Sclérose en plaques : la greffe de cellules souches pour retarder l’aggravation des symptômes de la maladie
En France, plus de 100 000 personnes souffrent de SEP. Certains patients touchés par cette maladie auto-immune neurodégénérative ne voient pas d’amélioration de leurs symptômes suite à la prise de médicaments standard. Actuellement, les chercheurs développent des stratégies complémentaires basées sur la greffe de cellules souches et la reprogrammation du système immunitaire. Zoom sur une étude clinique très encourageante réalisée récemment à Chicago.
L’atteinte de la gaine de myéline dans la SEP
La sclérose en plaques (SEP) est une atteinte des tissus nerveux, et notamment de la gaine protectrice entourant les fibres nerveuses (la gaine de myéline) de la colonne vertébrale et du cerveau. C’est le système de défense de l’organisme qui s’attaque à cette partie du système nerveux central. On parle alors de maladie auto-immune puisque le système immunitaire se dirige contre soi. Selon l’endroit où les lésions de la gaine de myéline surviennent, les symptômes peuvent être des problèmes de vue, une faiblesse musculaire, un engourdissement et des difficultés d’équilibre et de coordination.
85% des personnes atteintes de SEP sont initialement diagnostiquées avec la forme « rémittente-récurrente » ou RR de la maladie. Ici, les symptômes se manifestent pendant un moment, puis disparaissent. Après des années (jusqu’à 20 ans), la forme secondaire progressive de la maladie survient et engendre une aggravation importante des lésions et donc, un handicap.
Ce sont des patients avec la forme RR de la maladie qui ont été inclus dans cette étude clinique réalisée par les chercheurs de la Feinberg School of Medicine de la Northwestern University à Chicago.
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Retarder l’aggravation de la maladie grâce à la reprogrammation du système immunitaire
Ces 110 patients avaient en commun le fait d’avoir vu leurs symptômes s’aggraver au moins deux fois dans l’année et ils étaient non réactifs à trois médicaments.
Pour commencer, les chercheurs ont divisé aléatoirement les 110 volontaires, âgés en moyenne de 36 ans, en deux groupes : l’un recevant un traitement médicamenteux standard par des médicaments modificateurs de l’évolution de la SEP (MMESP) et l’autre, bénéficiant d’une greffe de cellules souches en utilisant des cellules prélevées dans leur propre sang.
À savoir ! Les cellules souches sont des cellules indifférenciées capables de générer des cellules spécialisées par différenciation cellulaire. Dans cette étude, la thérapie consiste à réaliser sur le patient une immunosuppression (détruire toutes les cellules immunitaires par une chimiothérapie) puis lui greffer de cellules souches hématopoïétiques autologues (IGCSHA) prélevées sur lui avant l’immunosuppression. Ces cellules souches se transformeront en de nouvelles cellules immunitaires. L’objectif est de reconstituer le système immunitaire (à l’origine de la détérioration des cellules nerveuses).
Bilan après trois ans de suivi des symptômes de la maladie :
- 61 % des patients sous traitement médicamenteux ont vu une aggravation de leur maladie;
- 5 % des patients greffés ont vu une aggravation de leur maladie.
Le traitement par cellules souches permet donc de retarder l’apparition des symptômes plus graves de la SEP.
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Quel avenir pour cette thérapie cellulaire ?
« Tout traitement puissant peut aussi être dangereux. Vous ne pouvez pas l’utiliser trop tôt ou trop tard. Et vous ne pouvez pas en abuser » a déclaré le Docteur Richard Burt, responsable de l’immunothérapie et des maladies auto-immunes de l’Université de Chicago et responsable de cette étude.
Même si cette thérapie cellulaire de la SEP parait très prometteuse pour les patients atteints des stades précoces de la maladie et insensibles aux traitements existants, elle présente des risques non négligeables qu’il faudra surmonter :
- Le patient doit subir une chimiothérapie de quelques jours pour déprimer son système immunitaire. Il y a donc un risque accru du patient à être sensible aux infections virales et bactériennes ;
- Risque de développer un effet secondaire (septicémie, atteinte du système cardiovasculaire) ;
- Nécessité de trouver des structures et des professionnels de santé aptes à appliquer cette thérapie très complexe (compétences en immunothérapie, en greffe de cellules souches, etc.).
Désormais, les chercheurs doivent s’assurer de l’effet, sur le long terme, d’une telle thérapie. Les patients appartenant à cette étude inédite seront suivis attentivement pendant 5 ans. D’autres études cliniques de ce type sont en cours au Canada, et notamment à l’hôpital d’Ottawa.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Sclérose en plaques récurrente-rémittente : les « disease-modifying therapies » retardent l’évolution vers une SEP progressive. Le quotidien du Médecin. C.Catalifaud. Le 16 janvier 2019.
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