Fluoroquinolones et quinolones : de nouvelles recommandations de l’ANSM suite à une réévaluation par l’EMA

Par |Publié le : 27 avril 2019|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

Suite à la réévaluation des antibiotiques de la famille des quinolones et fluoroquinolones par l’agence européenne du médicament, l’ANSM (Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) relaye de nouvelles recommandations auprès de tous les professionnels de santé. L’objectif ? Utiliser ces antibiotiques dans des contextes médicaux très précis et rester extrêmement vigilant face à leurs effets indésirables.

Quinolones - Fluoroquinolones - femmes médecin

Les fluoroquinolones : dans quel contexte médical les utiliser ?

Les quinolones et les fluoroquinolones sont des antibiotiques de synthèse à spectre large utilisés depuis les années 1960.

Aujourd’hui, ces antibiotiques, arrivés à leur quatrième génération, sont prescrits dans plus de 120 situations thérapeutiques, comme les infections urinaires, respiratoires, génitales, gastro-intestinales, cutanées, osseuses et articulaires.

Dans cette réévaluation des molécules issues de la famille des (fluoro)quinolones, l’Agence Européenne du médicament (EMA) a nouvellement qualifié l’efficacité de la fluméquine (commercialisée en France sous le nom d’Apurone (laboratoire Gerda) pour traiter les cystites aigües non compliquées ou récidivantes).

Comme les risques liés à son utilisation sont plus importants que ses bénéfices, la fluméquine (seule quinolone disponible en France) est retirée du marché.

Pour les fluoroquinolones, une restriction des indications est mise en place. Ces antibiotiques ne doivent être prescrits que dans un contexte médical infectieux dans lequel l’utilisation d’un antibiotique est indispensable et où d’autres antibiotiques ne peuvent pas être utilisés.

À savoir ! Les substances actives concernées en France sont ciprofloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine.

À ce titre, l’ANSM recommande de ne pas prescrire ces médicaments pour :

  • Traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives (pharyngite, bronchite aiguë) ;
  • Prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections à répétition des voies urinaires basses ;
  • Traiter des infections non bactériennes (la prostatite chronique) ;
  • Soigner des infections de sévérité légère à modérée (cystite non compliquée, exacerbation aiguë de la bronchite chronique et de la BPCO si les autres antibiotiques recommandés sont contre-indiqués);
  • Des patients ayant déjà développé des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones ou fluoroquinolones.

Lire aussiLes antibiotiques à l’unité n’apportent-ils que des avantages ?!

Des précautions à prendre avant la prescription de fluoroquinolones

On sait que cette famille d’antibiotiques possède des effets secondaires potentiels au niveau du système digestif, du système nerveux central (confusion, hallucination, délire) ou périphérique (neuropathie), le système musculo-squelettique (tendinopathie), de la peau (allergies) et des reins.

Partant de ce constat, l’EMA a réévalué ces fluoroquinolones, en raison du risque d’effets indésirables graves, durables, invalidants et potentiellement irréversibles, affectant principalement le système musculo-squelettique et le système nerveux.

Face aux résultats obtenus, l’ANSM demande aux professionnels de santé de :

  • Faire preuve d’une grande prudence auprès des personnes âgées, des patients atteints d’insuffisance rénale, des patients ayant bénéficié de greffes d’organes et ceux traités par des corticoïdes, car le risque de tendinite et de rupture de tendon induites par les fluoroquinolones peut être plus élevé chez ces patients ;
  • D’informer les patients de mettre fin à leur traitement et de consulter leur médecin référent dès l’apparition de douleurs et/ou faiblesses au niveau des muscles et/ou des articulations.

Pour rappel, en novembre 2018, l’ANSM émettait un avis précisant qu’une augmentation du risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique (irruption de sang sous haute pression à l’intérieur de la paroi aortique entraînant une déchirure de la couche interne de la paroi) après traitement par des fluoroquinolones (ciprofloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, fluméquine et ofloxacine) avait été observée.

Ainsi, il était recommandé de procéder, selon l’ANSM, à « une évaluation attentive du rapport bénéfice/risque et après prise en compte des alternatives thérapeutiques chez les patients présentant un risque de survenue d’anévrisme et de dissection aortique ».

Lire aussiQuinolones et fluoroquinolones : des antibiotiques aux effets secondaires trop souvent ignorés !

Julie P., Journaliste scientifique

– Ne pas prescrire les fluroquinolones alerte l’ANSM. Le quotidien du medecin. I.Drogou. Consulté le 23 avril 2019.
– Antibiotiques de la famille des quinolones et fluoroquinolones administrés par voie systémique ou inhalée: risque d’effets indésirables invalidants, durables et potentiellement irréversibles et restrictions d’utilisation – Lettre aux professionnels de santé. ANSM. Consulté le 23 avril 2019.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Julie P.
Journaliste scientifique
Journaliste scientifique. Spécialiste de l'information médicale. Passionnée par l'actualité scientifique et les nouvelles technologies. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.