L’intelligence artificielle dans la prévention du cancer colorectal
Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en France et l’un des plus meurtriers. La détection des polypes intestinaux au cours d’une coloscopie est l’un des aspects essentiels de la prévention, en particulier chez les personnes à risque. Mais tous les polypes ne seraient pas détectés au cours de cet examen. L’intelligence artificielle pourrait aider les médecins à mieux détecter ces lésions et ainsi à mieux prévenir le cancer colorectal.
Cancer colorectal et polypes intestinaux
Outre le dépistage organisé du cancer colorectal chez les personnes âgées de 50 à 74 ans, qui recherche la présence de sang dans les selles, la prévention de ce cancer repose sur un examen particulier, la coloscopie ou colonoscopie. Cet examen, réalisé sous anesthésie générale ou locorégionale, consiste à visualiser l’intérieur du côlon, du rectum et d’une partie de l’intestin grêle. Il permet au médecin de détecter des lésions intestinales, comme les polypes intestinaux.
La présence de polypes intestinaux est un indicateur majeur du risque de développer un cancer colorectal. Pourtant, cet examen ne permet pas de détecter 100 % des polypes présents. Les spécialistes estiment qu’au maximum 27 % des polypes sont détectés au cours d’une coloscopie, pour deux raisons principales :
- Les caractéristiques des polypes (taille, nature et localisation) ;
- Les capacités de détection du médecin.
Comment améliorer le taux de détection des polypes ? Des chercheurs se sont intéressés aux nouvelles technologies, et en particulier à l’intelligence artificielle.
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Une coloscopie couplée à un système d’intelligence artificielle
Les premières études menées sur l’intérêt de l’intelligence artificielle pour détecter les polypes intestinaux au cours d’une coloscopie ont abouti à des résultats prometteurs. Des chercheurs ont donc récemment entrepris une étude de plus grande envergure sur 1 058 personnes devant subir une coloscopie. Ces participants ont été aléatoirement répartis en deux groupes :
- Un groupe de 536 personnes ont subi une coloscopie standard, au cours de laquelle les polypes éventuels étaient détectés par le médecin effectuant l’examen ;
- Un groupe de 522 personnes pour lesquelles la coloscopie s’accompagnait d’une assistance automatique en temps réel, capable de détecter visuellement les polypes et d’avertir le médecin par une alarme sonore.
Au cours de l’étude, 767 polypes intestinaux ont été détectés, 65 % dans le groupe ayant bénéficié d’un système d’intelligence artificielle et 35 % dans le groupe contrôle. L’intelligence artificielle permettait d’augmenter significativement deux paramètres essentiels de la coloscopie :
- Le taux de détection des polypes intestinaux, ou adénomes ;
- Le nombre moyen de polypes détecté par patient.
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Plus de polypes détectés pour mieux prévenir le cancer colorectal
Plus précisément, l’intelligence artificielle utilisée dans le cadre d’une coloscopie a permis de mieux détecter deux types de lésions intestinales :
- Les adénomes minimes ;
- Les polypes hyperplasiques.
Parallèlement, les polypes intestinaux de grande taille semblaient aussi bien détectés avec ou sans le système d’intelligence artificielle.
Ces résultats nécessitent désormais d’être confirmés par des essais cliniques à grande échelle et dans plusieurs pays. Mais ils soulignent déjà l’intérêt de l’intelligence artificielle, en soutien des équipes médicales, pour mieux détecter certaines lésions intestinales. En effet, l’augmentation de 1 % du taux de détection des polypes serait associée à une diminution de 3 % du risque de cancer colorectal. D’où l’intérêt de développer l’intelligence artificielle dans ce domaine.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
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