Où en sont les recherches sur l’infarctus de l’intestin ?

Par |Publié le : 20 novembre 2017|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

Plus connu au niveau du cœur ou du cerveau, l’infarctus peut aussi affecter l’intestin. L’urgence diagnostique et thérapeutique est tout aussi importante dans cette pathologie, mais le diagnostic arrive encore souvent trop tardivement. Des chercheurs viennent de faire une découverte importante, publiée dans la revue scientifique Cell Reports, qui pourrait faciliter le diagnostic précoce de l’infarctus intestinal.

infarctus de l'intestin

L’infarctus de l’intestin

Beaucoup moins médiatisé que l’infarctus du myocarde (accident cardiovasculaire), l’infarctus de l’intestin, encore appelé ischémie intestinale aigüe ou infarctus mésentérique, correspond à l’interruption soudaine de la circulation sanguine au niveau d’une partie de l’intestin.

L’ischémie, c’est-à-dire l’arrêt de la circulation sanguine, et donc la nécrose intestinale (atteinte réversible puis irréversible des tissus) peut toucher différentes parties de l’intestin, d’une à plusieurs anses de l’intestin grêle jusqu’à un prolongement vers le côlon. Les causes de ce phénomène varient d’un patient à l’autre, mais l’athérosclérose est souvent impliquée dans l’origine de l’ischémie.

Les symptômes de l’infarctus de l’intestin sont principalement des douleurs abdominales, d’apparition brutale et d’intensité rapidement croissante. Les douleurs sont localisées et n’irradient pas vers d’autres zones. Elles s’associent sur le plan général à un état de choc (collapsus), des troubles digestifs (diarrhées, arrêt du transit) et une fièvre modérée.

Lire aussiGreffe de flore intestinale pour la Rectocolite hémorragique

Une prise en charge en urgence

L’infarctus intestinal est une urgence médicale absolue, qui doit être prise en charge le plus rapidement possible, pour limiter les lésions irréversibles dues à la nécrose intestinale. La prise en charge repose sur deux aspects :

  • Le traitement chirurgical des lésions intestinales ;
  • Le traitement spécifique de la cause de l’ischémie.

Le diagnostic rapide de l’infarctus intestinal est donc un aspect crucial pour mettre en place une stratégie thérapeutique adaptée le plus rapidement possible. Actuellement, le pronostic de cette pathologie reste sombre, notamment en raison d’un retard de diagnostic souvent important. Ainsi, alors que l’infarctus intestinal est beaucoup moins fréquent que l’infarctus du myocarde, sa mortalité est beaucoup plus élevée (de 60 à 80 %).

Dans ce contexte, une équipe française basée à Dijon travaille sur l’infarctus de l’intestin, en collaboration avec des équipes canadiennes et hollandaises. Récemment, ces chercheurs ont fait une découverte importante pour le diagnostic et la prise en charge de cette pathologie.

Lire aussiSyndrome de l’intestin irritable, régime FODMAP et flore intestinale

La recherche avance …

Jusque-là, il n’existait aucun moyen pour diagnostiquer précocement l’infarctus de l’intestin. Dans leurs travaux, les chercheurs ont démontré l’existence d’un biomarqueur sanguin, spécifique et sensible de l’infarctus de l’intestin (substance sanguine dont le dosage peut être spécifiquement relié à l’infarctus intestinal). De plus, le dosage de ce biomarqueur s’avère facile et rapide.

Ce biomarqueur est une substance déjà connue, une hormone. Les chercheurs ont en effet mis en évidence qu’en cas d’ischémie intestinale, l’intestin sécrète rapidement et en grande quantité une hormone, appelée le GLP-1 (Glucagon-like-peptide-1).

A savoir ! L’hormone GLP-1 est une substance connue depuis une trentaine d’années et très largement étudiée dans le cadre de la régulation du métabolisme glucidique. Ainsi, des analogues de cette hormone ont été développés et sont utilisés pour le traitement pharmacologique du diabète de type 2.

Le dosage sanguin de cette hormone pourrait donc révéler un infarctus intestinal chez des patients présentant des symptômes évocateurs de la pathologie. Pour l’instant, ces résultats ont été démontrés chez la souris, mais selon les auteurs, les mêmes mécanismes pourraient être présents chez l’Homme. Une avancée très importante pour accélérer le diagnostic et la prise en charge de l’infarctus de l’intestin et ainsi améliorer le pronostic de cette pathologie rare mais gravissime.

Lire aussiVers une meilleure prise en charge de l’Infarctus cérébral

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Infarctus de l’intestin : la recherche avance. Communiqué de presse. 31 octobre 2017
– Enteroendocrine L Cells Sense LPS after Gut Barrier Injury to Enhance GLP-1 Secretion. Lebrun, Lorène J. 2017. Cell Reports 21 : 1160-1168. https://doi.org/10.1016/j.celrep.2017.10.008.

Cet article vous a-t-il été utile ?

Merci pour votre avis !
Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.