IST : un nouvel antibiotique contre la gonorrhée
L’incidence de la gonorrhée ou blennorragie, infection sexuellement transmissible due à l’infection par le gonocoque, est en augmentation depuis quelques années en France. De plus en plus de souches bactériennes se révèlent parallèlement résistantes aux antibiotiques utilisés jusque-là. Un nouvel antibiotique, actuellement en cours de développement, pourrait s’avérer un candidat prometteur pour le traitement futur de la gonorrhée.
Gonorrhée et antibiorésistance
La gonorrhée, ou blennorragie, parfois appelée la chaude-pisse, est l’une des infections ou maladies sexuellement transmissibles qui préoccupent le plus les autorités de santé publique actuellement. En effet, depuis plusieurs années, l’incidence de cette infection bactérienne est en constante augmentation. Parallèlement, la bactérie responsable, le gonocoque, est de plus en plus résistante aux antibiotiques disponibles.
Dans ce contexte, le développement de nouvelles substances antibiotiques suscite un vif intérêt pour mettre au point de nouveaux traitements de cette infection sexuellement transmissible (IST). Un antibiotique en cours de développement, la zolidoflacine, a récemment fait l’objet d’une étude clinique de phase 2 pour évaluer son intérêt dans le traitement de la gonorrhée.
L’étude a été menée sur 179 personnes adultes, âgées de 18 à 55 ans, dont 167 hommes. Tous les participants se trouvaient dans l’une des situations cliniques suivantes :
- Une gonorrhée urogénitale non compliquée ;
- Des symptômes de gonorrhée urogénitale ;
- Des relations sexuelles avec une personne atteinte de gonorrhée urogénitale.
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Un nouvel antibiotique efficace contre le gonocoque
Les participants de cette étude ont été aléatoirement répartis en trois groupes :
- Un groupe traité par une dose unique de zolidoflacine 2 g par voie orale ;
- Un groupe traité par une dose unique de zolidoflacine 3 g par voie orale ;
- Un groupe traité par une dose unique de ceftriaxone 500 mg en injection intramusculaire (traitement antibiotique de référence).
Sur l’ensemble des participants, 141 présentaient une gonorrhée urogénitale, 23 un portage pharyngé (présence du gonocoque dans le pharynx) et 15 un portage anal (présence de la bactérie au niveau de l’anus).
L’efficacité microbiologique (disparition du gonocoque) de la zolidoflacine contre la gonorrhée urogénitale était de 96 % pour les deux dosages, contre 100 % avec la ceftriaxone. Dans les trois groupes, le portage anal était supprimé grâce aux deux antibiotiques. Dans le cas du portage pharyngé, la zolidoflacine a permis de traiter 50 % des patients concernés, contre 100 % avec le traitement de référence. Sur le plan de l’efficacité clinique (disparition des symptômes), elle était respectivement de 91 à 94 % pour les deux dosages de zolidoflacine et de 96 % pour la ceftriaxone.
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Une efficacité et une tolérance satisfaisantes
Selon ces résultats, la zolidoflacine ferait preuve d’une efficacité intéressante sur les localisations urogénitales et anales de la gonorrhée, par rapport au traitement antibiotique de référence. La tolérance de ce nouvel antibiotique semble satisfaisante, avec seulement 21 participants qui ont présenté des effets indésirables imputables à l’antibiotique, en particulier des troubles gastro-intestinaux.
D’autres études s’avèrent nécessaires pour confirmer l’intérêt de la zolidoflacine, notamment chez les femmes et en cas de portage anal, ces deux situations étant peu représentées dans l’étude. Des essais cliniques à plus grande échelle sont également à envisager.
Si ces premiers résultats se confirment, la zolidoflacine pourrait à l’avenir devenir un nouveau traitement de la gonorrhée. Son association avec un autre antibiotique devra être évaluée, pour limiter le développement de bactéries résistantes. Conscientes de l’intérêt de ce nouvel antibiotique, l’agence américaine du médicament a conféré à la zolidoflacine un statut particulier, qui permet d’accélérer son développement clinique.
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