stratégie de dépistage est capitale, mais les recommandations divergent selon les experts. Dans un article publié dans la revue scientifique British Medical Journal, des experts font le point.
Le dépistage universel du cancer colorectal
Il existe plusieurs techniques de dépistage du cancer colorectal, parmi lesquelles :
- La détection de sang dans les selles, par des tests disponibles en kits ;
- La coloscopie (examen de l’intérieur de l’intestin grêle grâce à un endoscope).
Actuellement, les recommandations sur le dépistage du cancer colorectal divergent selon les pays et selon les avis d’experts. Récemment, des chercheurs ont examiné les dernières données disponibles sur l’intérêt de quatre options de dépistage :
- Le test immunochimique fécal (TIF) (test capable de détecter des traces de sang dans les selles) réalisé tous les ans ;
- Le même test réalisé tous les deux ans ;
- La sigmoïdoscopie (examen permettant de visualiser le sigmoïde (seconde partie de l’intestin grêle et le rectum grâce à un endoscope) réalisée une fois ;
- La coloscopie réalisée une fois.
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Un dépistage universel ou ciblé ?
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’intérêt du dépistage universel du cancer colorectal pour les adultes présentant les caractéristiques suivantes :
- Etre âgé de 50 à 79 ans ;
- Ne pas avoir de symptômes de cancer colorectal;
- Ne pas avoir d’antécédents de dépistage de ce cancer ;
- Présenter une espérance de vie d’au moins 15 ans.
En analysant les données disponibles sur les 15 dernières années, les experts du monde entier ont mis en évidence des incertitudes persistantes sur les bénéfices, les contraintes et les risques à 15 ans du dépistage du cancer colorectal. Les quatre options de dépistage permettent de réduire de manière similaire la mortalité liée à ce cancer. Néanmoins, le test immunochimique fécal réalisé tous les deux ans ne semblait pas avoir d’effet marqué sur l’incidence du cancer colorectal sur les 15 dernières années.
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Un dépistage ciblé pour les personnes à risque élevé de cancer colorectal
Au terme de leur étude, les chercheurs déconseillent le dépistage universel du cancer colorectal pour les adultes âgés de 50 à 79 ans. Ainsi, le dépistage est déconseillé pour les adultes ayant un risque inférieur à 3 % de développer un cancer colorectal au cours des 15 prochaines années. Le dépistage devrait ainsi être réservé aux adultes ayant un risque supérieur à 3 %. Ce dépistage ciblé peut alors être réalisé indifféremment avec l’une des quatre options envisagées dans l’étude.
En France, actuellement, le programme national de dépistage organisé du cancer colorectal recommande à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans d’effectuer un test immunochimique fécal tous les deux ans. Les personnes ayant un risque élevé de cancer colorectal peuvent se voir proposer d’autres modalités de dépistage, en fonction de leur situation particulière.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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