Mieux qu’un traitement contre la dengue, une bactérie préventive
A travers le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, environ 50 millions de nouveaux cas de dengue sont recensés, dont 500 000 formes sévères et potentiellement mortelles. Il n’existe pas de traitement contre la dengue. Dans la lutte mondiale contre cette maladie virale transmise par les moustiques, des chercheurs ont fait une découverte prometteuse, la bactérie Wolbachia, qui présente chez le moustique pourrait l’empêcher de transmettre le virus responsable de la maladie. Explications.
Une bactérie, mieux qu’un traitement contre la dengue
La bactérie Wolbachia et son intérêt potentiel dans la lutte contre la dengue ont été découverts il y a déjà quelques années. Elle présenterait encore plus d’avantages qu’un traitement contre la dengue. La présence de cette bactérie dans les moustiques vecteurs de maladies virales semblait empêcher les moustiques de transmettre les virus responsables de maladies tropicales graves, comme :
- La dengue ;
- Le zika ;
- Le chikungunya.
À savoir ! La bactérie Wolbachia peut également être retrouvée chez les anophèles, vecteurs du paludisme.
Dès 2019, l’Institut Pasteur relatait le relâchement de moustiques porteurs de la bactérie prometteuse en Nouvelle-Calédonie, avec l’objectif que la bactérie colonise progressivement toute la population de moustiques vecteurs de maladies virales. En effet, la bactérie se transmet aisément de moustique en moustique, lors de l’accouplement ou dans la descendance.
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Une étude menée à grande échelle en Indonésie
Plus récemment, des chercheurs ont mené une étude à grande échelle en Indonésie sur l’intérêt de la bactérie Wolbachia dans la lutte contre les maladies virales vectorielles. La prévention est toujours préférable à un traitement contre la dengue. Cet essai, dont les résultats ont été récemment publiés dans la revue scientifique New England Journal of Medicine, a débuté en 2018 dans le cadre du World Mosquito Program.
Selon les données publiées dans cet article, l’utilisation de la bactérie Wolbachia pourrait réduire de 77 % la prévalence de la dengue en seulement deux ans. Ce qui ne serait pas possible avec un traitement contre la dengue. Ce résultat semble confirmer l’intérêt de la bactérie pour :
- Progressivement infecter largement la population de moustiques vecteurs de maladies virales ;
- Réduire efficacement la transmission de la dengue à l’Homme.
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Une réduction de près de 80 % de la prévalence de la dengue
A ce jour, les chercheurs n’ont pas encore réussi à déterminer par quels mécanismes la bactérie Wolbachia empêche le moustique de transmettre la dengue à l’Homme. Certaines espèces de cette bactérie sont par exemple responsables de maladies particulières chez le moustique.
L’utilisation de la bactérie Wolbachia dans la lutte contre les maladies vectorielles, responsables de dizaines de millions de malades chaque année dans le monde, représente une avancée prometteuse et un bel exemple de lutte biologique. En effet, la méthode repose simplement sur la contamination bactérienne de la population de moustiques, sans porter atteinte de manière irréversible au patrimoine génétique des moustiques. Cette méthode, déjà utilisée à plusieurs reprises à travers le monde, pourrait se répandre dans le monde, voire se généraliser pour réduire l’impact de la dengue.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Efficacy of Wolbachia-Infected Mosquito Deployments for the Control of Dengue. nejm.org. Consulté le 16 juin 2021.
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