Sclérose en plaques et espérance de vie
100 000 personnes souffrent de la sclérose en plaques ou SEP, en France. Chaque année, 2500 nouveaux cas sont diagnostiqués. Alors suite à l’annonce du diagnostic, les questions se bousculent dans la tête, « Vais-je mourir ? » est sans doute la plus préoccupante. Les résultats d’une récente étude portant sur l’analyse des données de 1388 patients suivis pendant plus de 60 ans sont rassurants.
La maladie en quelques mots
La SEP est une maladie neurologique et évolutive. Elle est d’origine auto-immune, c’est-à-dire que le système de défense de l’organisme appelé « système immunitaire », normalement chargé de lutter contre les infections, va s’attaquer à l’organisme lui-même et plus particulièrement au système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Les anticorps produits par le système immunitaire vont s’attaquer à la gaine protectrice entourant les fibres nerveuses, appelée « gaine de myéline ». Or, cette structure est impliquée dans la transmission des messages nerveux du cerveau aux différentes parties du corps.
La maladie apparaît généralement entre 20 et 40 ans et concerne dans 75% des cas une femme. La SEP est la première cause de handicap sévère et non traumatique chez le jeune adulte. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement capable de guérir la SEP.
Une maladie imprévisible
La sclérose en plaques est une maladie extrêmement imprévisible qui peut varier de manière importante entre 2 individus, et même, au cours de la vie d’une même personne. Dans 85% des cas, la maladie débute par des poussées (forme rémittente) dont les symptômes dépendent de la zone touchée. Ils peuvent être moteurs (faiblesse musculaire), visuels (baisse de l’acuité visuelle, vision double), urinaires ou sexuels, etc. Ces troubles peuvent être associés ou isolés, survenir en quelques heures ou quelques jours. Ils peuvent aussi disparaître totalement ou partiellement en plusieurs semaines.
Souvent, les symptômes sont associés à une fatigue importante, des troubles de la mémoire ou de la concentration ou à des épisodes dépressifs. Le temps s’écoulant entre deux poussées est également variable, il va de quelques mois à quelques années. La phase secondaire de la maladie, lorsqu’un handicap permanent s’installe et que la maladie ne fait que s’aggraver progressivement, est appelée « progressive ».
Cependant, dans 15% des cas, la SEP est progressive d’emblée et la première phase n’existe pas. Cette forme est de plus mauvais pronostic et s’installe généralement après l’âge de 40 ans.
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Une espérance de vie légèrement réduite en cas de sclérose en plaques
Une équipe de chercheurs norvégienne a souhaité faire le point sur l’espérance de vie des patients souffrants de SEP. Ils ont également étudié les causes de décès des personnes atteintes. Pour cela, les scientifiques se sont lancés dans l’étude de l’ensemble des cas de SEP enregistrés entre 1953 et 2012 dans un des hôpitaux du comté de Hordaland.
Ainsi, près de 1388 patients ont été répertoriés. Parmi eux, 291 étaient décédés à la fin du suivi en décembre 2012 (soit 21%). Pour plus de la moitié des décès (soit 56,4%), il existait un lien avec la maladie. Les autres causes de mort étaient vasculaires ou cardiovasculaires (14,8%) ou dues à un cancer (14,1%).
Les chercheurs ont pu estimer à 72,2 ans pour une femme et 81,8 ans pour un homme, l’espérance de vie moyenne d’une personne atteinte de sclérose en plaques. Les auteurs précisent qu’il faut bien entendu tenir compte des diverses formes évolutives de la maladie.
Ainsi, l’espérance de vie mixte est plus élevée pour les formes rémittentes (77,8 ans) comparée aux formes progressives (71,4 ans). Par ailleurs, les scientifiques ont pu remarquer lors de leur période d’observation, une nette amélioration de la survie des patients des deux sexes avec le temps.
Finalement, l’espérance de vie des patients inclus dans cette étude s’est révélée être inférieure de 7 ans par rapport à une personne non malade. Ces résultats sont concordants avec ceux de précédentes études estimant une espérance de vie inférieure de 6 à 7 ans avec une SEP.
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Charline D., Pharmacien
– Survival and cause of death in multiple sclerosis: a 60-year longitudinal population study. Grytten N and al. J Neurology Neurosurgery Psychiatry. Août 2017.
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