Quels liens entre l’endométriose et les troubles thyroïdiens ?
Environ 10 % des femmes en France seraient concernées par l’endométriose, une maladie gynécologique chronique particulièrement douloureuse. Aujourd’hui, les causes et les mécanismes pathologiques de cette maladie restent encore à éclaircir. Parmi les hypothèses avancées par les spécialistes, figure l’auto-immunité.
Endométriose et troubles thyroïdiens auto-immuns
Les causes exactes de l’endométriose restent encore à préciser. Différentes étiologies sont avancées, mais aucune ne suffit à elle seule à expliquer le développement de cette maladie :
- Le reflux menstruel rétrograde (inversion du flux sanguin), mais seulement 10 % des femmes présentant un reflux menstruel rétrograde développent une endométriose ;
- Une prédisposition génétique ;
- Certains facteurs environnementaux ;
- L’auto-immunité.
L’auto-immunité est explorée, notamment en raison du lien mis en évidence entre l’endométriose et certaines maladies auto-immunes, comme les dysthyroïdies, qui comprennent :
- L’hyperthyroïdie ;
- L’hypothyroïdie.
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Un lien démontré chez la souris
Parallèlement à l’association entre l’endométriose et des troubles thyroïdiens auto-immuns, un autre constat soutient l’hypothèse d’une origine auto-immune de l’endométriose : les hormones thyroïdiennes peuvent influencer certaines maladies obstétriques ou gynécologiques.
Dans une récente étude, des chercheurs français ont cherché à décrypter le mécanisme pathologique reliant l’endométriose et les troubles thyroïdiens. Ils ont utilisé un modèle animal, la souris, pour étudier l’effet des hormones thyroïdiennes sur les cellules ectopiques (cellules utérines dérivant de l’endomètre, qui s’implantent ailleurs que dans l’endomètre).
Les résultats de cette étude ont mis en évidence que les cellules ectopiques issues de biopsies d’endométriose expriment des médiateurs thyroïdiens. En laboratoire, ces cellules réagissent de manière variable, en fonction des hormones thyroïdiennes produites :
- La TSH (Thyroïd Stimulating Hormon ou thyréostimuline) a des propriétés prolifératives et pro-oxydantes ;
- La T3 (tri-iodothyronine) et la T4 (thyroxine) provoquent la prolifération des cellules ectopiques et contribuent au stress oxydant.
En étudiant en parallèle trois modèles différents de souris, les chercheurs ont confirmé que les hormones thyroïdiennes contribuent à l’aggravation de l’endométriose. Ces résultats restent à démontrer chez la femme.
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Troubles thyroïdiens et sévérité de l’endométriose
Par la suite, les chercheurs ont étudié le lien potentiel entre les troubles thyroïdiens et la sévérité clinique de l’endométriose. Ils ont ainsi comparé les données de 569 femmes atteintes d’endométriose avec celles de 32 femmes présentant à la fois une endométriose et une dysthyroïdie.
Les résultats ont révélé que les femmes atteintes de dysthyroïdie souffraient d’une forme plus sévère d’endométriose que les femmes avec une fonction thyroïdienne normale. Plus précisément, cette étude souligne l’importance de surveiller plus étroitement une catégorie de femmes à risque de forme sévère d’endométriose : les femmes atteintes d’endométriose et d’une thyroïdite d’Hashimoto. Chez ces femmes, le traitement de la thyroïdite doit être particulièrement contrôlé, pour ne pas risquer d’aggraver l’endométriose. La fonction thyroïdienne des femmes présentant une endométriose doit également faire l’objet d’une surveillance médicale régulière.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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