Tumeurs cérébrales : un médicament pour mieux contrer la résistance à la chimiothérapie

Par |Publié le : 21 juillet 2018|Dernière mise à jour : 28 octobre 2024|4 min de lecture|

Le glioblastome est l’une des formes les plus agressives de tumeurs du cerveau se traduisant par une évolution rapide et une résistance plus ou moins importante au traitement chimiothérapeutique. Récemment, des chercheurs ont mis en évidence que l’acétazolamide, un médicament utilisé pour traiter le mal d’altitude, pouvait renforcer la résistance à la chimiothérapie palliative.

Observation du cerveau avec une loupe

Comprendre la résistance à la chimiothérapie

Le glioblastome est un cancer du cerveau qui touche les cellules gliales, des cellules jouant un rôle de soutien pour les neurones.

Le médicament de chimiothérapie le plus couramment utilisé en traitement palliatif (atténue ou supprime les symptômes d’une maladie sans la guérir) est le témozolomide (TMZ).

À savoir ! Le témozolomide (TMZ) est utilisé dans la prise en charge de tumeurs cérébrales malignes. Il agit en altérant l’ADN et empêche ainsi certaines protéines permettant aux tumeurs de croître de se développer.
Cependant, certains patients ne répondent pas au traitement médicamenteux  et aucune amélioration significative de leur état de santé n’est observée.

Dans leur étude récente parue dans la revue Science Translationnal Medecine, l’équipe de  l’université de Chicago, supervisée par le neurochirurgien Baktiar Yamini, a compris quel était le mécanisme moléculaire  à l’origine de cette résistance à la chimiothérapie.

Ils ont constaté que la plupart des patients atteints de glioblastome avec des niveaux élevés de protéine BCL-3 ne répondaient pas aux effets attendus d’une administration de TMZ.

À savoir ! La protéine BCL-3 est une protéine, située à l’intérieur des cellules, codée par le gène proto-oncogène BCL3 situé sur le chromosome 19. La mesure de la concentration de cette protéine est désormais cruciale pour la prise en charge de patients atteints de tumeurs cérébrales traitées par une chimiothérapie à base de TMZ. C’est donc désormais un biomarqueur.

En parallèle, les chercheurs ont constaté que les patients avec des niveaux plus faibles de BCL-3 et traités avec le TMZ ont survécu plus longtemps que les patients ayant des concentrations plus élevées de ce biomarqueur.

La protéine BCL-3, en activant une enzyme (une protéine impliquée dans les réactions chimiques) nommée anhydrase carbonique II, agit comme un bouclier en protégeant les cellules cancéreuses des dommages causés par les TMZ.

Une fois le mécanisme élucidé, les chercheurs ont voulu aller plus loin et mesurer les effets d’un inhibiteur connu de l’anhydrase carbonique.

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Vers une chimiothérapie couplant le TMZ et l’acétazolamide ?

Les chercheurs ont testé, sur des souris chez qui une tumeur cérébrale avait été induite, l’effet d’une chimiothérapie combinant le TMZ avec un inhibiteur de l’anhydrase carbonique, l’acétazolamide.

À savoir ! L’acétazolamide est un médicament utilisé pour traiter le mal des montagnes, l’alcalose métabolique, le glaucome, les œdèmes post traumatiques et post-opératoires. Il est commercialisé sous le nom de Diamox.

 » Nous avons testé cette stratégie de traitement combiné dans plusieurs modèles animaux et certains d’entre eux ont présenté une augmentation de 30 à 40 % de leur temps de survie «  souligne, dans un communiqué de presse de l’université de Chicago, le Pr Baktiar Yamani.

Pour le directeur de l’étude, si ces nouvelles découvertes sont concluantes, l’acétazolamide serait une aide thérapeutique très intéressante car « sa fabrication est peu coûteuse, il est facile à prendre et a des effets secondaires limités ».

Prochainement, un essai clinique devrait être mené afin de confirmer que les mesures de niveau de BCL-3 peuvent prévoir l’efficacité de la réponse au TMZ.

Un autre essai devra être mené pour déterminer si une combinaison de TMZ et d’acétazolamide est cliniquement envisageable pour améliorer l’efficacité du traitement palliatif des patients ayant des taux élevés de BCL-3.

Sans attendre, l’équipe planifie déjà des essais cliniques et cherche à recruter des participants.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Existing drug may help to treat aggressive brain cancer. Medical News Today. M. Cohut. Le 11 juillet 2018.
– BCL3 expression promotes resistance to alkylating chemotherapy in gliomas. Science Translational Medicine. L.Wu et al. Consulté le 18 juillet 2018.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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