Prise d’antiépileptiques chez les séniors : un risque cardiovasculaire multiplié par deux

Par |Publié le : 21 octobre 2024|Dernière mise à jour : 23 octobre 2024|4 min de lecture|

D’après une étude canadienne, les personnes épileptiques de plus de 65 ans sans problèmes cardiaques ou vasculaires ont un risque 2,2 fois plus élevé d’être victimes d’un évènement cardiovasculaire. Focus sur les conclusions de ces travaux.

sénior et soignant

Le traitement médicamenteux de l’épilepsie

La prise en charge médicamenteuse de l’épilepsie dépend du type d’épilepsie (sans cause ou épilepsie associée à une autre affection), de l’âge, du sexe, des caractéristiques des crises, des situations particulières (femmes en âge de procréer) et des préférences du patient.

Les médicaments utilisés sont des antiépileptiques (appelés aussi anticonvulsivants).

Ils permettent de réduire l’intensité ou la fréquence des crises, voire de les faire disparaître. Ces médicaments sont efficaces dans environ 70 % des épilepsies. Pour les 30% restant, on parlera d’épilepsies réfractaires aux traitements.

Les médicaments antiépileptiques les plus couramment utilisés chez l’adulte sont : le valproate de sodium, la lamotrigine, la carbamazépine, l’oxcarbazépine, la gabapentine, le topiramate, le lévétiracétam.

Les autres antiépileptiques plus récemment développés (deuxième génération) sont le tiagabine, le vigabatrine, la prégabaline, le zonisamide, le lacosamide, l’eslicarbazépine,le rufinamide ou encore le brivaracétam.

Le médecin réévalue régulièrement le traitement médicamenteux, car l’épilepsie peut évoluer et même guérir.

Un risque doublé d’évènements cardiovasculaires

Pour réaliser cette étude, les chercheurs, encadrés par Mark Keezer du Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, ont suivi pendant 6 ans plus de 27 000 individus, dont 431 épileptiques.

L’âge moyen était de 62,3 ans et aucun d’entre eux n’avait subi précédemment un dysfonctionnement cardiovasculaire.

Les chercheurs et cliniciens ont donc consigné et quantifié chez tous les volontaires, entre 2015 et 2021, la survenue de différents évènements cardiovasculaires, dont les accidents vasculaires cérébraux, les accidents ischémiques transitoires et les infarctus du myocarde.

L’ensemble de ces évènements cardiovasculaires a été rapporté chez 11,9 % des personnes épileptiques contre 5,4 % en population générale.

Ainsi, les personnes épileptiques ont 2,2 fois plus de risque de développer un événement cardiovasculaire que les individus ne souffrant pas d’épilepsie.

Les inducteurs enzymatiques forts : un facteur aggravant

Pour aller plus loin, les chercheurs se sont intéressés aux types de traitements médicamenteux pris par les  patients épileptiques.

Leurs analyses statistiques mettent en évidence que la prise d’un inducteur enzymatique fort (carbamazépine, phénytoïne, phénobarbital et primidone) est en lien avec 24.6% des événements cardiovasculaires.

À savoir ! Un médicament de type « inducteur enzymatique » augmente l’activité de très nombreux systèmes enzymatiques de l’organisme.

Pour information, ces antiépileptiques anciens (phénobarbital, phénytoïne, primidone) sont de moins en moins utilisés dans le traitement de fond de l’épilepsie compte tenu de leurs interactions avec d’autres médicaments et de leur mauvaise tolérance (somnolence notamment).

La médicamentation à base d’un inducteur enzymatique faible (oxcarbazépine, eslicarbazépine, topiramate et rufinamide) expliquerait quant à elle 4% des événements cardiovasculaires.

Ainsi, chez les séniors, l’usage de la classe d’antiépileptiques « inducteurs enzymatiques » serait responsable de 28.6% des cas de survenue d’événements cardiovasculaires.

Même si d’autres études sont nécessaires pour évaluer l’impact de la durée des traitements à base d’inducteurs enzymatiques sur le risque de survenue d’un événement cardiovasculaire, les chercheurs concluent avec un principe de précaution.

Selon eux, ces données doivent être considérées lors de la prescription d’un traitement pour les patients épileptiques de plus de 65 ans.

Sources
– Le risque cardiovasculaire double pour les seniors épileptiques. www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 08 octobre 2024.
– Antiseizure Medications and Cardiovascular Events in Older People With Epilepsy. jamanetwork.com. Consulté le 08 octobre 2024.
– Les médicaments contre l’épilepsie. www.vidal.fr. Consulté le 08 octobre 2024.

 

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Julie P.
Journaliste scientifique
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