Plantes et médicaments : des liaisons parfois dangereuses !

Par |Publié le : 22 février 2018|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

De plus en plus de personnes ont recours aux plantes pour se soigner. Mais la phytothérapie est-elle sans risques, surtout si elle est associée avec des médicaments ? Une nouvelle étude, dont les résultats sont publiés dans la revue scientifique The British Journal of Clinical Pharmacology, souligne la gravité de certaines interactions entre plantes et médicaments et la nécessité de mieux sensibiliser la population sur ces risques.

plantes et médicaments

Une sensibilisation nécessaire

Depuis quelques années, la phytothérapie revient en force. Nombreux sont ceux qui utilisent les plantes pour soigner les petits maux du quotidien ou compléter les traitements de pathologies plus lourdes. Mais associer plantes et médicaments n’est pas aussi anodin que beaucoup pourraient le penser. En effet, certaines plantes interagissent avec les médicaments et sont susceptibles d’en modifier l’action ou l’efficacité.

Récemment, des chercheurs ont analysé 49 signalements de cas et 2 études relatant 15 cas de réactions indésirables à un médicament. De cette analyse, ils ont mis en évidence que les patients sous traitement médicamenteux présentaient un risque d’interactions importantes en prenant des produits à base des plantes suivantes :

  • Ginkgo biloba;
  • Ginseng ;
  • Millepertuis ;
  • Thé vert.

Ces plantes sont en effet susceptibles de modifier les propriétés pharmacologiques de certains médicaments.

Les chercheurs ont relevé des interactions significatives chez des patients traités par des anticoagulants ou des statines (médicaments contre l’excès de cholestérol) avec des plantes telles que la sauge, les graines de lin, le millepertuis, la canneberge, le goji, le thé vert ou la camomille.

Par ailleurs, des cas d’interactions plantes-médicaments ont été notifiés chez des patients atteints de pathologies parfois graves :

  • Des patients atteints de dépression ;
  • Des personnes porteuses du VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine) ;
  • Des patients ayant reçu une greffe d’organe ;
  • Des patients atteints d’un cancer.

Les auteurs de l’étude soulignent l’importance d’une sensibilisation renforcée de la population sur cet enjeu majeur de santé publique. En effet, des cas de rejet aigu de greffe de cœur, de rein ou de foie ont été rapportés chez des patients ayant pris du millepertuis, en parallèle de leur traitement immunosuppresseur.

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La phytothérapie : dénuée de tout risque ?!

Certains composants présents dans les plantes peuvent modifier les propriétés pharmacologiques des médicaments, par exemple leur efficacité, leur élimination ou leur vitesse d’action. Les plantes et les médicaments peuvent ainsi s’influencer mutuellement.

L’une des plantes les plus connues pour ses interactions avec les médicaments est le millepertuis. Cette plante est capable d’augmenter le métabolisme de certains médicaments et ainsi d’en réduire l’efficacité thérapeutique. Pris avec d’autres médicaments, elle peut au contraire en accroître l’efficacité. Ainsi, le millepertuis ne doit jamais être pris de manière concomitante avec un grand nombre de médicaments, tels que les anticoagulants, certains antiépileptiques ou les pilules contraceptives.

Une autre plante largement impliquée dans les interactions avec les médicaments est le Ginkgo biloba. Selon les médicaments, il peut provoquer une augmentation de l’action thérapeutique (par exemple avec les anticoagulants), ou au contraire une diminution (par exemple avec certains antirétroviraux).

Même un simple jus de pamplemousse peut perturber le mode d’action de certains médicaments.

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Plantes et médicaments : des interactions à prévenir

Face aux risques de telles interactions, faut-il impérativement s’abstenir de prendre des médicaments de phytothérapie en parallèle de traitements conventionnels ? Pas nécessairement. Pour éviter de s’exposer à tout risque, il est recommandé de demander conseil, soit au médecin au moment de la prescription, soit au pharmacien, en cas d’association d’un traitement classique et d’un traitement à base de plantes.

De plus, il est conseillé de surveiller la survenue de certains signes, tels que des effets indésirables inhabituels ou la modification de l’efficacité du traitement médicamenteux.

Plantes et médicaments peuvent être combinés dans un but thérapeutique, à condition de bien connaître les risques potentiels de leur association et de ne pas sous-estimer les effets parfois puissants des plantes.

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Médicaments à base de plantes – Quels sont les risques? ANSM. Consulté le 5 février 2018.
– Critical Evaluation of Causality Assessment of Herb-Drug Interactions in Patients. Awortwe, C. and al. 2018. Br J Clin Pharmacol. doi: 10.1111/bcp.13490.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.