Suicide : coup de projecteur sur le programme Papageno
Chaque année, près de 10 000 personnes se suicident en France. Les conduites suicidaires constituent un enjeu de majeur de santé publique, qui mobilise de nombreux acteurs sur le territoire français. Le programme Papageno, ne cesse de se développer depuis sa création en 2014. Il s’est donné pour vocation de produire et de diffuser des solutions nouvelles pour prévenir et lutter contre le suicide en France, grâce à une approche novatrice.
Suicide : Le programme français Papageno
La prévention et la lutte contre les conduites suicidaires et le suicide en France mobilisent différents acteurs sur le territoire français. Parmi eux, le programme Papageno, créé en 2014. L’objectif de ce programme national, multimodal et intégré est double :
- La prévention de la contagion suicidaire, aussi bien la contagion de masse (encore appelée l’effet Werther) que la contagion localisée, par exemple au sein d’une institution touchée par un cas de suicide ;
- La promotion d’un meilleur accès aux soins pour tous, en s’appuyant sur les médias et les nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Soutenu par la Direction Générale de la Santé, le programme Papageno s’engage ainsi dans la lutte contre le suicide à plusieurs niveaux, dans la prévention comme dans l’accès aux soins. Il repose sur un partenariat entre plusieurs organisations impliquées dans la lutte contre le suicide dans la région des Hauts-de-France.
Des informations et des outils pour les médias
Le programme Papageno se positionne d’emblée comme un programme différent des autres, qui souhaite se démarquer par son originalité. Il cible différents publics, comme :
- Des acteurs reconnus de la prévention du suicide;
- Des contributeurs du web ;
- Des journalistes ;
- Les membres de différentes institutions publiques ou privées.
En mettant à disposition de ces différentes personnes des informations et des outils adaptés, le programme Papageno multiplie les initiatives pour prévenir la contagion de masse des conduites suicidaires, au travers de certains messages qui circulent sur les médias et les réseaux sociaux. L’objectif est de remplacer les identifications à risque, c’est-à-dire une personne qui s’identifie à une personne suicidaire, par une identification protectrice, c’est-à-dire une personne qui peut s’identifier à une personne qui a fait face à une crise suicidaire ou aidé une autre personne à risque suicidaire.
Suite aux efforts menés sur la contagion de masse, le programme Papageno se concentre désormais de plus en plus sur la contagion localisée, et donc sur l’effet Werther. L’approche de Papageno est désormais reconnue sur le plan international, puisque le programme a rejoint le groupe de travail « suicide et médias » de l’International Association for Suicide Prevention.
Effet papageno contre effet werther
Pourquoi se pencher en particulier sur le lien entre le suicide et les médias ? Des études scientifiques ont mis en évidence que le traitement médiatique du suicide serait l’un des facteurs qui pourraient inciter certaines personnes fragiles à passer à l’acte. Ce phénomène est appelé par les spécialistes l’effet Werther, dont l’une des plus célèbres illustrations a été le nombre important de suicides observés dans le mois ayant suivi le décès de l’actrice Marylin Monroe.
A l’inverse, une communication adaptée sur le suicide peut contribuer à prévenir les conduites suicidaires. Cet effet protecteur, recherché par le programme français, est appelé l’effet Papageno. Différentes études scientifiques menées dans plusieurs pays à travers le monde ont mis en évidence l’efficacité de l’effet Papageno dans la prévention du risque suicidaire.
Ainsi, la médiatisation des personnes ayant surmonté leur crise suicidaire s’avère protectrice, tandis que la médiatisation des suicides exerce l’effet contraire. Le programme Papageno constitue ainsi un acteur important de la prévention du risque suicidaire, spécialisé dans une approche novatrice, à l’interface entre médias et suicide.
Retrouvez toutes les informations sur le programme Papageno sur le site dédié.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie
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