Rosacée : de la peau à l’ensemble du corps
Selon les estimations, 2 à 3 % de la population serait touchée par la rosacée, anciennement appelée la couperose. De nombreuses incertitudes planent encore à l’heure actuelle sur cette affection dermatologique, notamment son origine exacte. L’association entre la rosacée et diverses maladies systémiques suggère une origine autre que cutanée, et pourrait faire de cette maladie un nouveau marqueur de risque de maladie systémique.
Un traitement individualisé
La rosacée est une affection dermatologique fréquente, mais souvent sous-diagnostiquée. Actuellement aucun traitement n’est capable de soulager les symptômes associés aux différentes formes cliniques de cette maladie.
En 2016, un groupe d’experts internationaux (17 dermatologues et 3 ophtalmologues) ont actualisé les recommandations pour le diagnostic, la classification et la prise en charge de la rosacée. Il souligne la nécessité d’adapter au cas par cas les traitements en fonction de la nature et de la sévérité des symptômes de chaque patient.
Le traitement doit rester minimal, tout en contrôlant la maladie. Il associe des médicaments (béta-bloquants, antibiotiques, crèmes, …) et des traitements physiques (lumière pulsée, laser à colorant pulsé, électrocoagulation, …). Les associations thérapeutiques ne sont recommandées que lorsque la rosacée est de forme sévère, que les symptômes sont multiples ou que les traitements isolés sont inefficaces.
Le traitement doit être prescrit en concertation avec le patient, qui doit être sensibilisé à l’importance des soins quotidiens :
- Utilisation de produits dermatologiques (crèmes avec un indice solaires, crèmes hydratantes, bases lavantes douces) ;
- Mesures d’hygiène oculaire pour les atteintes oculaires.
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La rosacée, rarement isolée
L’origine exacte de la rosacée reste encore mal connue. Plusieurs études décrivent l’association entre cette affection dermatologique et diverses pathologies systémiques :
- Des maladies gastro-intestinales, comme la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn ;
- Des maladies neurologiques et psychiques, comme la dépression, la migraine, en particulier chez les femmes ménopausées, ou encore la maladie de Parkinson ;
- Les maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle ;
- Des maladies métaboliques, telles que le diabète de type 1.
D’autres facteurs ont été suggérés comme potentiellement associés à la rosacée, notamment le taux de cholestérol, des marqueurs biologiques de l’inflammation ou certains éléments de l’immunité. Mais les preuves formelles restent souvent manquantes.
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Un nouveau marqueur du risque de maladie systémique
Quels liens précis unissent ces pathologies ? L’origine de la rosacée ne serait-elle pas uniquement dermatologique mais aussi partiellement systémique ? Les réponses restent pour l’instant partielles.
Les études génétiques menées sur la rosacée ont conclu à la possibilité d’une base génétique pour cette maladie. Certains gènes ou variabilités génétiques seraient étroitement associés à la rosacée, mais aussi à certaines maladies auto-immunes comme la maladie cœliaque, le diabète de type 1, la maladie de Parkinson ou les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Par ailleurs, l’origine de la rosacée semble liée à différents facteurs environnementaux : la consommation d’alcool, un indice de masse corporelle (IMC) élevé, l’exposition aux rayonnements UV ou un taux élevé de vitamine D. Le lien entre la rosacée et le stress psychologique pourrait être en lien avec une altération de la flore intestinale, mais cette hypothèse reste à confirmer. De même, les spécialistes s’interrogent sur le fait que le tabagisme actif semble protéger de la rosacée.
L’association entre la rosacée et diverses maladies systémiques pourrait suggérer l’existence d’une cause commune à toutes ces affections. La rosacée pourrait alors constituer un nouveau marqueur du risque de maladie systémique. Mais une telle cause commune reste encore à rechercher !
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Evidence-based update on rosacea comorbidities and their common physiologic pathways. Holmes, A.D. and al. 2018. J Am Acad Dermatol. 78(1):156-166. doi:10.1016/j.jaad.2017.07.055.
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