Le problème des bébés à têtes plates
Le 31 juillet dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) annonçait sa volonté d’élaborer des documents d’informations, tant à destination des professionnels de santé que du grand public, sur les bébés à têtes plates aussi appelée la plagiocéphalie.
Les bébés à têtes plates : une question de santé publique
La récente initiative de la HAS résulte, en vertu de la procédure du « droit d’alerte » issue de la loi Santé de 2016, de sa saisie par l’association Le Lien chargée de la défense des patients. Cette dernière considère la plagiocéphalie comme étant une véritable question de santé publique. En effet, outre l’aspect inesthétique, l’affection peut être à l’origine de problèmes plus graves comme une scoliose ou une déformation de la mâchoire.
La plagiocéphalie est une déformation du crâne de l’enfant qui est encore en croissance. Elle est provoquée par une pression mécanique sur la tête du nourrisson, avant, pendant ou après l’accouchement.
Les os du crâne chez le nourrisson n’étant pas encore soudés entre eux, il est donc malléable, facilement déformable et donc très fragile. Et, selon Le Lien, une position allongée prolongée sur le dos favorise le risque de bébés à têtes plates. Ainsi, l’association remet en cause le couchage des nourrissons que les autorités de santé recommandent depuis plus de 20 ans afin d’éviter les risques de morts par étouffement (aussi appelées « morts subites du nourrisson »). Le Lien propose d’alterner le couchage de l’enfant entre côté droit et côté gauche.
Une opinion qui ne fait visiblement pas l’unanimité puisque l’association nationale des centres référents sur la mort inattendue du nourrisson (Ancremin) s’alarme d’une potentielle remise en question de la position de couchage sur le dos. L’association s’est ainsi exprimée mi-juillet dans un communiqué « Le couchage sur le côté est un facteur de risque reconnu pour le nourrisson ». Cette position de couchage augmenterait, selon l’Ancremin, le risque de mort inattendue par basculement puis étouffement du nourrisson. Les professionnels de santé constituant l’association précisent que selon eux la plagiocéphalie serait provoquée par un manque de diversité et de liberté dans les postures du nourrisson (par exemple, s’il est installé plusieurs heures par jour dans un siège type transat ou siège-auto).
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Plagiocéphalie : informer et prévenir
La décision de l’HAS, datée du 28 juin, sur l’élaboration de 2 documents d’information concernant la prévention des risques de plagiocéphalie du nourrisson est motivée par l’observation d’une nette augmentation du nombre de cas. Selon divers médias, l’affection toucherait au moins 20% des bébés. Ainsi, l’un des documents serait un mémo destiné aux professionnels de santé, et l’autre serait un « document d’information » pour le grand public, sans plus de détails pour le moment.
En attendant ces fameux documents, les avis sont partagés concernant le couché sur le dos. Le Dr Caron, pédiatre et ancien directeur de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA), appelle dans Le figaro santé, tous les parents à ne pas remettre en cause cette position : « Partout dans le monde, les recommandations sont les mêmes, il ne faut pas remettre en cause le coucher sur le dos qui a sauvé tant de vies ». La présidente de l’association Le Lien, Claude Rambaud, se défend et précise qu’elle ne souhaite pas bannir le couchage sur le dos, mais simplement limiter le temps passé dans cette position au cours de la journée.
Le Dr Caron conclut sur quelques conseils afin d’éviter le problème des bébés à têtes plates. Il insiste notamment sur le fait de ne pas laisser le nourrisson toute la journée dans un transat. En effet, il est conseillé de laisser jouer, sous surveillance, le nouveau-né sur des tapis d’éveil. Le temps recommandé sur le ventre est d’environ 2 fois 10 minutes par jour. Enfin, prendre régulièrement son bébé dans ses bras permet de prévenir les risques de plagiocéphalie. Quand on peut lier l’utile à l’agréable, pourquoi s’en priver ?
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Charline D., Pharmacien
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