Vaccin AstraZeneca : une inquiétude justifiée ou exagérée ?
Sur les trois vaccins actuellement utilisés dans la campagne de vaccination contre la Covid-19, un vaccin en particulier suscite de vives inquiétudes, le vaccin commercialisé par Astra Zeneca®. Le lundi 15 mars, à l’instar d’autres pays européens, la France a décidé de suspendre la vaccination avec le vaccin AstraZeneca. Après un avis favorable de l’Agence Européenne du Médicament, la vaccination a repris quelques jours plus tard, mais les doutes sur ce vaccin n’ont pas cessé pour autant et nombreux sont les Français qui refusent l’injection de ce vaccin.
Covid-19 et vaccin AstraZeneca
Le vaccin d’Astra Zeneca® est le dernier arrivé sur le marché des vaccins contre la Covid-19. Alors que ce vaccin présente des avantages indéniables pour la montée en puissance de la campagne vaccinale contre la Covid-19, les doutes se multiplient en Europe sur ce vaccin. Certains pays, comme l’Autriche, ayant même stoppé son utilisation ces derniers jours. La première incertitude concernait son efficacité, estimée lors des essais cliniques à 62 % après la première dose, puis 82 % après la seconde dose.
En réalité, les données recueillies en Ecosse et en Angleterre montrent une efficacité supérieure à celle observée dans les essais cliniques, y compris chez les personnes âgées. Ainsi, l’efficacité chez les personnes âgées s’élève à 94 % après les deux doses en Ecosse et à 80 % en Angleterre. La seconde source d’inquiétude concerne les effets secondaires du vaccin.
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Des accidents thrombo-emboliques qui inquiètent
Depuis plusieurs semaines, ce n’est pas tant l’efficacité du vaccin Astra Zeneca® qui inquiète, que la survenue d’accidents thrombo-emboliques, tels que :
- Une phlébite;
- Une embolie pulmonaire.
En mars 2021, plusieurs pays européens, dont la France, ont suspendu l’utilisation de ce vaccin pendant quelques jours, dans l’attente d’un avis éclairé de l’Agence Européenne du Médicament. Depuis, la vaccination a repris en France, mais certains centres de vaccination ont fait le choix de ne plus proposer ce vaccin, qui suscite l’inquiétude de nombreux Français. Plusieurs pays dont le Canada et la France, ont décidé de ne plus vacciner les moins de 55 ans avec ce vaccin, dans l’attente d’une étude plus poussée sur son rapport bénéfice sur risque en fonction de l’âge et du sexe. Pour les personnes de moins de 55 ans qui auraient déjà reçu une dose du vaccin Astra Zeneca®, la Haute Autorité de Santé recommande pour la seconde dose d’injecter une dose de vaccin à ARNm, soit le vaccin Pfizer, soit le vaccin Moderna.
Pour tenter d’apaiser les tensions, l’EMA a même autorisé Astra Zeneca à changer le nom de son vaccin, le « Covid-19 Vaccine AstraZeneca » est devenu « Vaxzevria®». Mais rien n’y fait, chaque jour des Français refusent d’être vaccinés par ce vaccin.
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Une polémique justifiée ?
Le 7 avril 2021, l’Agence Européenne du Médicament a d’ailleurs demandé que la formation de caillots sanguins soit répertoriée comme un effet indésirable très rare du vaccin Astra Zeneca®, tout en précisant qu’elle considérait toujours comme positif le rapport bénéfice sur risque du vaccin contre la Covid-19. Les femmes de moins de 55 ans sont les plus concernées par ces effets secondaires, en particulier des formes très rares de thromboses associées à un déficit en plaquettes sanguines. A ce stade, les autorités nationales de santé publique européennes n’ont pas trouvé de commun accord sur les modalités de vaccination, en particulier en-dessous de 55 ou 60 ans.
Parallèlement, des voix s’élèvent pour tenter de calmer la polémique. Une polémique que certains experts jugent exagérée au regard des dernières données épidémiologiques. En effet, le dernier rapport de pharmacovigilance de l’ANSM, du 2 avril 2021, relate que le vaccin Astra Zeneca ne provoque que 3,8 cas d’effets indésirables cardio-vasculaires pour 100 000 injections, un chiffre comparable à celui du vaccin Moderna® (3,9) et plus faible que celui du vaccin Pfizer® (11,9). Le risque thrombo-embolique observé à ce stade serait ainsi bien inférieur à celui lié à la prise de la pilule oestro-progestative, un mode de contraception pris quotidiennement par des millions de femmes en France.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
Article publié le 15 mars 2021. Mis à jour le 31 mars, le 8 avril 2021 puis le 13 avril 2021.
– Point de situation sur la surveillance des vaccins contre la COVID-19. ansm.sante.fr. Consulté le 30 mars 2021.
– Covid-19 : restriction d’utilisation du vaccin astrazeneca en france. vidal.fr. Consulté le 30 mars 2021.
– COVID-19: latest updates. ema.europa.eu. Consulté le 8 avril 2021.
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