Et si les gauchers pensaient différemment ?

Par |Publié le : 29 juin 2019|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

« Qu’est-ce que tu es gauche! « ,  « Mais, tu as deux mains gauches ?! » « Quel(lle) maladroit(e) ! « . Ces expressions résument à elle seule comment la société a perçu pendant trop longtemps les gauchers : des individus malhabiles, empruntés, voire gaffeurs ! Après avoir été contrariés pendant des dizaines d’années, les gauchers sont désormais libres d’utiliser leur côté gauche. Les neuroscientifiques s’intéressent particulièrement aux profils cognitifs et émotionnels des gauchers.

gauchers

Un traitement de l’information plus rapide

Dans le monde, les gauchers représentent environ 10 à 15% de la population. Et ceci depuis des milliers d’années. 12% des hommes sont gauchers et 9% des femmes sont latéralisés à gauche.

Comme ces statistiques restent stables, on comprend que le fait d’être gaucher est un comportement naturel, inscrit dans notre patrimoine génétique, et non pas un « défaut » comme certains psychologues ou spécialistes de l’éducation ont pu le faire croire pendant des centaines d’années.

À savoir ! On définit le gaucher par la main de l’écriture. Mais pas seulement, car on peut être gaucher du pied, de l’oreille ou de l’œil. On parle de gaucher homogène quand les fonctions visuelles, auditives, manuelles et pédestres sont toutes latéralisées à gauche. Ce sont leur hémisphère droit du cerveau qui est le plus développé située Les recherches archéologiques montrent qu’il y a 1,8 million d’années, les droitiers et gauchers cohabitaient déjà.

En 2006, une étude australienne a montré, contre toutes attentes, que les gauchers traitent les informations cognitives plus rapidement grâce des connexions neuronales plus efficaces entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du cerveau.

Aussi, le temps de réaction pourrait également être plus court car les données visuelles et spatiales sont traitées par le même hémisphère.

Cet avantage physiologique pourrait expliquer pourquoi certains gauchers sont très performants dans la compétition sportive et les jeux vidéo.

En effet, tandis que 15% de la population générale est gaucher, 25% des meilleurs joueurs de baseball, aux Etats-Unis, sont des gauchers. Les spécialistes expliquent ce phénomène par leur capacité à avoir des temps de réaction plus courts.

D’autres précisent que cette capacité à être performant dans les sports interactifs (boxe, escrime, base-ball, tennis) peut aussi s’expliquer par le fait que les gauchers soient capables de contrer plus facilement leurs adversaires droitiers, habitués à jouer contre d’autres droitiers.

Lire aussiLes gauchers sont-ils vraiment plus intelligents ?

Une créativité et une mémoire différentes de celle des droitiers

D’autres études sur la latéralité ont suggéré que les gauchers sont des personnes qui maîtrisent mieux la pensée divergente, autrement dit, la capacité à penser à de nombreuses solutions pour résoudre un seul problème.

Cette pensée divergente est une caractéristique cognitive de la créativité. A ce stade des études, une corrélation, et non pas un lien de causalité, a été montré entre ces deux facteurs: être gaucher et être créatif.

Cependant, on retrouve  les gauchers préférentiellement dans les professions faisant appel à la création et à l’innovation (musique, art, mathématiques, architecture).

Selon Chris McManus, psychologue de l’University College London et auteur du livre « Right-Hand, Left-Hand« , les cerveaux des gauchers ont un hémisphère droit plus développé, ce qui suggère une implication accrue dans la pensée créative.

D’autres études ont également mis en avant que, comparativement aux droitiers, les gauchers seraient plus performant pour mémoriser les faits passés (mémoire épisodique) tandis qu’ils seraient moins à l’aise pour se rappeler de certains automatismes (mémoire implicite).

Lire aussiComment « mieux vivre avec ses émotions »

Les gauchers peuvent aussi se heurter à un environnement non adapté

L’environnement moderne ne facilite pas la vie des gauchers : conduite, lecture et écriture, objets du quotidien sont conçus pour les droitiers.

La lecture et l’écriture, par exemple, ne sont pas forcément aisés pour les gauchers.

En effet, les lecteurs qui ont un œil directeur du côté gauche doivent s’adapter à la lecture de gauche à droite. Dans ce contexte, la lecture est souvent plus lente, car interrompue fréquemment.

Par conséquent, leur concentration, leur compréhension et leur mémoire peuvent être impactées par ce sens de lecture. On retrouve chez ces enfants des symptômes semblables à ceux retrouvés chez les dyslexiques.

Pour ceux écrivant avec la main gauche, les problèmes sont aussi nombreux.

En devant écrire de gauche à droite, il positionne souvent leur poignet en col de cygne.

Conséquence : l’écriture est plus lente et moins lisible. On peut retrouver les mêmes troubles que ceux observés dans la dysgraphie.

Sans oublier que ces difficultés d’adaptation peuvent se répercuter sur le bien-être physique en engendrant des douleurs ophtalmiques, des scolioses, des migraines et des douleurs articulaires.

Lire aussiDyslexie : la faute à l’anatomie des yeux ?

Julie P. Journaliste scientifique

– How Left-Handed People Think And Feel Differently. Huffington Post. Consulté le 24 juin 2019.
– Gaucher: avantage ou inconvénient? Cerveau & Psycho. Consulté le 24 juin 2019.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Julie P.
Journaliste scientifique
Journaliste scientifique. Spécialiste de l'information médicale. Passionnée par l'actualité scientifique et les nouvelles technologies. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.