Les donneurs face aux contre-indications du don de sang
En France, chaque jour, il faut 10 000 dons de sang pour couvrir les besoins des patients. Chaque année, des milliers de donneurs donnent ainsi leur sang partout en France. Cependant, il existe quelques contre-indications au don de sang. Une récente enquête française révèle que certains donneurs omettent de déclarer certaines de ces contre-indications pour pouvoir donner leur sang. Explications.
Don de sang et contre-indications au don
En France, toute personne âgée de 18 à 70 ans, pesant au moins 50 kg et reconnue apte après un entretien médical pré-don, peut donner son sang, un acte qui peut sauver chaque année de nombreuses vies. Cependant, il existe quelques contre-indications au don de sang, certaines temporaires, d’autres définitives :
- Les contre-indications liées à l’état de santé : par exemple la prise récente de médicaments antibiotiques, une infection ou une vaccination récente ou encore des antécédents de greffe ou de transfusion sanguine ;
- Les contre-indications liées à des pratiques personnelles : notamment les tatouages récents, l’acupuncture ou l’usage de drogues ;
- Les contre-indications liées à des séjours à l’étranger : par exemple le séjour dans certains pays tropicaux ;
- Les contre-indications liées à des pratiques sexuelles : notamment les relations sexuelles avec plusieurs partenaires ou les relations sexuelles entre hommes dans l’année écoulée.
Face à ces contre-indications, certains donneurs sont-ils tentés de ne pas les mentionner pour pouvoir donner leur sang ? Une récente enquête s’est penchée sur cette question.
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Des contre-indications révélées pendant l’entretien pré-don
En 2017, une enquête a été menée pour évaluer le décalage entre les candidats au don et les personnes pouvant réellement donner leur sang, en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Un questionnaire anonymisé a été envoyé à 420 190 donneurs, ont 108 386 ont répondu. Ils étaient interrogés sur :
- Leur profil socio-démographique ;
- Les critères de sélection des donneurs ;
- Leur éventuelle non-sélection pour le don de sang.
Au total, 5,6 % des participants ont été obligés de différer leur don de sang, parce qu’ils présentaient au moins une contre-indication temporaire au don. Parmi eux, 16 % présentaient simultanément plusieurs contre-indications au don de sang. Les nouveaux donneurs étaient relativement plus concernés (8 %) que les donneurs réguliers (5,2 %).
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Les pratiques sexuelles plus difficiles à aborder que d’autres contre-indications
Les contre-indications au don de sang étaient dans 3,6 % des cas liées aux pratiques sexuelles, à l’usage de drogues ou à la réalisation d’un tatouage ou d’un piercing. Les contre-indications liées aux voyages ne concernaient que 1,2 % des donneurs. Parmi les donneurs écartés du don pour des questions de pratiques sexuelles, 0,73 % avaient eu des relations sexuelles avec des hommes au cours de l’année écoulée.
Dans les réponses données par les candidats au don au moment du questionnaire pré-don, certaines questions sont jugées trop personnelles et peuvent donner lieu à une omission ou à une fausse réponse. Certains donneurs ne déclarent ainsi pas une contre-indication liée à la sexualité, soit parce qu’ils jugent les questions trop intrusives, soit parce qu’ils ne savent pas qu’il s’agit d’une contre-indication. Les autres contre-indications semblent plus facilement abordées par les donneurs.
En moyenne, 5,6 % des candidats au don sont écartés au moins temporairement du don, parce qu’ils présentent une contre-indication au don du sang. Ces contre-indications, repérées par le questionnaire pré-don ou pendant l’entretien médical, constituent une garantie de sécurité, à la fois pour le donneur et pour le patient transfusé.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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