Incontinence fécale (incontinence anale)

Par |Publié le : 23 décembre 2024|Dernière mise à jour : 9 janvier 2025|5 min de lecture|

Moins connue que l’incontinence urinaire, l’incontinence fécale serait pourtant un problème de santé fréquent, pouvant fortement impacter la qualité de vie des patients et de leur entourage. Décrite comme la perte incontrôlée de selles et/ou de gaz, elle peut survenir à tous les âges de la vie et dans différents contextes. Une prise en charge adaptée est nécessaire pour mettre en place les traitements et améliorer la qualité de vie des patients.

Incontinence fécale

Qu’est-ce que l’incontinence fécale ?

L’incontinence fécale se définit comme la perte incontrôlée de selles et/ou de gaz dans une situation inappropriée (c’est-à-dire toute situation où il n’est pas socialement admis d’émettre des selles). L’incontinence fécale – parfois appelée incontinence anale – peut survenir à tous les âges de la vie, même si elle a souvent une origine différente en fonction de l’âge. L’incontinence fécale peut être ponctuelle, transitoire ou devenir chronique.

À savoir !Incontinence fécale et incontinence urinaire peuvent être liées dans certaines situations, mais ces deux formes d’incontinence peuvent aussi survenir de manière indépendante.

Chez le nourrisson, l’incontinence fécale est physiologique puisque dans les premiers mois de vie, l’enfant ne contrôle pas ses sphincters. Avec l’acquisition de la propreté, l’enfant devient continent, c’est-à-dire qu’il contrôle ses émissions d’urines et de selles. Parfois, dans certains contextes souvent d’ordre psychologique, l’enfant peut présenter une incontinence urinaire – qu’on appelle l’énurésie – et/ou une incontinence fécale, qui s’appelle l’encoprésie. Chez l’enfant comme chez l’adulte, l’incontinence fécale est anormale et doit donc amener à rechercher sa cause. Elle est souvent perçue comme une situation dégradante, handicapante et stigmatisante.

Quelles sont les causes de l’incontinence fécale ?

L’incontinence fécale ne serait pas un phénomène rare, surtout en ce qui concerne l’émission incontrôlée de gaz. L’émission incontrôlée de selles reste plus rare. Généralement, les personnes décrivent une incontinence fécale ponctuelle, qui survient moins d’une fois par mois. Mais chez certaines personnes, elle devient plus fréquente, voire systématique, impactant fortement l’estime de soi et la qualité de vie.

Les causes de l’incontinence fécale peuvent être multiples :

  • L’âge : chez le sujet âgé, le contrôle des sphincters devient moins efficace et l’incontinence fécale peut survenir, plus ou moins fréquemment ;
  • Une descente d’organes ou prolapsus génito-urinaire ;
  • Des troubles du transit, qu’il s’agisse d’une constipation chronique ou de diarrhées ;
  • Une atteinte du sphincter anal, faisant suite par exemple à des séances de radiothérapie ou à une maladie intestinale ;
  • Une atteinte du rectum, en lien avec un traumatisme – par exemple lors de l’accouchement ou d’un accident de la voie publique -, une chirurgie (notamment la chirurgie des hémorroïdes) ou un trouble neurologique.
À savoir !Dans la sclérose en plaques (SEP), des troubles sphinctériens sont fréquemment observés. L’incontinence fécale est présente chez de nombreux patients.

Par ailleurs, en particulier lorsque l’incontinence fécale est ponctuelle, certains facteurs ou situations peuvent augmenter le risque d’incontinence. Il peut s’agir notamment de la consommation de certains aliments ou encore d’une fatigue ou d’un stress.

Que faire en cas d’incontinence fécale ? L’importance du diagnostic

Souffrir d’incontinence fécale – même ponctuellement – peut fortement nuire à la qualité de vie. Il est donc important d’en parler avec le médecin traitant. Il pourra établir le diagnostic de l’incontinence fécale et en rechercher la ou les causes, mais aussi en identifier d’éventuels facteurs favorisants. Il procède notamment à un examen clinique complet :

  • Un examen proctologique, avec un toucher rectal ;
  • Un examen neurologique ;
  • Chez les femmes, un examen gynécologique.

En fonction des contextes, le médecin peut prescrire des examens complémentaires pour évaluer et rechercher la cause de l’incontinence anale :

  • Une manométrie anorectale permet de mesurer les pressions anales et ainsi d’évaluer l’efficacité du sphincter anal ;
  • Une échographie endo-anale permet d’explorer l’anatomie de la région anale et de mettre en évidence une éventuelle anomalie ;
  • Des explorations neurophysiologiques pour rechercher une cause neurologique.

Le diagnostic et la recherche de la cause de l’incontinence fécale sont essentiels pour mettre en place un traitement adapté.

Quels sont les traitements en cas d’incontinence fécale ?

Une prise en charge médicale adaptée peut le plus souvent améliorer l’incontinence fécale. Elle dépend étroitement de la cause, de la fréquence et de la sévérité de l’incontinence. Dans un premier temps, des mesures hygiéno-diététiques sont mises en place à deux niveaux, d’une part pour réguler le transit intestinal, d’autre part pour éduquer ou rééduquer à la défécation. Une vigilance particulière est nécessaire sur l’alimentation, qui doit être équilibrée et variée et apporter suffisamment de fibres. Pour limiter l’émission incontrôlée de gaz, certains aliments – favorisant les ballonnements – doivent être évités ou limités. Si besoin des médicaments peuvent être prescrits pour réguler le transit (des laxatifs par exemple) ou permettre l’émission régulière de selles. Le médecin indique aussi aux patients les règles à suivre pour une bonne hygiène défécatoire.

Parallèlement, il est important de tonifier le périnée et la région anale. Des exercices peuvent être conseillés pour contracter volontaire l’anus. Parfois, une rééducation du périnée et du sphincter anal est nécessaire et fait appel à des séances de kinésithérapie.

Dans les formes plus sévères d’incontinence fécale, un recours à la chirurgie peut être proposé aux patients. Il existe différentes techniques chirurgicales, qui peuvent être schématiquement divisées en deux catégories :

  • Des techniques visant à améliorer la fonction anale sans modification de l’anatomie ;
  • Des techniques visant à remplacer un sphincter anal défaillant.

Enfin, lorsqu’aucun traitement ne permet de contrôler l’incontinence fécale et qu’elle impacte fortement la qualité de vie, une stomie définitive peut être envisagée.

Sources
– Société Nationale Française de Colo-Proctologie. Incontinence fécale.. www.snfcp.org. Consulté le 13 décembre 2024..
– Hôpitaux Universitaires de Genève. Incontinence anale.. www.hug.ch. Consulté le 13 décembre 2024..
– P. Ansari. Manuel MSD. Incontinence fécale. Janvier 2023. . www.merckmanuals.com. Consulté le 13 décembre 2024..

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Aurélien K