Sclérose en plaques : l’espoir de la thérapie immunosuppressive
Une étude sur la thérapie immunosuppressive dévoile, dans la fameuse revue JAMA, son efficacité sur la sclérose en plaques (SEP). Alors que la maladie auto-immune touche environ 100 000 personnes en France, sans réel moyen permettant de la stopper, cette nouvelle approche serait-elle la solution attendue ?
La thérapie immunosuppressive
En France, la sclérose en plaques est actuellement responsable de 4 000 à 6 000 nouveaux cas chaque année. L’âge moyen se situe entre 25 et 35 ans et elle touche préférentiellement les femmes (3 femmes pour 1 homme). Dans la majorité des cas, la sclérose en plaques évolue par poussées avec des périodes de rémissions plus ou moins longues entre chaque poussée, cette forme est appelée « rémittente ». Cette maladie inflammatoire affectant le système nerveux central, est due à ce que l’on appelle la « démyélinisation » de la gaine de myéline. Autrement dit, le système immunitaire va venir attaquer la substance (gaine de myéline) qui recouvre les axones. Or, sans myéline, l’axone ne peut pas propager l’influx nerveux aussi rapidement qu’en sa présence. Les conséquences sont motrices (paralysies et faiblesses musculaires), sensitives (fourmillements, douleurs…) et cognitives (troubles du langage).
A savoir ! Un neurone est constitué de 2 grandes parties : le corps cellulaire et l’axone (fibre nerveuse) recouvert de la gaine de myéline. La myéline est une substance constituée de protéines et de lipides qui va venir envelopper l’axone. Son rôle est d’augmenter la vitesse de conduction des messages nerveux.
La thérapie immunosuppressive repose sur la « remise à zéro » du système immunitaire. La première étape est l’utilisation d’un immunosuppresseur (une classe de médicaments) à forte dose afin d’effacer le processus inflammatoire auto-immun. Puis dans un second temps, la transplantation de cellules-souches hématopoïétiques autologues va permettre la régénération de la moelle osseuse et la reconstruction immunitaire.
A savoir ! Les cellules-souches hématopoïétiques sont les cellules à partir desquelles on obtient (par hématopoïèse) les cellules sanguines. Le terme autologue signifie que les cellules injectées au patient sont en fait les siennes, que l’on a prélevé et « nettoyées » avant de lui réinjecter.
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Des résultats encourageants
Le 20 février dernier, la revue JAMA Neurology publiait les résultats d’une étude internationale (13 pays) réalisée entre 1995 et 2006, sur 281 patients atteints de sclérose en plaques. Contrairement aux études précédemment menées, celle-ci comprenait une majorité de patients (218 sur les 281) atteints d’une forme progressive de sclérose en plaques. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer les résultats à long terme de la greffe de cellules-souches hématopoïétiques autologues dans le traitement de la sclérose en plaques.
A savoir ! Dans 15 % des cas, la maladie n’évolue pas par poussées. Les symptômes apparaissent progressivement sans phase de rémission et s’aggravent avec le temps de façon continue : c’est la forme progressive. On distingue 2 types de sclérose en plaques progressive :
- primaire, c’est-à-dire progressive d’emblée ;
- secondaire, apparaissant après plusieurs années d’évolution par poussées.
Les résultats révèlent qu’à long terme, la greffe de cellules-souches hématopoïétiques autologues (CSHA) serait efficace dans le traitement des formes agressives de sclérose en plaques. Ainsi, la probabilité de survie à 5 ans sans progression de la maladie était de 46 %, tandis que la survie globale à 5 ans était de 93 %. Dans les 100 jours ayant suivie la transplantation, 8 décès ont été rapportés (soit 2.8 %). De plus, il semblerait que certains facteurs permettent de prédire une meilleure efficacité de la thérapie comme :
- Un jeune âge ;
- Un score de handicap faible ;
- Une forme rémittente (avec des poussées) d’emblée agressive ;
- Un nombre moins important de thérapies immunitaires reçues précédemment.
Dans ces conditions, cette thérapie pourrait être proposée dans les formes agressives ou dans certaines formes progressives de sclérose en plaques. Cependant, il faut rester vigilant et toujours prendre en considération les risques liés à une greffe. Des essais cliniques comparant cette thérapeutique à celles actuellement disponibles sont encore nécessaires afin de déterminer plus précisément les bénéfices réels de cette nouvelle option plus agressive.
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Charline D., Pharmacienne
Sources :
Long-term Outcomes After Autologous Hematopoietic Stem Cell Transplantation for Multiple Sclerosis, Paolo A. Muraro and al. , Jama Network, 20 Février 2017, DOI :10.1001/jamaneurol.2016.5867
Sclérose en plaques (SEP), Bernard Zalc, Inserm, Octobre 2014
Définition et chiffres : qu’est-ce que la Sclérose en Plaques, ARSEP Fondation, consulté le 28 Février 2017
La sclérose en plaques, Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière, consulté le 28 Février 2017
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