Insertion professionnelle et trisomie 21 : ce qui change aujourd’hui

88% des personnes ayant répondu à l’enquête de Trisomie 21 France souhaitent travailler en milieu ordinaire. Aujourd’hui, l’insertion professionnelle est primordiale pour les entreprises de demain. Cela se traduit par des actions et des mobilisations provenant d’associations, mais également du gouvernement et des entreprises elles-mêmes. Le monde du travail change et s’anime autour de l’inclusion professionnelle des personnes atteintes de trisomie 21

Contexte de l’insertion professionnelle des personnes porteuses de trisomie 21

L’insertion professionnelle des personnes porteuses de trisomie 21 a fait l’objet d’une attention croissante ces dernières années. Elle reflète une volonté sociétale d’inclusion et de reconnaissance de chacun. Les chiffres démontrent des avancées significatives, même si des difficultés persistent.

Une étude réalisée en 2021 par douze associations départementales en lien avec la Trisomie 21 a démontré quelques chiffres significatifs :

• 10,5% des répondants ont interrompu leur scolarité en milieu ordinaire ;
• 12,8% ont un diplôme type CAP et CFG ;
• 40,7% des participants travaillent ;
• et 79% d’entre eux ont déclaré vouloir travailler.

De plus, d’après une étude réalisée au Canada en 2022, les personnes en situations de handicap ont un taux d’emploi de 65 % contre 80 % pour le reste de la population active en Amérique du Nord. Ces résultats démontrent clairement une motivation des personnes atteintes de trisomie à vivre normalement.

Les entreprises adaptées, les établissements et services d’aide par le travail (ESAT) jouent un rôle crucial, proposant des opportunités professionnelles adaptées aux compétences et aux besoins spécifiques des personnes. Les secteurs d’emploi les plus courants incluent l’agriculture, la restauration, la logistique et le travail en ateliers protégés. Par exemple, de nombreux ESAT proposent des postes tels que l’entretien des espaces verts, l’artisanat ou encore la gestion de petits services logistiques.

Malgré ces progrès, l’accès à l’emploi reste une bataille pour beaucoup. Les obstacles incluent des préjugés persistants et notamment une méconnaissance des capacités réelles des personnes porteuses de trisomie 21.

Initiatives et programmes d’insertion pour les personnes atteintes de trisomie 21

Politiques publiques et programme d’insertion professionnelle

Les employeurs publics comptant au moins vingt agents qui ne respectent pas le taux d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés doivent verser une contribution annuelle aux FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique). Son objectif est d’accompagner les personnes vers l’emploi public et de les aider à maintenir leur activité professionnelle.

Depuis 2022, le programme « Faire entendre sa voix » organisé par Trisomie 21 France en collaboration avec France Travail a été propulsé sur le territoire. Il prévoit des formations, mais également des outils en faveur de l’insertion professionnelle en milieu ordinaire et des campagnes de sensibilisation pour des entreprises.

Les ESAT et entreprises adaptées

Les Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT) sont des établissements protégés qui permettent à ces personnes de travailler dans un environnement adapté à leurs besoins et compétences spécifiques. Toutefois, comme le rappelle le docteur Renaud Touraine, médecin généticien au CHU de Saint-Étienne et spécialiste de la trisomie 21, le travail dans les ESAT peut isoler les individus, car ils ne sont pas en contact avec des personnes ordinaires.

Initiatives innovantes et réussites d’insertion professionnelles de personnes trisomiques

L’insertion professionnelle des personnes atteintes de trisomie 21 se construit dès le plus jeune âge avec une éducation inclusive. Intégrer les enfants atteints de trisomie 21 dans les classes est essentiel pour leur offrir de meilleures opportunités de réussite à l’âge adulte.

Des initiatives comme le Café Joyeux, qui emploie des personnes trisomiques et autistes, illustrent cette inclusion. Lancé en 2017, ce café-restaurant à but non lucratif compte désormais 24 établissements dans des villes comme Paris, Lyon et New York. D’autres projets comme les « Rencontres du Papotin » et le film « Un petit truc en plus » sensibilisent le public aux capacités des personnes trisomiques à travers l’audiovisuel. Tandis que la compagnie de théâtre l’Oiseau-Mouche à Roubaix démontre des talents artistiques avec des tournées dans la France entière.

Pour sensibiliser davantage la population et promouvoir l’inclusion, les événements comme la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) et la Journée Nationale de la Trisomie 21 sont essentiels. Les World Down Syndrome Awards, organisés au niveau mondial, récompensent des projets qui améliorent la vie des personnes atteintes du syndrome de Down (l’autre nom de la trisomie 21).

L’association ACCESS accompagne les jeunes porteurs de trisomies 21 dans l’insertion professionnelle. Et des groupes comme Accor ont développé un programme spécifique pour accompagner leurs salariés atteints de trisomie 21.

Camille V.