L’influence du sommeil sur la perte de poids
Le sommeil est indispensable pour une bonne santé physique et mentale. Mais quel est son impact sur notre poids ? Une étude de l’université de Chicago vient de confirmer, une fois de plus, que le sommeil peut être un allié précieux pour maintenir son poids de forme ou perdre quelques kilos. Revenons, en détail, sur la méthodologie et les résultats de ces travaux cliniques.
Horloge biologique et obésité
La génétique et l’environnement sont des champs investigués par les chercheurs pour mieux comprendre les mécanismes de l’obésité. Ce que l’on sait moins c’est que l’horloge biologique, l’horloge située dans le cerveau qui contrôle l’activité cyclique des organes sur 24 heures, est également un facteur qui est analysé de près pour mieux élucider les ressorts du surpoids et de l’obésité.
Plusieurs études mondiales ont montré qu’une perturbation de cette horloge biologique augmente le risque de surpoids et d’obésité. Ces dérèglements peuvent être causés par de nombreux comportements non appropriés ou « non naturels » comme le travail de nuit, une durée insuffisante de sommeil ou des repas non réguliers ou pris tard dans la soirée.
D’un point de vue physiologique, la perturbation de l’horloge biologique provoque des dysfonctionnements au niveau du métabolisme, du système immunitaire ou du contrôle de l’appétit dans le système nerveux central.
La méthodologie de l’étude américaine
Un constat est à retenir : une courte durée de sommeil a été reconnue comme un facteur de risque d’obésité. Mais, est-ce que l’allongement de la durée du sommeil peut atténuer ce risque de surpoids et même favoriser le maintien de son poids de forme ou la perte de kilos excédentaires ?
C’est en se posant ces questions que des chercheurs de l’université de Chicago et de l’université Wisconsin-Madison, sous la supervision de Dale Schoeller, ont réalisé un essai clinique randomisé pendant 6 ans (2014 à 2020) incluant 80 volontaires âgés de 21 à 40 ans et en surpoids (leur indice de masse corporelle était compris entre 25 et 29,9).
Leur point commun ? Avant l’étude, ils ne dormaient que 6 heures et 30 minutes par nuit.
Concrètement, ils ont été divisés en deux groupes de 40 personnes. Le premier était invité, et accompagné sur plusieurs semaines avec des conseils personnalisés, pour augmenter leur durée de sommeil à 8 heures 30 minutes par nuit tandis que le deuxième (groupe témoin) devait garder ses habitudes et ne dormir que 6 heures 30 minutes par nuit.
Tous les participants ont été invités à poursuivre leurs activités quotidiennes à la maison sans régime ni activité physique prescrits. Aucun des participants n’utilisait d’agents antihypertenseurs ou hypolipémiants, ni de médicaments sur ordonnance pouvant affecter le sommeil ou le métabolisme.
Le sommeil, un allié précieux pour perdre du poids
Quelles sont les observations après 6 ans de suivi ?
La durée du sommeil a augmenté en moyenne de 1,2 heure par nuit dans le groupe de prolongation du sommeil par rapport au groupe témoin.
Le groupe de prolongation du sommeil a connu une diminution significative de l’apport énergétique par rapport au groupe témoin, avec une moyenne de 270 kcal/jour en moins. Certains participants à l’étude ont même consommé 500 calories de moins par jour après avoir amélioré leur sommeil.
Autre observation : le changement de la durée du sommeil était inversement corrélé au changement de l’apport énergétique.
Plusieurs raisons expliqueraient ce phénomène de corrélation :
- Le temps passé en plus à dormir est du temps passé en moins à manger ;
- Une personne reposée est davantage consciente de ce qu’elle mange en qualité et en quantité ;
- La fatigue entraîne une activité physique moins régulière ;
- Une sécrétion plus importante de leptine qui aide à contrôler sa prise alimentaire.
Mécaniquement, cette baisse quotidienne d’apport en calories a entraîné une perte de poids dans le groupe de prolongation du sommeil par rapport au groupe témoin.
Les résultats montrent qu’une heure de sommeil supplémentaire chaque nuit permettrait aux adultes en surpoids de perdre jusqu’à 12 kg sur trois ans à condition d’avoir une hygiène de sommeil rigoureuse.
Pour les chercheurs, les programmes nationaux de prévention du surpoids et de l’obésité devraient comporter, en plus d’un encouragement à modifier nos habitudes alimentaires et à augmenter nos activités de dépenses énergétiques (lutte contre la sédentarité), un volet sur le sommeil. En mettant en avant la nécessité d’améliorer son sommeil et de maintenir des durées de sommeil importantes, au-delà de 7 heures par nuit.
– Effect of Sleep Extension on Objectively Assessed Energy Intake Among Adults With Overweight in Real-life Settings. jamanetwork.com. Consulté le 03 décembre 2024.
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