La vessie possède aussi son microbiote !
Un terme de santé est très à la mode depuis quelque temps : le microbiote. Le plus souvent, il fait référence au microbiote intestinal, qui correspond à l’ensemble de la flore intestinale, qui joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l’organisme. Mais en réalité, il n’existe pas un microbiote, mais plusieurs. Et parmi ces microbiotes, se trouve celui souvent méconnu de la vessie : Le microbiote urinaire !
Le microbiote urinaire
Le microbiote intestinal fait l’objet de multiples investigations depuis longtemps, les recherches ayant démontré son importance dans le fonctionnement de l’organisme et son rôle potentiel dans le développement de nombreuses pathologies. Mais le microbiote ne se limite pas à l’appareil digestif, même si ce dernier reste de loin le mieux connu.
Le microbiote urinaire, encore appelé urobiome, a été découvert récemment, il y a seulement quelques années. Depuis, il a fait l’objet de plusieurs études et constitue un champ émergent de recherche. Très récemment, des chercheurs ont effectué une revue de littérature dessus, dont ils ont publié les résultats dans la revue scientifique Nature Reviews.
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Microbiote urinaire : Urobiome féminin vs urobiome masculin
Première découverte d’importance, les hommes et les femmes n’ont pas le même microbiote urinaire.
Chez les femmes, le microbiote urinaire est marqué par une certaine proximité avec le microbiote vaginal, largement dominé par les bactéries du genre Lactobacillus, Gardnerella et Streptococcus. Ainsi le microbiote urinaire et le microbiote vaginal présentent plusieurs points communs, mais restent très différents du microbiote intestinal. Le plus souvent, le microbiote urinaire est moins important que le microbiote vaginal. Une récente étude a mis en évidence que la présence de certains Lactobacillus pourrait être associée à l’incontinence urinaire. De même, une autre étude a relié la présence de deux espèces bactériennes avec les problèmes d’hyperactivité vésicale.
Chez les hommes, de tels liens entre des troubles urinaires et la composition de l’urobiome n’ont pas été retrouvés. La présence de microbiote urinaire serait étroitement liée à la méthode de collecte des urines. Chez les hommes souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate, une étude a en revanche révélé un lien possible entre la fréquence des bactéries dans les urines et la sévérité des symptômes urinaires.
Si le microbiote urinaire diffère selon le sexe, plusieurs études semblent indiquer que l’urobiome pourrait jouer un rôle dans le développement des troubles urinaires. La nature et l’importance de ces liens doivent faire l’objet d’explorations plus poussées.
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Urobiome et cancer de la vessie
Parallèlement, les chercheurs se sont intéressés au microbiote urinaire des patients atteints d’un cancer de la vessie. Une première étude a mis en évidence que l’urobiome des patients atteints d’un cancer de la vessie renfermerait davantage de bactéries du genre Streptococcus, que l’urobiome des sujets en bonne santé. Une autre étude a comparé le microbiote urinaire des patients atteints d’un cancer de la vessie et celui de sujets sains. Deux phénomènes ont été observés :
- Chez les patients atteints d’un cancer de la vessie, le genre Fusobacterium serait présent en quantités anormalement élevées ;
- Chez les sujets sains, certaines espèces bactériennes spécifiques seraient présentes, notamment des espèces des genres Corynebacterium, Veillonella et Streptococcus.
Malgré sa découverte récente, les premières investigations sur le microbiote urinaire ont révélé son importance dans le développement de différents troubles urinaires, mais aussi de certaines pathologies comme l’hypertrophie bénigne de la prostate ou le cancer de la vessie. D’autres études en cours pourraient confirmer son importance.
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Estelle B., Docteur en Pharmacie
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