Se vacciner contre la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique ?!
En France, environ 120 000 personnes vivent avec une maladie de Crohn et environ 40 000 avec une rectocolite hémorragique, deux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Récemment, des chercheurs français ont annoncé avoir mis au point chez l’animal un vaccin capable de protéger contre l’inflammation chronique, impliquée dans ces maladies intestinales et dans certains troubles métaboliques. Explications.
Inflammation intestinale et microbiote intestinal
Depuis plusieurs années, les recherches sont très actives sur le microbiote intestinal et son impact sur la santé. Entre autres, des anomalies du microbiote ont pu être reliées avec deux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin :
Ces anomalies du microbiote se caractérisent par deux phénomènes complémentaires :
- Une réduction de la diversité bactérienne du microbiote (moins d’espèces bactériennes présentes) ;
- Un excès de bactéries exprimant une protéine de mobilité, la flagelline.
Ce type de bactéries est capable de pénétrer le mucus intestinal, qui protège la paroi intestinale, et ainsi d’induire un état d’inflammation.
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Un vaccin à base de flagelline
Des études scientifiques avaient montré que, dans la couche de mucus, se trouvaient des anticorps naturels, spécifiquement dirigés contre la flagelline. L’organisme est ainsi capable de contrôler la présence des bactéries à flagelline, via le système immunitaire. Dans une nouvelle étude, des chercheurs français ont stimulé cette production d’anticorps pour réduire la proportion de bactéries à flagelline dans le microbiote et ainsi réduire le risque d’inflammation chronique, propice au développement des maladies inflammatoires de l’intestin.
En pratique, ils ont administré de la flagelline à des souris pour augmenter la production des anticorps anti-flagelline. En induisant ensuite une inflammation intestinale chronique chez les souris, les chercheurs ont observé qu’elles étaient significativement protégées contre l’inflammation intestinale. Par ailleurs, la proportion de bactéries à flagelline dans leur microbiote était significativement réduite, par rapport aux souris contrôles. Les souris semblaient ainsi vaccinées contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
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Un intérêt dans le diabète et l’obésité
Dans un second temps, les chercheurs ont évalué l’intérêt de leur vaccination contre les troubles métaboliques associés à deux maladies chroniques majeures :
En effet, ces deux maladies sont également associées à un excès de bactéries à flagelline dans le microbiote intestinal. En exposant des souris à un régime riche en graisses, les chercheurs ont observé que les souris vaccinées étaient protégés de l’obésité, ce qui n’était pas le cas pour les souris contrôles, devenues obèses. Or l’obésité est un facteur de risque majeur de diabète.
Les anomalies du microbiote intestinal sont similaires entre l’homme et la souris. Les chercheurs espèrent donc pouvoir transposer leur stratégie vaccinale chez l’homme. Ils travaillent actuellement sur un mode d’administration particulier de la flagelline, avant de pouvoir tester l’efficacité de leur vaccin, à la fois en prévention, mais aussi dans le traitement des maladies inflammatoires intestinales et de certains troubles métaboliques.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Un vaccin contre les maladies inflammatoires chroniques. Communiqué de Presse. INSERM. Consulté le 8 janvier 2020.
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