Le rôle du microbiote dans le développement de la polyarthrite rhumatoïde
La qualité du microbiote intestinal semble de plus en plus souvent mise en cause dans le cas de maladies auto-immunes. Des chercheurs ont d’ailleurs récemment découvert que le développement de la polyarthrite rhumatoïde pourrait être associé à un déséquilibre de la flore intestinale.
Un lien établi entre microbiote intestinal et polyarthrite rhumatoïde
Des chercheurs de l’University College de Londres ont découvert lors d’une étude préclinique qu’il existerait un lien étroit entre la qualité du microbiote intestinal et l’inflammation des articulations dans les cas de polyarthrite rhumatoïde. Des déséquilibres de la flore intestinale, et notamment la prolifération de certaines mauvaises bactéries, pourraient en effet être associé à la maladie et jouer un rôle dans sa gravité.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique qui touche les articulations. Cette maladie auto-immune évolue généralement par poussées. Le corps fabrique des auto-anticorps qui attaquent la membrane synoviale des articulations. La maladie se traduit par une déformation et la destruction progressive des articulations touchées, plus généralement celles des mains et des pieds, même si d’autres organes peuvent également être touchés dans certaines formes rares de la maladie. La polyarthrite rhumatoïde pourrait être liée à plusieurs facteurs, notamment immunologiques, génétiques, hormonaux ou encore environnementaux sans que l’on sache réellement ce qui provoque la maladie. En France, environ 200 000 personnes sont touchées, principalement des femmes. La maladie se déclare le plus souvent au moment de la ménopause, entre 40 et 60 ans, mais peut également apparaitre avant 30 ans.
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La perméabilité de la paroi intestinale en cause
La maladie entraine un épaississement de la membrane synoviale et une production excessive de liquide synovial qui vient s’accumuler au niveau de l’articulation. Le cartilage est érodé petit à petit et s’amincit, l’os se déminéralise autour de l’articulation et les tendons et ligaments se retrouvent fragilisés et peuvent finir par rompre.
Mais comment des bactéries présentes dans les intestins peuvent-elles jouer un rôle sur l’inflammation des articulations ? Les mécanismes de cette interaction ne sont, il est vrai, pas encore clairs. Certaines études suggèrent que les bactéries ont la capacité d’influencer le développement des cellules inflammatoires responsables de l’arthrite. L’étude récente parue dans la revue Med propose quant à elle une autre hypothèse, qui se base sur l’observation d’un lien entre la gravité de la maladie et la présence de lésions dans la paroi intestinale. En effet, les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde semblent présenter des taux sanguins de certaines molécules, reconnues comme étant des marqueurs de lésions intestinales, plus élevés que chez les personnes non atteintes par la maladie.
La paroi intestinale agit habituellement comme une barrière pour protéger le corps contre certaines bactéries. Or, l’affaiblissement de cette paroi pourrait représenter une caractéristique de la maladie et notamment contribuer à son développement. Des tests réalisés sur des souris ont d’ailleurs montré qu’une perméabilité intestinale entrainait des signes d’arthrite grave. Mais l’interaction va plus loin, puisque d’autres essais ont montré que des souris atteintes d’arthrite voyaient leur cas s’améliorer lorsque la perméabilité intestinale était réduite.
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L’intestin, une cible thérapeutique pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ?
L’étude menée par les chercheurs de l’University College de Londres a montré que dans les cas d’arthrite, la muqueuse intestinale est sévèrement endommagée et que sa fonction de barrière n’est plus efficace. Ce type de lésion de la paroi intestinale engendre une accumulation de globules blancs au niveau de l’intestin, provoquant une inflammation.
Les bactéries peuvent ainsi traverser la paroi intestinale endommagée. L’importance de la perméabilité intestinale semble directement liée à la gravité de l’inflammation articulaire. Les mécanismes qui sous-tendent cette relation ne sont cependant pas encore bien compris. Les résultats de l’étude suggèrent cependant que l’intestin pourrait représenter une cible thérapeutique, comme le suggère les études sur les souris. En améliorant la qualité du microbiote intestinal et en réduisant sa perméabilité, il serait alors possible probablement de traiter efficacement la polyarthrite rhumatoïde.
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Morgane Gillard, rédactrice scientifique
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