Un implant de buprénorphine face à la dépendance aux opiacés
La dépendance aux opiacés est un problème majeur de santé publique en France. Face à ce fléau, les médicaments de substitution disponibles ne répondent pas toujours de manière optimale aux enjeux de la prise en charge. Dans ce contexte, le comité des médicaments à usage humain de l’Agence européenne du médicament vient d’approuver un nouvel implant de buprénorphine, l’une des deux substances les plus utilisées dans les traitements de substitution.
Dépendance aux opiacés et traitements de substitution
La dépendance aux opiacés est un enjeu majeur de santé publique. Elle peut se développer dans plusieurs contextes :
- L’usage de drogues telles que l’héroïne, la cocaïne ou d’autres substances dérivées de l’opium ;
- Un traitement médicamenteux prolongé et/ou mal suivi, à base de médicaments opiacés (la morphine ou l’un de ses dérivés).
En cas de dépendance aux opiacés, un traitement de substitution est nécessaire, à base d’opiacés de synthèse. Actuellement, deux substances sont principalement utilisées :
- La méthadone ;
- La buprénorphine.
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Un implant qui délivre la buprénorphine en continu
La méthadone, comme la buprénorphine, doivent aujourd’hui être administrées quotidiennement, parfois plusieurs fois par jour. Malheureusement, ce mode d’administration ne facilite pas l’observance des patients, et le risque est important, soit d’un mésusage des traitements de substitution, soit d’un abandon en cours de traitement.
Face à ce problème, les laboratoires tentent de développer des traitements de substitution de longue durée d’action. Ainsi, l’Agence européenne du Médicament vient d’approuver un dispositif innovant, un implant de buprénorphine. Cet implant se compose de quatre bâtonnets introduits dans la partie supérieure du bras, grâce à une incision de la peau réalisée sous anesthésie locale.
Ce dispositif permet de délivrer en continu de la buprénorphine pendant une durée de six mois. Les essais cliniques menés ont permis de démontrer l’efficacité et la sécurité d’emploi de cet implant. Comparé à un traitement par la buprénorphine par voie orale, 96,4 % des patients ont répondu au traitement avec l’implant, contre seulement 87,6 % avec le traitement par voie orale.
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Un dispositif innovant pour un tiers des patients dépendants
Sur le plan des effets indésirables, ils étaient les mêmes que ceux observés avec les traitements de substitution classiques à savoir des maux de tête, une constipation et des insomnies.
Un tel dispositif délivrant en continu de la buprénorphine pourrait permettre selon les spécialistes d’améliorer l’observance et l’adhésion au traitement, en limitant le risque de retourner vers l’addiction. De plus, il limite considérablement les risques d’ingestion accidentelle des médicaments, en particulier par les enfants.
Si des implants à base de buprénorphine sont déjà disponibles aux USA depuis 2016, cet implant sera le premier commercialisé sur le territoire européen. Néanmoins, il ne sera pas indiqué pour tous les patients, en raison d’une faible posologie. L’implant de buprénorphine sera ainsi réservé aux adultes dépendants aux opiacés stables, n’ayant pas besoin de plus de 8 mg de buprénorphine par voie orale, et toujours en complément d’une prise en charge médicale, sociale et psychologique.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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