Psoriasis, et si le fer permettait d’en percer les secrets ?!
En France, entre 2 et 3 % de la population sont touchés par le psoriasis, une pathologie dermatologique chronique inflammatoire. Même si les récents progrès thérapeutiques permettent d’améliorer la qualité de vie des patients, la maladie reste à ce jour incurable. Récemment, des chercheurs français ont fait une découverte intéressante, en montrant le rôle d’une hormone régulatrice du fer dans le développement du psoriasis. Explications.
Le psoriasis, une pathologie dermatologique toujours incurable
Le psoriasis est une pathologie dermatologique chronique, associée à des mécanismes inflammatoires et auto-immuns. Les causes exactes du psoriasis sont encore mal connues et mêlent une prédisposition génétique et des facteurs environnementaux favorisants. Les atteintes cutanées de la maladie peuvent être multiples, avec des formes particulièrement sévères décrites. Des atteintes articulaires peuvent aussi être retrouvées dans le cas du rhumatisme psoriasique.
Sans connaître précisément les causes de la maladie, il est plus difficile de mettre au points des traitements ciblés et efficaces. Ces dernières années, de nouveaux traitements ont vu le jour, notamment plusieurs classes de biothérapies, qui permettent de cibler certains mécanismes du psoriasis et ainsi d’améliorer la qualité de vie des patients. Mais à ce jour, la maladie reste chronique et donc incurable.
Du fer s’accumule dans la peau des patients atteints de psoriasis
Dans ce contexte, des chercheurs français ont fait une découverte intéressante, découverte qu’ils ont publiée dans la revue scientifique Nature Communications. Ces dernières années, les travaux de la communauté scientifique et médicale ont permis plusieurs avancées :
- Identifier certains facteurs génétiques ;
- Mieux comprendre certains mécanismes auto-immuns et inflammatoires impliqués dans la maladie ;
- Mettre en évidence une accumulation de fer dans la peau des patients souffrant de psoriasis.
Ce dernier point a attiré l’attention des chercheurs français. Pourquoi le fer s’accumule au niveau des lésions cutanées de psoriasis ? Les chercheurs se sont alors intéressés à l’hepcidine, une hormone qui régule le fer dans l’organisme, en réduisant son absorption au niveau intestinal et en augmentant son stockage dans les cellules hépatiques et certaines cellules immunitaires. L’hepcidine est principalement synthétisée par le foie, mais elle peut aussi être produite par d’autres tissus et organes en fonction du contexte.
Cibler l’hepcidine pour s’attaquer au psoriasis
Les chercheurs ont mis en évidence une synthèse d’hepcidine au niveau de la peau des patients atteints de psoriasis, en particulier dans les formes sévères de la maladie, comme le psoriasis pustuleux. En travaillant ensuite sur des modèles de souris, ils ont montré que l’hepcidine jouait un rôle clé dans le développement du psoriasis. En inactivant le gène de l’hepcidine chez la souris, il était possible de faire disparaître les marqueurs du psoriasis. En activant le gène, les marqueurs réapparaissaient.
Dans le psoriasis, l’hepcidine produite au niveau de la peau favoriserait l’accumulation de fer au niveau de l’épiderme. Et cette accumulation de fer permettrait, d’une part la prolifération des cellules cutanées et, d’autre part le recrutement de cellules immunitaires, deux mécanismes connus pour être à l’origine des lésions de psoriasis. La découverte du rôle de l’hepcidine dans le psoriasis pourrait à l’avenir permettre de développer de nouvelles thérapies bloquant l’action de l’hepcidine. Les chercheurs travaillent déjà sur des substances capables de neutraliser l’hepcidine pour les tester en premier lieu sur des modèles animaux.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Elise Abboud et al. 2024. Skin hepcidin initiates psoriasiform skin inflammation via Fe-driven hyperproliferation and neutrophil recruitment. www.nature.com. Consulté le 02 octobre 2024.
– Le traitement du psoriasis. www.ameli.fr. Consulté le 02 octobre 2024.
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