Goutte et apnée du sommeil : deux maladies associées ?!
La goutte toucherait en France environ 600 000 personnes, tandis que l’apnée du sommeil affecte près d’un million de personnes. En apparence, ces deux maladies ne semblent avoir aucun point commun. Et pourtant ! Une récente étude, dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique Arthritis and Rheumatology, suggère l’existence d’un lien entre goutte et apnée du sommeil.
De la goutte à l’apnée du sommeil
La goutte est une maladie rhumatismale chronique, associée à un taux anormalement élevé d’acide urique dans le sang (hyperuricémie). Fréquente, elle se traduit le plus souvent par des épisodes particulièrement douloureux d’arthrite aigüe du gros orteil. Parmi les facteurs déclenchants de la goutte, figurent :
- Une alimentation riche en purines, qui sont dégradées en acide urique dans le sang ;
- La consommation d’alcool ;
- Des efforts physiques intenses ;
- L’arrêt d’un traitement hypouricémiant (traitement de la goutte).
À savoir ! Des aliments riches en purines sont par exemple les abats, le gibier, la charcuterie, les crustacés, les poissons gras, certains légumes (épinards, oseille, choux, rhubarbe) et les champignons.
Des études scientifiques ont par ailleurs montré que des taux sanguins élevés d’acide urique seraient fréquemment observés chez les personnes atteintes d’apnée du sommeil. L’hypothèse d’un lien entre la goutte et l’apnée du sommeil a alors été avancée. Jusque-là, les données restaient insuffisantes pour démontrer l’existence d’un tel lien.
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Une majoration du risque de goutte
Dans une récente étude, des chercheurs britanniques ont analysé les données de 15 879 adultes, diagnostiqués pour un syndrome d’apnée du sommeil entre 1990 et 2010. Les données ont été comparées avec celles de 63 296 personnes de même âge et de même sexe, sans syndrome d’apnée du sommeil.
Sur l’ensemble des participants de l’étude, 76 % étaient des hommes et l’âge moyen était de 52,2 ans. Les personnes atteintes d’apnée du sommeil présentaient, par rapport aux personnes en bonne santé, un risque accru de :
- Présenter d’autres affections ;
- Suivre un traitement diurétique ;
- Etre obèses ;
- Consommer de l’alcool.
Sur le plan de la goutte, 4,9 % des personnes atteintes d’un syndrome d’apnée du sommeil et 2,6 % des personnes en bonne santé ont développé cette pathologie rhumatismale. Le risque de goutte serait ainsi supérieur de 42 % en cas d’apnée du sommeil.
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L’influence du poids corporel
Si ces résultats semblent confirmer l’existence d’un lien entre l’apnée du sommeil et la goutte, le poids serait également important. Le risque de goutte serait en effet doublé chez les personnes atteintes d’apnée du sommeil et de poids normal dans les 2 à 5 ans qui suivent le diagnostic d’apnée du sommeil. Pour les personnes en surpoids ou obèses, le risque de goutte serait maximal dans les 1 à 2 ans après le diagnostic d’apnée du sommeil.
Pour expliquer un tel lien entre la goutte et l’apnée du sommeil, les chercheurs évoquent la production de purines par l’organisme, sous l’effet de l’hypoxie intermittente (diminution du taux sanguin d’oxygène), caractéristique du syndrome d’apnée du sommeil. Ces purines seraient ensuite dégradées en acide urique, à l’origine du développement de la goutte.
Cette étude suggère l’existence d’un lien entre la goutte et le syndrome d’apnée du sommeil, deux pathologies qui au premier abord semblent très différentes. Le poids corporel jouerait également un rôle important. De telles données apportent ainsi un nouvel éclairage sur les origines de la goutte.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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