Deux nouvelles molécules pour lutter contre les maladies auto-inflammatoires

Par |Publié le : 24 juillet 2018|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

Quand le système immunitaire inné présente une altération de son fonctionnement, des maladies auto-inflammatoires peuvent se développer et toucher tout l’organisme ou un organe spécifique. Récemment, des chercheurs suisses ont découvert deux molécules pharmacologiques pouvant inhiber la protéine STING et ainsi stopper la dérégulation du système immunitaire. Zoom sur ces travaux.

 

Bouclier contre les antivirus.

Quand l’immunité innée s’emballe

Le système de défense de l’organisme agit selon deux modalités et on distingue :

  • Le système immunitaire inné qui constitue la première ligne de défense de l’organisme contre les microbes, les poussières et certains produits chimiques ;
  • Le système immunitaire adaptatif qui est plus lent, mais plus spécifique. Ce système de défense possède une capacité de mémorisation des agents pathogènes avec qui il a été en contact précédemment (c’est sur cette forme de « mémoire » du système immunitaire que le principe du vaccin repose en mettant l’organisme au contact d’un antigène spécifique).

Ici, dans cette étude, les scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) se sont intéressés à l’un des mécanismes cellulaires du système immunitaire inné.

Des cellules immunitaires s’organisent pour identifier rapidement les motifs moléculaires provenant des virus et des bactéries et contre-attaquer pour les éliminer.

Dans la majeure partie des cas, la stratégie de reconnaissance de l’agent pathogène repose sur la détection de l’ADN microbien grâce à des récepteurs spécifiques présents sur leurs membranes cellulaires.

Une fois l’appariement ADN microbien-récepteur de cellules immunitaire, une protéine est activée, la protéine STING (stimulateur de gènes d’interférons). Son rôle ? Elle active un ensemble de gènes qui produisent des molécules de signalisation (cytokines) aidant les cellules de défense de l’organisme à lutter contre la bactérie.

Cependant, ce système immunitaire inné peut se retourner contre l’organisme lui-même et s’activer malgré l’absence de pathogènes.

Par la suite, cette défaillance est la porte ouverte pour la survenue d’un certain nombre de maladies appelées «auto-inflammatoires» caractérisées par des phases de poussées et de rémissions.

À savoir ! La réaction inflammatoire est la première réponse qui se produit dans le tissu, suite à une agression (microbe, radiations ou brûlure). Il s’agit généralement d’un processus bénéfique et essentiel pour qu’une réponse immunitaire puisse se mettre en place. Elle est caractérisée par une rougeur, par un oedème, par de la chaleur, ou bien encore par des douleurs et des pertes de fonction. Cependant, elle peut être néfaste si elle est inadaptée ou mal contrôlée. Dans ce cas, la réaction inflammatoire est agressive et maintenue, ce qui conduit à une inflammation chronique et pathologique. La polyarthrite rhumatoïde est une maladie mixte (auto-inflammatoire et auto-immune). Le diabète, l’obésité, l’athérosclérose et la mucoviscidose ou le cancer sont également des pathologies dans lesquelles la composante d’auto-inflammation joue un rôle prépondérant.

Lire aussiPolyarthrite rhumatoïde : un nouveau traitement à l’étude

Deux molécules capables de bloquer la protéine STING

Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont utilisé un test de criblage pour trouver des molécules capables de supprimer l’activité de la protéine STING.

À savoir ! Un test de criblage correspond, ici, à déterminer quelle portion de la protéine STING est la cible des composés pharmaceutiques.

À partir de ces molécules, l’équipe a extrait deux groupes de petites molécules qui peuvent bloquer la protéine STING.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont utilisé ces composés sur des souris porteuses de mutations génétiques induisant une activation de la protéine STING. Résultats ? Le traitement avec l’une ou l’autre classe de molécules a réduit les caractéristiques pathogènes présents chez la souris.

Ensuite, en testant ces mêmes molécules, in vitro sur des cellules humaines, les chercheurs ont confirmé leurs résultats.

« Au-delà des syndromes auto-inflammatoires monogènes spécifiques, le système immunitaire inné intervient dans des maladies « inflammatoires» beaucoup plus larges, nous sommes donc impatients d’en savoir plus sur le rôle de la protéine STING dans les maladies humaines » a précisé Andrea Blasser, responsable de cette étude dans un communiqué de presse de l’EPFL.

En parallèle de leurs prochains essais cliniques, les scientifiques ont déposé des demandes de brevet pour ces molécules inhibitrices de la protéine STING.

Lire aussiUn lien entre le virus de la mononucléose et les maladies auto-immunes

Julie P., Journaliste scientifique

– Nouvelle piste pour le traitement des maladies auto-inflammatoires. EPFL. N. Papageorgiou. Consulté le 16 juillet 2018.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Julie P.
Journaliste scientifique
Journaliste scientifique. Spécialiste de l'information médicale. Passionnée par l'actualité scientifique et les nouvelles technologies. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.