Diabète : un espoir nommé cellules souches
Le diabète est considéré comme la pathologie chronique du 21ème siècle. La thérapie cellulaire semble être la meilleure option thérapeutique pour faire reculer durablement la maladie. Pour preuve : récemment, une patiente atteinte de diabète de type 1 a pu s’affranchir complètement de ses injections d’insuline grâce à la transplantation de nouvelles cellules productrices d’insuline. Revenons en détail sur cette étude clinique inédite.
La thérapie cellulaire dans le diabète de type 1
Le diabète se caractérise par l’incapacité de l’organisme à produire suffisamment d’insuline pour réguler le taux de glucose (sucre) sanguin. Ce qui nécessite chez les personnes atteintes de diabète, des injections sous-cutanées quotidiennes de cette hormone.
Le diabète de type 1 (6% de l’ensemble des diabétiques) est causé par la survenue d’auto-anticorps qui détruisent partiellement ou entièrement les cellules β du pancréas. Elles sont considérées, à tort, comme des cellules étrangères de l’organisme. Quand la plupart de ces cellules productrices d’insuline ont été détruites, les symptômes du diabète de type 1 apparaissent. Ainsi, le diabète de type 1 est qualifié de maladie auto-immune.
Pour guérir le diabète de type 1, les scientifiques étudient plusieurs possibilités : l’immunothérapie, la greffe d’îlots de Langherans dans le foie et la transplantation de cellules β fonctionnelles obtenues à partir de cellules souches.
À savoir ! Les îlots de Langherans sont faits de trois types de cellules endocrines regroupées en petits amas, ou îlots, disséminés dans le pancréas. Les cellules bêta sécrètent l’insuline, les cellules alpha sécrètent le glucagon et les cellules delta sécrètent la somatostatine.De nombreuses années de recherche ont été nécessaires pour parvenir à transformer des cellules souches en cellules béta des îlots de Langerhans, les cellules pancréatiques productrices d’insuline.
À savoir ! Les cellules souches sont des cellules capables de se transformer en de multiples types cellulaires spécialisés.Un essai clinique prometteur
L’étude en question, publiée le 25 septembre et réalisée par une équipe de plus de trente chercheurs supervisés par le professeur Hongkui Deng de l’université de Pékin, concerne une femme de 25 ans, diabétique de type 1 depuis 11 ans et ayant subi deux greffes de foie et une greffe de pancréas.
Reprogrammation cellulaire
Afin de lui permettre de se passer de son traitement à l’insuline (insulinothérapie), les chercheurs lui ont prélevé des cellules souches adipeuses. Ensuite, en laboratoire, ils ont programmé chimiquement ces cellules afin qu’elles reviennent à un stade de développement antérieur (cellules souches). Et enfin, ils les ont transformées en « cellules d’îlots pancréatiques ». On parle alors à ce stade d’îlots dérivés de cellules souches pluripotentes induites chimiquement ou cellules IPS.
Après les avoir cultivées pour qu’elles se multiplient et qu’elles se réarrangent en « grappes d’ilots » et s’être assurés de leur innocuité sur des primates, les chercheurs les ont transplantées au niveau des muscles abdominaux de la jeune patiente.
Les observations cliniques sur une année
A partir de 15 jours, les besoins journaliers en insuline ont commencé à diminuer. Puis deux mois plus tard, la patiente pouvait s’affranchir complètement d’injections de l’hormone hypoglycémiante. Ainsi, la jeune femme produisait suffisamment d’insuline pour vivre sans avoir besoin d’insuline exogène.
Ensuite, pendant la période de suivi médical de plus d’un an, la patiente est restée 98 % du temps dans une fourchette glycémique normale et son hémoglobine glyquée (paramètre reflétant l’équilibre glycémique sur les trois derniers mois) s’est stabilisée autour de 5%. Aucune indication d’anomalies liées à la transplantation n’a été relevée pendant cette année d’observation.
Les points forts de cette approche
L’approche scientifique de cette thérapie cellulaire se distingue par :
- L’induction chimique et non pas génétique de la reprogrammation cellulaire;
- La transplantation des cellules souches au niveau des muscles abdominaux et non pas dans le foie (suivi des cellules plus aisé par imagerie fonctionnelle et procédure moins invasive).
Même si cette thérapie cellulaire implique la prise d’immunosuppresseurs pour contrôler le dysfonctionnement immunitaire de la maladie (production d’anticorps détruisant les cellules productrices d’insuline), les résultats observés indiquent que ce type de thérapie cellulaire est très prometteur pour la prise en charge du diabète.
Prochaine étape pour les chercheurs ? Reproduire ce protocole clinique sur un plus grand nombre de personnes (10 à 20 diabétiques de type 1) et suivre l’évolution de la rémission de la maladie métabolique sur une période d’au moins 5 années.
En parallèle, les chercheurs travaillent également sur le développement de cellules capables d’échapper à cette réponse auto-immune inhérente au diabète de type 1, une condition nécessaire pour que le patient puisse s’affranchir des traitements immunosuppresseurs.
– L’alimentation du diabétique. www.nature.com. Consulté le 9 octobre 2024.
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