Culture de la vigne et pesticides arsenicaux : quel est le niveau d’exposition des viticulteurs français ?

Par |Publié le : 1 février 2019|Dernière mise à jour : 14 août 2024|4 min de lecture|

La vigne qui couvre 861 000 hectares, soit 2,5 % de la surface agricole, reçoit 20 % du tonnage total de pesticides épandu dans l’hexagone. En 2001, l’arsénite de sodium, un pesticide à base d’arsenic luttant contre la maladie du bois de la vigne, a été interdit, car son caractère « cancérogène avéré » avait été montré. Mais, combien de personnes en France ont été exposées à ce pesticide à base d’arsenic ? Une étude rétrospective de Santé Publique France permet d’estimer qu’entre 1979 et 2000, chaque année, 60 000 à 100 000 personnes ont travaillé sur des exploitations agricoles manipulant ces pesticides arsenicaux.

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Vigne et traitement phytosanitaire : bref aperçu

La France est le quatrième consommateur au monde de pesticides avec une utilisation moyenne de 67 000 tonnes par an.

La viticulture non biologique utilise aussi massivement ces molécules de synthèse : sous forme de fongicide pour faire face aux mildious; sous forme d’insecticides pour lutter contre les maladies ou les dégâts des insectes (cicadelle) et sous forme d’ herbicides pour détruire les végétaux venant faire concurrence à la vigne. En moyenne, on recense 8 à 18 traitements par an.

Les symptômes immédiats d’un contact avec un produit phytosanitaire sont connus, mais les risques à long terme sont plus difficiles à évaluer et il faut parfois un délai de 20 ans à 40 ans pour voir une maladie (cancers, maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson) ou un trouble chronique (trouble de la reproduction) se révéler.

À savoir ! Les hommes exposés aux pesticides dans leur vie professionnelle ont 2,4 fois plus de risques de développer la maladie d’Alzheimer et 5,6 fois plus de risques de développer la maladie de Parkinson.

Depuis l’interdiction de l’arsénite de sodium, en 2001, plus aucune substance entrant dans cette catégorie 1 (cancérogène avéré) n’est utilisée dans le vignoble.

Pour la culture de la vigne, environ 35 molécules ont disparu depuis 1970, dont le DDT, cancérogène, proscrit depuis 1972 et l’arsénite de sodium. En 1973, ce sont les dérivés minéraux de l’arsenic comme l’arséniate de plomb ou de calcium qui ont été prohibés.

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Exposition des travailleurs aux dérives des pesticides arsenicaux

Jusqu’en 2001, l’arsénite de sodium a été pulvérisé sur les pieds de vigne pour traiter certaines maladies du bois.

À savoir ! La maladie du bois concerne trois maladies : l’eutypiose, l’esca et le BDA. Les blessures de taille constituent les voies de pénétration des agents pathogènes dans le ceps.

Selon le Centre international de recherche sur le cancer et par l’Union Européenne, les dérivés arsenicaux sont classés comme cancérogènes (poumons, vessie, peau) avec un délai entre l’exposition et la survenue de la maladie de 20 à 40 ans.

Pour connaître le nombre de travailleurs exposés aux dérivés arsenicaux en France, une évaluation rétrospective a été réalisée par Santé publique France dans le cadre du projet Matphyto.

Le croisement d’un ensemble de données (recensement agricole, déclaration d’utilisation de pesticides par les propriétaires et/ou exploitants) a permis d’estimer que sur les périodes étudiées (1979, 1988 et 2000), entre 60 000 et 100 000 personnes ont travaillé, chaque année, sur des exploitations utilisant des pesticides arsenicaux pour le traitement de la vigne.

L’intérêt de ces données est multiple :

– Mise en place d’une prévention sur la population identifiée pour éviter le développement ou l’aggravation de certains cancers induits par les dérivés arsenicaux, en agissant à un stade le plus précoce possible.

– Rechercher une éventuelle cause professionnelle à certaines maladies (tableau 10 du régime agricole) et envisager une reconnaissance en maladie professionnelle.

Actuellement, Santé Publique France développe une matrice viticulture couvrant l’ensemble des substances appliquées sur la vigne. Ces données seront croisées avec le recensement agricole pour fournir des effectifs d’exposés.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Exposition aux pesticides arsenicaux des travailleurs agricoles de la vigne. Santé publique France. Consulté le 30 janvier 2019.

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Julie P.
Journaliste scientifique
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