Quand la thyroïde est perturbée par la ménopause
Selon l’Association Française pour l’étude de la ménopause, environ 630 000 femmes françaises suivent actuellement un traitement hormonal de substitution après leur ménopause. La ménopause, ainsi que le traitement hormonal de substitution, pourraient influencer les niveaux d’hormones thyroïdiennes. C’est ce qu’a souligné récemment un médecin français dans une intervention aux dernières Journées Nationales de Médecine Générale.
Ménopause et thyroïde
A la ménopause, pour compenser les chutes hormonales, un traitement hormonal de substitution peut être instauré pour plusieurs mois à plusieurs années. Il permet notamment de réduire :
- Les symptômes liés à la ménopause, au premier rang desquels les bouffées de chaleur ;
- Le risque d’ostéoporose associé à la ménopause.
A l’inverse, ce traitement hormonal de substitution est souvent pointé du doigt, en raison d’une augmentation possible du risque de cancers féminins.
Au-delà de ces effets, la ménopause, tout comme le traitement hormonal de substitution, pourraient influencer les taux sanguins des hormones thyroïdiennes, selon de récents travaux. Physiologiquement, la ménopause se traduit par une diminution de certaines hormones thyroïdiennes. Mais l’effet de la ménopause sur les hormones thyroïdiennes resterait de moindre ampleur par rapport à l’influence de l’âge. En effet, le niveau moyen de TSH (l’hormone sécrétée par l’hypophyse pour stimuler la production d’hormones thyroïdiennes) tend à augmenter avec l’âge, en particulier chez les femmes.
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Des troubles thyroïdiens plus difficiles à diagnostiquer à la ménopause
La ménopause peut-elle alors perturber le diagnostic des troubles thyroïdiens ? Selon les estimations, environ 2,4 % des femmes ménopausées présentent des anomalies de la TSH, majoritairement des hypothyroïdies. Ces troubles pourraient être en partie liés à une moindre réponse de la thyroïde à la TSH après la ménopause.
À savoir ! Il existe deux grands types de troubles thyroïdiens :
- L’hypothyroïdie, caractérisée par une TSH élevée ;
- L’hyperthyroïdie, caractérisée par une TSH basse.
De plus, les symptômes des troubles thyroïdiens peuvent se confondre avec certains signes de la ménopause :
- Les sueurs et bouffées de chaleur ;
- Les troubles de l’humeur et du sommeil ;
- La perte de cheveux ;
- La prise de poids ;
- Des crampes musculaires.
Face à cette situation, le risque de ne pas diagnostiquer un trouble thyroïdien peut être important et non sans conséquences.
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Deux traitements à surveiller conjointement
Pourtant, il est capital de diagnostiquer rapidement un trouble thyroïdien chez la femme ménopausée, car :
- L’hyperthyroïdie augmente le risque d’ostéoporose, déjà majoré par la ménopause ;
- L’hypothyroïdie augmente le risque cardiovasculaire, également plus élevé après la ménopause.
Dans ce contexte, les spécialistes recommandent de doser le taux sanguin de TSH au moment de la ménopause, six mois après l’instauration d’un traitement hormonal de substitution, puis chaque année en cas de trouble thyroïdien. Une surveillance de la glande thyroïdienne par palpation et échographie est également conseillée. Même si le traitement hormonal de substitution n’est pas contre-indiqué en cas de pathologie thyroïdienne, les deux traitements doivent être administrés de manière différée, le traitement thyroïdien le matin, et le traitement hormonal le soir. Et bien sûr, les deux traitements doivent être réévalués régulièrement.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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